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Orson Welles, l'Artiste et son ombre par Youssef Daoudi, Éditions Delcourt
Orson Welles excelle au théâtre et à la radio. Son premier film hollywoodien Citizen Kane est un véritable succès et reste un chef d'œuvre encore aujourd'hui. Mais il va vite tomber de son piédestal...
En 280 pages, Youssef Daoudi nous plonge dans la vie du géant Orson Welles. En de courts chapitres , le scénario et la mise en page ressemblent à un script d'un film.
Très documenté, cet album m'a beaucoup appris sur les deboires d'Orson Welles, ses difficultés à réaliser d'autres films après son chef d'œuvre " Citizen Kane ".
La lecture de cette bande dessinée m'a énormément intéressée. Car ma connaissance de ce géant du cinéma américain se limitait à son film Citizen Kane et son émission de radio "La guerre des mondes ".
Orson Welles ne devait pas être un homme facile. Youssef Daoudi a réussi à nous le montrer plus que sympathique malgré son caractère bien marqué. J'ai adoré cet homme à travers les dessins et le récit.
Merci à #NetGalleyFrance et aux éditions du groupe Delcourt pour l’acceptation de ma demande de lecture.
"Depuis que j'étais môme, on me disait que j'allais faire de grandes choses, que j'allais exceller dans n'importe quelle discipline. J'ai choisi d'être metteur en scène, pour le meilleur et pour le pire. Ils ont tout essayé pour me planter.
On m'a dit aussi que l'enfant gâté que j'étais allait le payer un jour. Adieu Hollywood."
Après le formidable "Le dernier debout" (avec Adrian Matjeka, Futuropolis), Youssef Daoudi revient sur la vie d'Orson Welles. Dans une narration très cinématographique, il oppose Orson à Welles, l'homme et son égo, le créateur et ses démons. De son enfance à son rejet, de la chasse aux sorcières à Citizen Kane, du théâtre à la radio, des dettes au racolage (pubs, commandes, acteur dans des mauvais films) pour les combler et pouvoir faire des films comme il l'entendait...
J'avais été emballé par le travail graphique de Youssef Daoudi dans Le dernier debout. On retrouve son style aérien, son noir et blanc accompagné d'une couleur marquante (ici le jaune). Et cette ombre qui plane tout au long de l'album, une ombre autour de laquelle plane la fumée des cigares que le cinéaste fumait à longueur de journée.
Ce très bel album permet de mieux découvrir le metteur en scène célèbre mais aussi et surtout l'homme complexe et torturé qu'il était. Génie incompris, qui honnissait Hollywood (qui lui rendait bien), Orson Welles est un personnage à découvrir !
Ne vous attendez surtout pas en ouvrant Le dernier debout à assister à un combat de boxe qui se lirait sur 328 pages. Aussi fameux soit-il, ce combat du siècle opposant Johnson à Jeffries, qui s’est tenu à Reno le 4 juillet 1910, sert de trame pour nous raconter l’histoire d’un homme, noir, fils d’esclave et champion du monde. Ou plutôt premier Noir champion du monde de boxe poids-lourd. Parce que jusqu’à présent, le racisme et la color line empêchaient l’affrontement entre un Noir et un Blanc. Mais évitait surtout qu’un homme noir puisse prendre le dessus sur un homme blanc dans le domaine sportif.
C’est donc à travers 15 rounds, décrivant ce combat mythique, que Youssef Daoudi (dessin et couleur) et Adrian Matejka (poète et scénariste) nous présentent la vie du colosse Jack Arthur Johnson. Quinze chapitres pour mieux comprendre l’état de la société américaine en ce début de 20e siècle. Un pays où la Guerre de Sécession et Abraham Lincoln ont permis de briser les chaînes de ceux qui, en raison de leur couleur de peau, avaient perdu leur liberté. Mais cette abolition ne signifie pas pour autant un retour à une réelle liberté, surtout quand celle-ci s’accompagne de ségrégation raciale.
Une vie. Ce titre emprunté à Guy de Maupassant aurait pu prendre place sur la couverture de cet album. Une vie qu’il faut se construire à la force des poings pour enfin espérer être reconnu. La reconnaissance, une chimère poursuivie par Jack Johnson qui ne rêve que d’être enfin à sa place dans son propre pays.
Tout n’est pas parfait et idyllique dans le parcours de cet homme. Celui-ci avait aussi le poing lourd face à Etta, la femme blanche qu’il avait épousée. Les auteurs ont essayé d’être justes en parlant du boxeur, mais surtout de l’homme qu’il était, une fois descendu du ring. Et c’est en noir, couleur de la peau de Jack Johnson, en blanc couleur de la peau de Jim Jeffries son adversaire et en rouge couleur du sang versé lors de ce combat de boxe, mais surtout lors de combats pour la liberté, que Youssef Daoudi a mis en image la poésie ô combien puissante d’Adrian Matejka.
Un magnifique album et un très beau plaidoyer pour le droit à l'égalité.
Le 4 juillet 1910 à Reno, devant 20000 spectateurs, Jack Johnson confirme son titre de champion du monde des poids lourds de boxe. Celui qui fût le premier champion du monde noir dans cette catégorie, qui était interdite aux boxeurs de couleur, bat ce soir-là James J. Jeffries, sorti de sa retraite pour sauver l'honneur de l'homme blanc.
C'est la vie de ce fils d'esclaves qui fut surnommé le géant de Galveston que raconte dans cet album le poète Adrian Matjeka. Jack Johnson défia l'Amérique blanche pour dépasser son destin. Il devint riche grâce à la boxe. Devenu un véritable dandy, adorant les voitures de sport, il épousa même deux femmes blanches ce qui le mena en prison. Une vie passionnante qui méritait bien un peu de lumière....
Si la langue est belle, le dessin de Youssef Daoudi place la barre encore plus haut. J'ai été emballé par ses choix graphiques : le rouge et le noir et blanc, les pages de BD alternent avec les pleines pages, dans un style vintage très newspaper, les scènes de boxe sont superbes, le tout donne un album créatif et riche.
Ce très beau livre ne se contente pas d'être une sublime bio-graphique. Au travers de l'histoire de Jack Johnson, on découvre aussi l'Amérique de l'avant guerre, la conquête des droits, la Color Line, la loi Mann et le racisme quotidien et institutionnel. "Le dernier debout" est mon premier coup de cœur du mois d'avril !
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