Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Survivre dans un monde chaotique
Jeanne cherche sa voie, comme Rima, Jin, Isaias ou Nina. En suivant leurs parcours, Sarah Barukh tente, loin du manichéisme, de remettre un peu de cohérence dans le chaos actuel. Un roman éclairant.
Sur un balcon parisien, Nina a planté le petit drapeau tricolore qu'elle a porté durant la manifestation en hommage aux victimes de l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo. La fillette accompagnait Jeanne, sa mère, soucieuse de montrer sa solidarité et désireuse de partager les valeurs de liberté et de paix avec sa fille et le peuple français.
Sur ce petit drapeau, un œil attentif pourrait voir une tache de sang laissé par Rima qui, au Pakistan, fabriquait à la chaîne ces objets. Expédiés dans des caisses vers la France, elles ont voyagé avec Jin, un jeune homme bien décidé a gagner assez d'argent pour offrir une retraite paisible à ses parents. Un autre jeune homme, Isaias, va se retrouver sur les grands boulevards pour vendre ces drapeaux et gagner de quoi subvenir à ses besoins avant de tenter de gagner l'Angleterre. À cette galerie de personnages dont on va suivre les parcours respectifs, il convient d'ajouter Mo, un jeune algérien parti se réfugier en Thaïlande.
Sarah Barukh s'est appuyée sur des faits divers et une solide documentation pour dresser un vaste panorama des soubresauts géopolitiques qui secouent la planète.
Jeanne, psychiatre dans un hôpital du Val-de-Marne, a grandi en France. Juive, elle a vu monter l'antisémitisme et part s'installer en Israël. Mais là-bas aussi, la sécurité est toute relative. « Depuis la décolonisation anglaise de la région, des guerres, il y en avait eu six en cinquante ans, toutes déclarées par les pays voisins, attaques auxquelles il fallait ajouter près de quatre cents attentats meurtriers contre des civils. »
Aussi, à la mort de sa mère, elle décide de rentrer en France où elle va renouer avec ses angoisses dans un pays qui connaît un regain d'antisémitisme.
Parmi ses patients, elle s'est prise d'affection pour Mo l'Algérien, tout autant perdu qu'elle, car il est désormais fiché comme frère de Farès, « celui qui a recruté les frères Kouachi pour le djihad. Le responsable d'un massacre terroriste au cœur de Paris. Son nom à jamais associé à l'islam radical. » Il part en Thaïlande.
Rima aussi était liée contre son gré à cette mouvance. Elle devait suivre son mari, l'une des têtes pensantes du Jamaat-ul-Ahrar, « où qu'il aille, quoi qu'il décide, ne jamais devenir un obstacle à sa cavale. »
Isaias fuit pour sa part le régime érythréen. On va le suivre tout au long d'un parcours où l'horreur se mêle à la violence, de l'Éthiopie à la Lybie, en passant par l'Italie, la France et l'Angleterre.
Le grand tour de force de Sarah Barukh est d'éviter tout manichéisme, alors même qu'elle est elle-même victime de ce climat malsain, surtout après le 7 octobre 2023, comme l'explique la préface. Elle se sert des mots et des faits qui parlent d'eux-mêmes. On ne peut qu'être touché par ces vies brisées, ces espoirs déçus.
Et être admiratif du parcours de Sarah Barukh depuis « Elle voulait juste marcher tout droit » qui déjà nous avait touché au cœur.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici ! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre et en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
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Un récit engagé et si peu romancé sur l’antisémitisme, l’obscurantisme islamiste qui commence par les attentats de Charlie hebdo qui déjà ébranlent nos souvenirs.
Le fil conducteur, c'est Jeanne, psychiatre, de religion juive et dont les attentats réveillent en elle un passé douloureux (elle a vécu en Israël) et des amitiés anciennes. Comme Mo, son presque demi-frère algérien, obligé de se cacher en Thaïlande, car il a fréquenté les frères radicalisés. Jeanne qui a une fille Nina, à qui il faut transmettre malgré tout la fraternité, la laicité. Et Jeanne aime Tarik, le médecin avec qui elle travaille mais il est de confession musulmane. Oui même aujourd'hui, ils sont obligés de se cacher pour s'aimer.
Un destin terrible de vie attend ses femmes et ses hommes, que l'auteure nous fait découvrir à travers plusieurs portraits, à travers plusieurs pays dans ce roman choral fort.
La femme, toujours victime, est présentée comme un objet de déshonneur. Ce que Rima et ses soeurs subissent au Pakistan n'est tellement pas humains, mariage arrangé, viol... une barbarie presque insoutenable à lire.
Il y a Isaias qui a fui l'Erythrée et se retrouve réfugié en France, perdant sa dignité et témoin de son temps quand il est interviewé par une journaliste Médecins sans frontières, Clémence.
Jin, un marin chinois qui transporte des cargaisons sans se soucier de ce qu'elles contiennent. Il veut de l'argent pour enterrer dignement sa petite soeur victime de la politique de l'enfant unique.
Je suis Charlie, c’est elle, c’est lui, c’est moi, c’est nous, c’est Jeanne, Nawal, Mo,... j'ai dû relire plusieurs passages tellement l'intensité et la densité de l'écriture est forte. Des destins tragiques, des vies uniques qui subissent la violence au nom des guerres de religion mais où l'espoir toujours et l'humanité transparaît.
C'est difficile d'en parler sans dénaturer les propos de Sarah Barukh et je vous invite donc à lire ce récit riche et poignant, même si parfois le lien manque parfois de clarté entre la vie de Jeanne et les autres histoires, et le côté victimisation perpétuelle des juifs, mais sans doute la peur que l'histoire se répète est légitime.
Merci à la masse critique privilégiée Babelio et aux éditions Harper collins
J'ai été déçue par ce roman car je pensais que le thème principal était les attentats de Charlie Hebdo et les autres attentats parisiens mais ce n'est que le point de départ de l'histoire. Si la galerie de personnages secondaires m'a intéressée, notamment le portrait de Rima qui est très touchant, l'idéologie de l'auteur est trop marquée, c'est lourd à force, ça finit par lasser.
J’avais lu un roman de Sarah Barukh il y a quelques années, j’avais beaucoup aimé son écriture. Je dois dire que dans ce livre j’ai trouvé son écriture encore plus belle, tellement fluide, malgré les sujets difficiles qu’elle aborde.
Dans ce roman choral, différentes personnes racontent leur vie ou un événement traumatique de leur vie. Un drapeau relie toutes ces femmes et tous ces hommes, une belle symbolique. Le point de départ est l’attentat contre Charlie Hebdo qui fait remonter des peurs en Jeanne, une jeune femme juive, française. Elle va alors partir s’installer en Israël. Là-bas elle découvre une autre réalité, la haine entre deux peuples, des familles bouleversées par le terrorisme. A son retour à Paris, elle tombe amoureuse d’un musulman. L’un et l’autre n’en peuvent plus des préjugés et du racisme.
Il y a aussi Mo, un ami d’enfance de Jeanne. « On ne choisit pas sa famille » pourrait être la phrase qui correspond le mieux à son histoire. Son frère s’est radicalisé et impose de nouvelles règles au sein de leur famille.
Rimas, jeune Pakistanaise, sous le joug des hommes, mariée de force. Isaias, migrant, il a quitté l’Erythrée pour une vie meilleure mais qui tarde à advenir. Jin a fui son destin de paysan en Chine pour devenir marin et transporter des cargaisons dont il ne préfère rien savoir.
Tous ces enchainements de situations violentes, de racisme donnent un sentiment de malaise. On ne peut qu’être ému en lisant chaque histoire inspirée de faits réels. L’autrice donne les références à la fin et rend encore plus humain ces récits. Un roman à mettre en toutes les mains.
Ce roman sera suivi d’un autre livre prévu en 2026, plus intime, pour poursuivre ce message d’amour, de tolérance et d’humanité. Les mots sont les armes de Sarah Barukh pour dénoncer les systèmes d’oppression, de haine et de discrimination.
Je remercie Babelio et HarperCollins pour cette masse critique privilégiée
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Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
Lara entame un stage en psychiatrie d’addictologie, en vue d’ouvrir ensuite une structure d’accueil pour jeunes en situation d’addiction au numérique...