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Que j'aime lorsque les auteurs s'emparent d'une thématique historique qui dépasse le simple décor contextuel et y déployent une intrigue embrassant toute les problématiques possibles avec profondeur. Patrice Quélard a choisi de structurer son roman autour d'un sujet fort, celui des bagnes coloniaux guyanais. Sujet à l'imaginaire fort, de Dreyfus sur l'île du Diable à Papillon / Henri Charrière à Saint-Laurent-du-Maroni.
Les incorrigibles, ce sont les fortes têtes, ceux qui se sont évadés plusieurs fois, ceux qui refusent le travail forcé et tiennent tête aux gaffes ( les matons ). Ils sont envoyés au bagne de Charvein, surnommé le « camp de la mort » pour être cassés, matés, voire pour s'en débarrasser, sans aucune volonté de les amender. En 1919, débarque en Guyane l'ancien lieutenant de gendarmerie Léon Cognard ( déjà personnage principal du précédent roman de l'auteur, Place aux immortels ) à la recherche d'un bagnard qu'il veut aider, Talhouarn. C'est pourtant lui qui l'a arrêté, mais désormais, il est persuadé de l'injustice de son sort.
Patrice Quélard alterne les deux récits : le parcours de Cognard et celui de Talhouarn. Ce dernier était engagé volontaire dans l'infanterie coloniale, condamné en 1908 pour outrage à un sous-officier puis en 1909 pour incendie volontaire. Ces deux voix permettent à l'auteur de ressusciter tout cet univers carcéral d'un autre temps. La reconstitution est passionnante, d'une grande méticulosité, embrassant un vocabulaire riche. Ce souci du détail et de l'exactitude apporte énormément de densité et d'intensité au texte.
le lecteur découvre effaré un système bagnard réellement terrifiant. D'abord les conditions de (sur)vie des forçats dans les différents bagnes guyanais entre sous-alimentation, maladies en tout genre, sévices, humiliations permanentes et exploitation tellement dure qu'elle confine l'espérance de vie moyenne à moins de six ans. Sans parler d'une corruption généralisée d'un système complexe de classement des prisonniers. Tout indigne et révolte, notamment la loi sur la relégation des récidivistes ( 1885 ) qui réprime en exilant définitivement sur le sol colonial sans espoir de retour en métropole. Ainsi la ville pénitentiaire de Saint-Laurent-du-Maroni, parfaitement reconstituée, n'est peuplée que de gardiens ou de bagnards libérés coincés en Guyane à l'expiration de leur peine.
Dans ce cadre déjà fort dense, l'auteur ne cherche pas à surcharger le récit de péripéties. le rythme est parfois lent, permettant un 360° afin de bien saisir le contexte et surtout de comprendre son formidable personnage, Léon Cognard. Un idéaliste atypique, anticonformiste qui déboule en Guyane à la Jean Valjean. Son humanisme lumineux croît à mesure qu'il s'implante en ces lieux désespérants, hors de toute civilisation. Son humour, couplé à sa lucidité, fait mouche dans de savoureux dialogues. Mais ce n'est pas un contemplatif éthéré. Son idéalisme, terrien, s'inscrit dans un pragmatisme mis au service des autres, en créant une coopérative agricole presque utopique qui réinsère les relégués et fonctionne tel un phalanstère fouriériste.
Un personnage qui fait du bien et parvient à percer la noirceur du cadre. Jusqu'au magnifique final qui passe le relais à Albert Londres, célèbre journaliste qui tirera de son séjour à Cayenne en 1923 un reportage dénonçant les horreurs commises sur les bagnards.
Léon Cognard est de retour. Sa première aventure dans le milieu de la gendarmerie m’avait enthousiasmé. Basée sur une enquête policière, elle m’avait permis de découvrir le fonctionnement d’une prévôté de division d’infanterie, en temps de guerre.
Même s’il ne peut s’empêcher de mettre son nez dans toutes les affaires, sa nouvelle quête tend plus vers le roman d’aventure que vers le polar. Alors que la guerre est terminée et qu’il a quitté ses fonctions dans la force publique, il décide de s’intéresser au sort malchanceux d’un personnage qu’il a croisé avant le conflit de 14-18. Pour ce faire, il va rouler sa bosse entre Saint-Nazaire et Cayenne.
Quel plaisir de renouer avec le génial Léon Cognard, ce personnage charismatique qui rend toutes les scènes de dialogues croustillantes. Il est toujours aussi idéaliste et il n’hésite pas à le faire savoir. L’auteur tient là un héros atypique avec lequel il peut s’amuser. D’ailleurs, il s’en donne à cœur joie pour notre plus grand plaisir.
Grâce à son gros travail de préparation et à ses connaissances de la période, Patrice Quélard met aussi en lumière des péripéties de l’Histoire. On découvre le scandale des stocks américains restés sur le territoire français après les conflits et le traitement dégradant réservé aux condamnés aux travaux forcés en Guyane et à ceux qui ont été libérés. L’image de nos ancêtres ne sort pas grandie de ces secrets bien étouffés.
Ce nouvel opus est plus dramatique et moins que facétieux que « Place aux immortels ». L’écrivain a réussi à se renouveler afin de donner une nouvelle dimension à sa série. De sa plume virtuose, il poursuit son exploration de cette période du XXème siècle.
Léon est moins présent dans ce volume et pour tout vous dire, il m’a un peu manqué. J’ai hâte de retrouver sa gouaille et sa répartie dans de prochaines aventures !
https://leslivresdek79.wordpress.com/2022/03/14/741-patrice-quelard-les-incorrigibles/
Pourquoi ne l’ai-je pas lu plus tôt ? Voilà la question que je me pose à la fermeture de ce livre. Pourtant, je connaissais déjà Patrice Quélard qui m’avait impressionné il y a quelques années avec « Fratricide ». A l’époque, je n’avais pas tari d’éloges sur ce magnifique roman. A la sortie de ce nouvel opus, j’étais ravi de retrouver l’auteur. Hélas, pris dans la spirale des sorties littéraires, celui-ci était resté coincé dans ma Pile à Lire. Heureusement, cette erreur est réparée et je m’en félicite !
J’ai retrouvé avec plaisir sa plume virtuose. Il sait créer une ambiance et plonger le lecteur dans son univers. La première guerre mondiale n’est pas ma tasse de thé, mais il arrive, grâce à son travail et son talent, à m’entraîner avec lui dans les tranchées.
Sous couvert d’une enquête pour meurtres, on découvre le fonctionnement interne et le rôle méconnus de la gendarmerie pendant le conflit. On rencontre surtout le génial lieutenant Léon Cognard. Il est de ces personnages qu’on n’oublie pas. Il est charismatique, éloquent et philosophe à ses heures perdues. Sa persévérance et sa confiance en lui frôlent parfois l’arrogance. Mais ses qualités et ses défauts en font un homme haut en couleur qui illumine le récit. Il joue avec les mots et les passes d’armes avec ses collaborateurs de la Grande Muette, en particulier avec ses supérieurs, sont des moments jouissifs de cette lecture.
« Place des immortels » est la formidable introduction d’un héros que j’aurai une grande joie à retrouver pour une prochaine aventure. Jusque-là, Patrice Quélard était un peu confidentiel. Je peux comprendre que vous soyez passés à côté. Mais maintenant qu’il est soutenu par un éditeur de renom, vous n’avez plus d’excuses pour ne pas lui laisser sa chance. Je vous garantis que vous me remercierez d’avoir mis en avant ce grand écrivain !
https://leslivresdek79.wordpress.com/2021/12/24/patrice-quelard-place-des-immortels/
Place aux immortels de Patrice Quelard
Ce livre a reçu le prix du roman de la Gendarmerie Nationale 2021 ! Un livre que je devais absolument lire ayant un passé avec cette belle Institution. Au printemps 1915, dit l'auteur, Léon Cognard, lieutenant de gendarmerie, bourlingueur et anticonformiste quitte sa brigade bretonne pour rejoindre le front de Picardie en tant que commandant d'une unité prévôtale de division d'infanterie. La Gendarmerie hier comme aujourd'hui sur décision du ministère de la Défense, met en place au sein des forces armées françaises stationnées à l'étranger ou engagées en opérations extérieures des détachements prévôtaux en charge de missions de police générale et de police judiciaire militaire. Actuellement environ 80 gendarmes Officiers de Police judiciaire sont déployés à l'étranger.
Mais revenons à notre roman. Nettement moins exposées que les troupes en première ligne, les unités prévôtales, sont mal considérés et rencontrent une franche hostilité parmi les soldats et officiers, considérés comme des planqués, des empêcheurs de tourner en rond. Raillés sous le nom d'immortel car considérés comme des planqués, des militaires qui se prétendent militaires mais ne vont pas au front, tuer et se faire tuer.
Le lieutenant Léon Cognard dont vous retrouverez en italique ses commentaires qui ne manquent pas de sel, fort en gueule, ne se laissera pas marcher sur les pieds quelque soit l'officier supérieur qu'il rencontrera. Cela commence par sa présentation au colonel Testard, chef d'état major du Général Bouyssou, lors de sa prise de fonction. « Celui-ci me charge de vous souhaitez la bienvenue de sa part, mais il n'a pas le temps de vous recevoir dans l'immédiat... Ce que Cognard traduit par ni dans l'immédiat ni demain, ni jusqu'aux calendes grecques, et si jamais il souhaite vous recevoir un jour, ce ne sera sûrement pas pour vous accrocher une médaille. »
Or, voilà que le lieutenant Léon Cognard va être confronté au suicide suspect du caporal Guyader. Léon et son adjoint Bellec va alors avec opiniâtreté enquêter sur cette mort, trop vite classée en suicide par le commandant de ce régiment. Souvent, lorsque l'on cherche l ! On trouve . Bien entendu cela ne fait pas que des heureux et là l'enquête ouverte par Léon Cognard va faire trembler la Grande muette sur ses fondements !
Certains crimes ne doivent pas demeurer impunis et quelle valeur à la vérité quand seule compte la victoire ! Interroge Patrice Quelard dans son livre place aux immortels .
Vous allez découvrir une figure, comme l'on dit, celle de Léon Cognard, ne manquant ni humour, ni sens du terrain , ni de l'enquête sur son cheval Rossinante. Vous découvrirez autour de lui, des personnages haut en couleur dont même les détails physiques vous seront précisées. Vous verrez un homme, un officier de gendarmerie dans son rôle d'encadrant, veillant à la santé physique des hommes placés sous ses ordres, vous ressentirez cet esprit de corps qui l'anime et vous le retrouverez en duel sur une plage de Bretagne, le 7 octobre 1917. Ce livre et précis, réaliste, détaillé par son auteur qui n'est pas un gendarme, mais on aurait pu le penser, livre un regard sur les missions de la gendarmerie prévôtale lors de cette première guerre mondiale avec bonhomie, humour et sens du service .
Ce livre Place aux Immortels, prix du roman de la Gendarmerie 2021, je vous invite à le découvrir. C'est un bel hommage aux gendarmes prévôtaux à cette époque est une belle histoire criminelle.Vous aurez sûrement un peu de nostalgie a quitté ce Capitaine Léon Cognard ce 30 juin 1919, dans sa brigade d'Etel alors qu'il recherche sur son bureau la circulaire pour une demande de volontaire pour la prévôté au Levant dans l'empire Ottoman. Ou le voir partir, « voir des aras bleus en liberté ça c'était un projet fondateur! Quelle plus belle destination d'aventure que l'Amérique du Sud, pour un ingénieux hidalgo sur son fringant destrier ! » Bonne lecture ! Bien à vous.
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