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Moscou 1945. La guerre a laissé le pays exsangue et les quignons de pain se cachent dans les coffres-forts. Chaparov, jeune héros de vingt-deux ans habitué aux combats, rejoint la brigade criminelle de Moscou lancée dans une autre guerre contre le crime organisé. Il travaille sous les ordres de Jeglov qui le fascine et parfois le subjugue. Ce chef-né, slave jusqu'au bout des ongles, porte pourtant en lui une part obscure qui glace ses proches. Qu'importe ! La bande du Chat noir assassine et pille les entrepôts. La brigade, dans un pays en ruine galvanisé par l'utopie, doit se serrer les coudes. D'autant qu'une femme, une de plus, est retrouvée assassinée... Publié en 1983 en URSS, 38, rue Petrovka s'est vendu à près de dix millions d'exemplaires avant de faire, en feuilleton, les délices des téléspectateurs d'Union soviétique. Ce roman populaire et noir prolonge la tradition du roman russe où foisonnent les intrigues secondaires et les personnages inoubliables.
Un roman policier soviétique ! Intéressant de lire en creux ce qu’il était possible d’écrire dans l’URSS de Brejnev (pour les plus jeunes c’est l’homme qui, régnant 18 ans, fit, entre autres, interner et déchoir de sa nationalité Soljenitsyne, fit arrêter les dirigeants polonais de Solidarnosc puis déclencha la guerre d’Afghanistan).
Le héros du roman s’est illustré pendant la « Grande Guerre Patriotique » comme on appelait là-bas la seconde guerre mondiale. Couvert de médaille, il est courageux, intelligent et droit. Démobilisé, il intègre la police de Moscou et va rapidement y faire ses preuves. Il réussit même à faire respecter la présomption d’innocence et les droits de la défense avant de faire éclater la vérité. Rien n’est caché des terribles privations alimentaires de ces années 50 mais elles sont magnifiées par l’assurance de voir demain un monde meilleur bâti par les sacrifices et le courage de ces policiers défendant la veuve et l’orphelin. Les discours du komsomol sont clairs et porteurs d’espoir, tout semble possible car après avoir vaincu Hitler comment ne pas imaginer qu’on puisse éradiquer la criminalité ?
C’est parfois très émouvant (les souvenirs de guerre du héros sont pathétiques et témoignent bien des souffrances endurées) même si le lecteur de 2018, ayant eu tout le temps de prendre connaissance des innombrables exactions de certains de ces gentils policiers qu’on appelait aussi « tchékistes », a un peu de mal à ne pas penser à autre chose.
L’intrigue est de qualité, les deux personnages principaux très sympathiques, l’héroïne charmante et, même si l’avenir qui s’annonçait radieux se trouve repoussé aux calendes grecques, un héros restant un héros, soyons en sûr : Volodia Chaparov continuera à avancer bravement. On comprend que cet ouvrage ait été un grand succès en URSS.
A lire par curiosité.
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