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Intermezzo est un roman qui ne se laisse pas apprivoiser au premier regard. Il faut s’habituer au style vif et lancé de l’auteure, ne pas hésiter à, parfois, revenir en arrière pour mieux comprendre un dialogue ou une furtive pensée. En résumé, nous avons affaire à deux frères qui viennent de perdre leur père. Deux frères que tout oppose et qui vont peu à peu se retrouver, au gré de leurs amours, au fil d’un quotidien qui de banal pourrait bientôt ne plus l’être. N’oublions pas que Intermezzo aux échecs est « un coup inattendu qui crée une menace qui ne peut être ignorée » … et voilà tout est dit. Ce roman nous décrit dans le détail sentiments contradictoires, amours et choix impossibles, pensées qui s’entrechoquent et bien entendu, solitude universelle de l’humain qui se cherche et ne parvient pas à comprendre ce pour quoi il est fait. C’est la confusion des sentiments et le charme des effusions. Une plume délicate pour un récit qui touche et mène le lecteur vers ses propres errances.
C’est fou comme on se trompe. Comme on croit connaître les autres, comme on croit les comprendre. Comme on les aime, comme on les déteste. On les juge, on leur en veut alors que peut-être ils souffrent.
Ivan et Peter viennent de perdre leur père. L’un a vingt-deux ans, les ongles rongés, des bagues aux dents, une passion pour les échecs qu’il pratique à haut niveau. L’autre a dix ans de plus, est avocat, avance avec assurance dans la vie, sûr de lui. “Tous deux ont en commun l’impatience, l’ambition, le fait d’être durs avec les autres et durs avec eux-mêmes.” Sauf que face au deuil, les deux frères réagissent différemment. Ils se consolent comme ils peuvent, grâce à l’amitié, avec des médicaments, auprès d’une femme plus âgée, ou plus jeune. Chacun explore à sa façon “les abysses de la vanité du flirt” et éprouve cette chose si étrange, un peu désuète mais toujours aussi “splendide, émouvante, digne du plus profond respect et de la plus grande déférence” : l’expérience du désir partagé, de l’attirance réciproque, fondée sur des interactions parfois timides ou au contraire parfaitement scandaleuses. Dans cette cacophonie de sentiments, l’égoïsme de Peter et l’exigence d’Ivan ne font pas bon ménage. Alors tout finit par se mélanger : les reproches, les doutes, les incompréhensions, les amours.
L’écriture de Sally Rooney, sans marque de dialogue, sans guillemet, sans tiret, met au même niveau les pensées, les paroles et les gestes. Ce roman montre la vie comme elle est : un flot confus et complexe d’expériences, de conversations et de sentiments que l’on partage et que l’on reçoit avec plus ou moins de fragilité. On en sort avec la sensation d’être entré précisément à l’intérieur d’une conscience, celle d’un joueur d’échecs talentueux, celle d’un trentenaire un peu prétentieux. D’avoir fait, comme eux, des rencontres déterminantes, cérébrales ou sensuelles. D’avoir intimement compris leurs désirs et leurs regrets, infiniment petits ou immenses.
À Dublin, Frances et Bobby, deux jeunes poétesses, croisent Mélissa et Nick alors qu'elles viennent de mettre un terme à leur relation amoureuse. Initialement éblouies par leur présence, elles vont néanmoins réveiller une confusion en jouant avec le feu, mettant ainsi en péril l'équilibre d'un couple et d'une amitié...
Ce roman ne laissera pas une empreinte durable dans mes souvenirs. Bien que le thème de l'adultère soit abordé, les sentiments qui en découlent sont, à mon sens, mal exploités.
L'écriture reste plate et insipide, avec des personnages qui semblent égarés. Les interactions manquent de profondeur et semblent se dérouler à contretemps. En somme, cela ne prend pas. Les rapprochements entre les personnages ne m'ont jamais émue, paraissant trop mécaniques et dépourvus de saveur. Les actions des personnages sont en totale contradiction avec leurs idées, ce qui a pour effet de susciter l'agacement.
Frances et Nick s'attirent sans jamais se comprendre, leur relation interdite les empêchant de se livrer l'un à l'autre. Ce sont plutôt les échanges entre les deux amies, lors desquels elles peuvent exprimer leurs ruptures et leurs sentiments respectifs, qui m'ont émue. Trop prévisible, le récit s'étire en longueur avec son lot de balbutiements, de précipitations et d'insupportables hésitations.
Vous l'aurez compris, ce roman ne m'a pas chamboulée : il est resté en surface, et au lieu de conversations, nous avons été plongés dans un dialogue de sourds.
Tour l’art de l’écrivain réside, selon moi dans le fait de nous captiver avec des petits rien, des tracas du quotidien. Mission accomplie ici pour Sally Rooney avec son roman Où es-tu monde admirable ? On retrouve 4 trentenaires, 2 femmes et 2 hommes qui bien sûr vont par paire ou plutôt par couple et leur vision pessimiste de ce monde, leurs atermoiements, leurs questionnements face à ce qui est, ou qui aurait pu être, le « c’était mieux avant », le m’aime-t-il ? Que veut-elle ? En résumé rien de nouveau sous le soleil mais j’avoue que j’ai aimé retrouver dans ce roman, cette génération Y, avec Eileen, Alice, Félix, Simon et leur vision de notre monde racontée avec humour, ironie et un brin d’érotisme. Classique mais terriblement efficace !
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