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Le roman s’ouvre avec la démolition de tours dans la ville d’enfance de Jérôme, les Verrières, située dans le Jura, comme tous les romans de Thomas Flahaut. Il se remémore son enfance et son adolescence aux côtés de Camille, sa demi-sœur, et d’Yvain, leur meilleur ami.
Un seul point de vue est donné, celui de Jérôme, enfermé dans ses silences et sa solitude, plutôt dans l’introspection. Il va peu à peu ouvrir les yeux sur ce qu’ont vécu ses deux plus proches amis, Camille et Yvain. Mais pour cela il faudra des années et des événements dramatiques.
Après la disparition soudaine de Camille et la mort de son père, Jérôme se retire dans les Alpes. Il vit comme un ermite, ne donne plus de nouvelles à personne. Puis, quelques années plus tard, il retrouve Yvain à la Cingle, une zone préservée qu’il occupe avec d’autres militants pour empêcher sa démolition et l’installation de panneaux photovoltaïques. Jérôme les aide à construire des cabanes dans les arbres pour résister davantage, le moment venu, à la charge des policiers.
Une histoire d’amitié, de non-dit, d’amour et de rébellion contre la société. Il est question d’activisme écologique (zadistes) et des effets du réchauffement climatique dans les Alpes. Un texte engagé et militant, plutôt sombre, qui invite à la réflexion.
J’ai aimé retrouver l’écriture de Thomas Flahaut, mais j’avoue avoir une préférence pour son second roman, « Les nuits d’été ». En tout cas ce livre mérite toute notre attention en ces temps troublés.
Thomas Flahaut né en 1991 à Montbéliard travaille et vit à Lausanne. Il publie en 2017 son premier roman, Ostwald. En 2018, il bénéficie d’une bourse d’écriture de la Fondation Leenards.
Les nuits d’été est un roman d’apprentissage. L’auteur donne à entendre le temps d’un été les voix de trois enfants d’ouvriers, des amis d’enfance qui ont grandi dans le quartier HLM des Verrières. Medhi a arrêté l’école après le collège, quand il ne fait pas la saison, il aide son père sur les marchés, Louise entame une thèse de sociologie sur les transformations du pays de Montbéliard, son frère jumeau Thomas vient d’échouer à l’Université. Ils ont 25 ans. Medhi et Thomas, comme leurs pères avant eux, travaillent l’été, de nuit, chez Lacombe, de l’autre côté de la frontière, dans le Jura suisse. Les parents rêvaient pour leurs fils d’un avenir meilleur. Les fils rêvaient de fuir cet univers. Le roman soulève la question de l’héritage social, de la reproduction, de la servilité. Il dépeint dans un récit réaliste, très bien écrit, souvent avec poésie, la difficulté des jeunes à trouver une place dans la société, dans une errance parsemée de désillusions, d’alcool et de shit, difficulté qu’accroît la communication cahotique avec leurs parents.
Medhi et Thomas sont « opérateurs », leurs pères étaient ouvriers. Thomas Flahaut s’interroge à travers ses personnages sur l’évolution du monde ouvrier ;les mots sont importants, être « ouvrier » c’était exercer, dans un corps façonné par la tâche, un métier noble qui pouvait conduire à devenir propriétaire, l’ouvrier était lié à son entreprise par un sentiment d’appartenance dont il était fier, actuellement des mots savants , des euphémismes pour des emplois sans qualification, désignent les postes tels que « opérateurs » « logistique » occupés par des intérimaires nombreux la nuit chez Lacombe, contraints de se plier à la pénibilité pour gagner de l’argent. Ce sont eux les premiers touchés par la fermeture de l’atelier C chez Lacombe.
L’auteur questionne également l’identité des transfrontaliers, ceux de la nuit, des « invisibles » pour les Suisses.
Les nuits d’été raconte une histoire délicate et poignante, qui dit la naissance d’un amour pur dans un univers de désillusions. Un beau livre à dévorer.
L'usine qui façonne le paysage, les emplois pérennes des pères qui ne sont plus que des emplois intérimaires pour la génération de leurs fils... les aînés qui veulent croire en l'opportunité offerte à leurs enfants par les études, les fossés qui se creusent entre les générations et entre ceux qui partent à l'université et ceux qui restent...
Sa place difficile à trouver dans la dureté de l'existence.
Le temps d'un été, celui du démantèlement de l'usine suisse qui emploie beaucoup de transfrontaliers, 3 jeunes gens (Thomas et Louise, les jumeaux, Medhi l'ami et petit ami) vont être au cœur de cette tourmente,de ces tourments. Ces nuits d'été dures à la tâches, propices à l'amour et aux excès, intraitables...
Un second roman réaliste et intéressant....
Difficile de chroniquer ce livre car à la fois riche et déroutant... Le thème des délocalisations plus ou moins sauvages des usines en France que les nouveau propriétaires étrangers, après avoir encaisser un maximum d'aide, démontent, plus ou moins discrètement, ou délocalisent c'est surtout le sort de ces intérimaires ou ouvriers attachés à leurs outils de production qui sont proprement débarqués sans solution ... mais aussi leurs histoires personnelles. C'est autour de Miranda, le prénom donné à l'outil de production de ce petit groupe, que tout se joue et se délite.
Ici c'est la région du Doubs, frontalière de la Suisse qui sert de cadre à ce récit âpre, précis taillé au scalpel. Le narrateur Thomas va nous faire vivre avec hargne, précision l'histoire de vie d'amies et d'amis enfance (Mehdi, Louise, Thomas) profondément attachés à leur région qui y vivent dans l'urgence et sans projection sur leur avenir. Pour les uns, échecs scolaires et universitaires dont les parents espéraient tant qu'ils sortiraient de ce milieu ouvrier pour un meilleur avenir, pour d'autres la survie et la volonté d'un père que son fils lui succède dans son affaire précaire de rôtisserie sur les marchés. Mais de fait c'est une fresque sociale sur quelques mois, les caractères de chacune et chacun sont parfaitement rendus, l'amour des ouvriers pour leur outil de travail, les cadences imposées, le manque de perspective professionnelle, les petits boulots et les moments trop rares de complicité, de tendresse et d'amour, de drame aussi alors que la rédemption se présente d'une génération sacrifiée souvent.Sensibilité, connaissance du contexte, discours social bien rodé, révolte plus ou moins contenue, comme souvent Thomas Flahaut fait partager sa rage et ses combats à ses lecteurs avec talent. Il n'y trouve tout de fois pas son propre apaisement.
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