Des romans policiers à offrir ? Faites le plein de bonnes idées !
BD formidable découverte au collège. Une fois commencé, je n'ai pas décroché. Je me la suis fait offrir pour mon anniversaire.
L'avis de Louisa (14 ans) :
Une bande dessinée captivante mettant en avant le courage exceptionnel d'une institutrice, nous offre une véritable leçon de vie.
Le lecteur est plongé en pleine Seconde Guerre mondiale, lorsqu'une équipe de la milice fait irruption dans sa salle de classe pour enlever un élève juif.
L'institutrice fait le choix de tout entreprendre pour sauver le jeune garçon.
Le récit rend un hommage émouvant à ceux qui défendent les plus vulnérables.
J'ai beaucoup aimé car cela nous apprend le courage des résistants et leur action à leur échelle pendant la guerre.
J'ai très envie de lire le deuxième tome, car le premier se clôt dans un suspense que j'ai hâte de découvrir.
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Avec le Tome 2 ( enfin ! ) les aventures de Marie-Noëlle, institutrice bretonne et de sa classe se poursuivent. Il faut échapper aux miliciens qui recherchent Jacques Rosenthal, un enfant juif.
Les difficultés se multiplient, les dangers aussi. Vont-ils échapper à leurs poursuivants ? Guénolé, antisémite ( l’influence parentale est marquée) va-t-il réussir à dénoncer son camarade Jacques, les gamins vont-ils enfin comprendre qu’ils ont besoin d’être soudés pour gagner cette épreuve ? Comme Surcouf, vont-ils réaliser des prouesses ?
Sous prétexte d’un « road-movie », des questions essentielles se posent :
- Délation ou protection d’un enfant juif.
- Renoncement de l’égoïsme, du confort personnel au profit du groupe.
- Importance de l’empathie face aux difficultés de certains(es) moins armés(ées) face au danger.
Ce dernier point est particulièrement bien illustré par Marie-Noëlle. Auparavant, elle était polarisée sur son objectif : sauver Jacques et les autres enfants de la classe étaient tenus de suivre, vaille que vaille. Le personnage de l’institutrice, plutôt psychorigide s’éclaire, s’ouvre au fil des pages.
Celle qui SAIT, qui enseigne le Savoir, accepte ses faiblesses, ses besoins.
Mention spéciale pour le graphisme de Carole Maurel. Les visages très expressifs donnent le ton à la vivacité du récit, à son suspens également.
A lui tout seul, le dessin suggère la dramaturgie de la scène, avec les gros plans (Voir les planches au-dessus du précipice des pages 40 à 43), les mouvements des corps, l’incompréhension ou l’horreur dans les yeux.
Le fond des planches accompagne admirablement l’histoire : plutôt vert forêt ou blanc quand ils fuient, violet foncé pour le danger ou l’émotion.
J’adore le coup de crayon de Carole Maurel et c’était déjà le cas quand j’ai lu et aimé Nellie Bly.
Un binôme qui se complète magnifiquement pour proposer une BD tout en nuances à mettre entre toutes les mains, car chacun y trouvera son niveau de compréhension.
https://commelaplume.blogspot.com/
Tome 1 – Chronique : https://commelaplume.blogspot.com/2022/06/normal-0-21-false-false-false.html
Le premier tome de « L’Institutrice », « Ne fais pas à autrui… » est sorti en mars 2022 ; six mois plus tard, Carole Maurel et Yves Lavandier nous proposent la conclusion de ce diptyque avec la parution des « Enfants de Surcouf » aux éditions Albin Michel.
Je dois avouer qu’en lisant le « pitch » du tome 1, je suis restée sceptique. Quoi encore une œuvre sur l’Occupation ? avec un enfant caché ? Mais c’est un thème archi rebattu ! Cette période constituant même un sous-genre à elle seule dans la BD française. De plus, j’avais énormément apprécié l’album « Collaboration horizontale » que la dessinatrice avait réalisé avec Navie au scénario et je me demandais ce que ce diptyque pourrait nous proposer de neuf tant au niveau du scénario que du dessin …
Bon, c’était sans compter sur le fait que le scénariste Yves Lavandier dont c’est la première incursion en bande dessinée était un auteur chevronné : tant sur le plan de la pratique (il a fait ses gammes dans les séries télés et les longs métrages et même réalisé un film avec Gérard Jugnot : « Oui mais ! ») que sur celui de la théorie puisqu’il est l’auteur d’un ouvrage que l’on considère depuis deux décennies comme la Bible des scénaristes : « La Dramaturgie » et d’un autre intitulé « Construire un récit ». Alors évidemment, il a su m’amener là où je ne l’attendais pas !
HOMMAGE AU PLUS BEAU METIER DU MONDE
Déjà, le personnage principal est une héroïne. Vous me direz que le « girl power » c’est un peu dans l’air du temps et qu’en beau portrait de résistante on a « Madeleine résistante » du trio Bertail/Morvan/Riffaud . Certes… Mais la motivation première d’Yves Lavandier n’était pas de glorifier un héroïsme historique conjoncturel mais l’héroïsme quotidien des enseignants, métier qu’il avait redécouvert dans les années 1990 quand ses enfants sont allés à l’école maternelle ! Et il est vrai qu’avec le personnage de Marie-Noëlle Moënner, il crée un beau portrait de femme tout en nuances : touchante lors de la scène d’ouverture du tome 1 quand elle se laisse aller à des rêves de midinette en dansant avec un portemanteau sur fond d’Edith Piaf, irritante avec ses côtés prêchi-prêcha, bouleversante dans ses doutes et ses désarrois …très loin finalement des canons de la « super héroïne « et de la femme forte, surtout dans ce deuxième tome.
LES ENFANTS D’ABORD !
Ensuite comme l’indique les sous-titres des deux tomes, on observe un déplacement de l’intérêt du tome 1 au tome 2 : car dans « Les enfants de Surcouf » non seulement l’héroïne a vraiment de l’épaisseur mais également les enfants qui deviennent pratiquement le sujet du tome final alors qu’on aurait pu s’attendre à ce que seul l’enfant juif, l’enfant caché, soit développé. l. Ils sont tous bien individualisés et caractérisés et la direction d’acteurs de Carole Maurel est assez incroyable dans la justesse des mimiques et des émotions ; leurs visages sont très expressifs et le jeu de regards superbement rendu.
UNE ŒUVRE POPULAIRE
Ces beaux portraits permettent l’identification et l’empathie tant pour les adultes que pour les enfants et créent une véritable œuvre « populaire » au sens noble du terme, c’est-à-dire pour tous. Elle me semble même supérieure à la série à succès « Les Enfants de la Résistance » car plus délicate à la fois dans le graphisme et la narration. Yves Lavandier et Carole Maurel se refusent au manichéisme (et au prêchi-prêcha !), amenant même certains miliciens à la Rédemption et font finalement passer bien des valeurs universelles et atemporelles d’entraide et de solidarité à travers une aventure très rythmée.
En effet, le récit est prenant, le découpage varié et souvent très cinématographique. On a même un fondu au noir ! le gaufrier est très souvent éclaté pour crée une variation de rythme et on a même parfois l’impression d’entendre grâce aux onomatopées le bruit des bottes et l’aboiement des chiens. A la fin du 1er tome on restait sur un cliffhanger digne des meilleures séries américaines et dans ce deuxième tome, à cause d’une construction presque théâtrale (unité de lieu, de temps et d’action), on ressent l’angoisse des héros devant l’étau qui se resserre tandis que certaines scènes montées en parallèles (poursuivants/poursuivis) créent beaucoup de suspense.
UNE REALITE HISTORIQUE TABOUE
Mais «L’Institutrice » quel que soit le dessein de départ, est ancré dans un contexte géographique et historique : la Bretagne (Ploménéac) après le débarquement allié. Et là encore Yves Lavandier fait mouche en évoquant une réalité historique taboue : celle des milices nationalistes bretonnes, dont le bezen Perrot, qui par haine des Français et antisémitisme s’engagèrent volontairement au côté des Nazis et dont certains membres- comme on le voit dans l’album- revêtirent fièrement l’uniforme des Waffen SS.
Le tract présenté page 31 sur lequel apparaît une bigoudène balayant deux juifs caricaturés est ainsi authentique. Alors, ce qui aurait pu sembler une coquetterie - les bulles noires qui signalent des dialogues prononcés en breton - trouve sa pleine légitimité car cela souligne que cette histoire de chasse aux Juifs et aux Résistants est finalement « consanguine » : les méchants sont Bretons comme les victimes. Comme le déclare malicieusement le scénariste c’est « la seule fiction au monde sur l’Occupation dans laquelle il n’y a pas un seul Allemand » ; on ne pourrait donc trouver plus novateur !
DU MANGA AU RENDU D’AQUARELLES
Quant au dessin, il est aussi renouvelé. Comme dans « Collaboration Horizontale », ou « Nellie Bly », Carole Maurel joue parfois du symbole mais on a cette fois un petit côté manga qui n’apparaissait pas auparavant. En plus des personnages cadrés de très près et de la focalisation sur leurs yeux, on trouve en effet dans « Les Enfants de Surcouf » certaines pages cernées de noir (comme les comics) ; certaines vignettes deviennent triangulaires ou octogonales comme dans la bande dessinée japonaise et les onomatopées font partie intégrante de la composition de l’image. Mais surtout la dessinatrice, à l’aide de sa palette graphique et de ses brushes qui ont parfois un rendu d’aquarelle, délivre des pages plus organiques que dans ses œuvres précédentes. La majeure partie de l’action de ce tome se passe dans la forêt, souvent de nuit et on a donc une grande variété de couleurs et de textures pour recréer décors et ambiances. Les pleines pages sont plus nombreuses aussi ce qui permet de créer une respiration dans la narration et de donner à la bédéaste la possibilité de faire éclater son talent.
On l’aura compris, ce diptyque m’a séduite. Je vous en recommande la lecture. C’est un récit d’aventures mais surtout une aventure humaine. Certains moments sont drôles, d’autres terrifiants ou émouvants. Les personnages sont magistralement caractérisés et on n’observe aucune glorification ou condamnation abusives. Le dessin est varié tout comme les cadrages. On passe du manga à l’aquarelle impressionniste. C’est un livre à lire dès 12 ans mais bien plus profond qu’il n’y paraît !
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