Des incontournables et des révélations viendront s'ajouter à cette liste au fil des semaines !
Fin des années 20, de nombreux immigrés arrivent de leur campagne où ils ont fui le dur métier d'agriculteur. Ils trouveront à se faire embaucher dans les usines textile notamment dans la vallée du Rhône. Par ces immigrés de nombreuses femmes qui logeront chez les sœurs.
Le rythme de travail de ces ouvriers et ouvrières est épuisant à raison de dix heures par jour avec pour seul congé le dimanche et dans des conditions dangereuses.
Durant cette journée de repos, ces ouvriers, pour oublier l'enfer de leur quotidien dansent sur les rives de la Rize.
Arrive la crise de 29, les immigrés sont les premières victimes du chômage, eux qu'on rend responsables de la situation. Mais c'est sans compter sur l'immense solidarité qui va naître parmi les ouvriers qui vont se battre ensemble. Leurs revendications seront soutenues par un partie de la classe politique. C'est la naissance du Front Populaire.
Avec ce beau roman, Paola Pigani nous raconte tout un pan de l'histoire du monde ouvrier, ses luttes et l'arrivée du Front Populaire. Les revendications aboutiront aux congés payés, au fixe mensuel et à la reconnaissance des accidents du travail.
En effet jusqu'alors les ouvriers n'étaient que de la main d'oeuvre corvéable, subissant les brimades des "petits chefs", la mise en place d'amendes diminuant d'autant le maigre salaire et travaillant dans des conditions d'hygiène et de salubrité déplorables. L'ouvrier avait une vie de misère, il survivait et se tait pa peur de perdre le peu qu'il a : un travail, un toit et de quoi se nourrir.
La crise de 29 a bouleversé l'équilibre l'étranger était mal venu mais malgré les réticences de l'administration à lui donner un statut, il lui fallait s'intégrer. Seule solution mettre en place cette solidarité pour faire front et être entendu.
Paola Pigani, dans ce roman, a aussi donné la parole aux femmes immigrées : elles doivent apprendre le français, faire avec un salaire inférieur, être humiliées, harcelées voire abusées par leur chefaillon. Et elles seront en premier ligne lors des revendications.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui laisse la place aux femmes mais aussi car il dégage une humanité, une sensibilité tout en mettant en avant un farouche volonté de changement.
Ce roman retrace un pan de l'histoire du monde du travail où les hommes et femmes se sont battus pour des acquis dont on bénéficie toujours et encore aujourd'hui. Malheureusement on a tendance à oublier tout ce que l'on leur doit.
https://quandsylit.over-blog.com/2025/01/et-ils-dansaient-le-dimanche-paola-pigani.html
Dans ce roman, inspiré de faits réels, nous sommes conviés à un séjour dans un univers bien particulier, un lieu de résidence pour des « fous », et ce, pendant la période d’occupation de la France par l’Allemagne. L’ensemble des résidents de l’hôpital de la ville Evrard, a été transféré en zone libre pour les mettre à l’abri de l‘ennemi. D’ailleurs la population du château comptera quelques réfugiés qui ont toute leur tête.
Parmi ces malades, Jeanne s’est retrouvée enfermée à la suite d’un deuil qu’elle n’a pas pu supporter. Pourtant, en compagnie de ses autres compagnons d’infortune et aidée par les méthodes nouvelles proposées par les médecins, elle sortira peu à peu de ses tourments pour prendre part aux soins dont profitent les enfants d’une structure voisine, des petits êtres bien abimés par les malheurs de l’époque.
On notera le passage remarqué de Paul Eluard, au titre de réfugié mais participant aussi au programme de thérapie par la poésie.
Avec une très belle écriture, qui confine parfois à la poésie, Paola Pigani nous immerge dans cet univers, évoqué avec une grande compassion. La galerie de personnages qui hantent les lieux décrits est riche d’enseignement sur la fragilité de nos esprits. Le monde de la folie dit beaucoup de notre nature humaine, et des frontières parfois floues entre le normal et le pathologique.
Un roman puissant et fort, lu avec un grand plaisir.
À partir de l’histoire d’une patiente au moment de la seconde guerre mondiale, Paola Pigani choisit de raconter, pour son roman Le château des insensés, les grands changements de la psychiatrie moderne, introduisant ce qui plus tard s’appellera la psychothérapie institutionnelle.
De Ville Evrard en août 1939, Jeanne, vingt-quatre ans, vient de perdre son enfant à la naissance.« Psychose puerpérale, beaucoup de jeunes mères en souffrent, une maladie de langueur et de mélancolie profonde parfois à l’origine de pensées suicidaires ». Son mari, Lucien, a demandé son internement lorsqu’il l’a vue sombrer.
Lorsqu’il faut évacuer les malades de Paris pour les protéger lors de l’occupation allemande, Jeanne est envoyée à Saint-Alban-sur-Limagnol en Lozère dans un beau château. Le Dr Balvet dirige l’hôpital, aidé par la présence de religieuses dévouées. Lucien est mobilisé. Plus rien ne relie Jeanne à la vie !
Expérience hospitalière
Ce n’est pas uniquement les kilomètres qui vont faire la différence avec Ville Evrard. François Tosquelles, membre d’un groupe communiste espagnol, est obligé de fuir l’Espagne fasciste. Il se rend seul au château et va révolutionner la prise en charge des patients avec ses nouvelles méthodes. En ouvrant la structure vers le travail, y compris à l’extérieur, et en favorisant leur liberté et leurs expressions, les malades retrouvent peu à peu la maîtrise de leur univers.
Jeanne rencontre Victor-pour-la-vie qui est un peu déficient mais tellement joyeux et chaleureux. Auguste Forestier, coiffé d’un képi décoré, avec ses réalisations en bois, de rois et de reines comme lui dira Eluard, est reconnu comme artiste à part entière de l’art Brut par Jean Dubuffet. Paola Pigani le restitue dans toute sa singularité, sa souffrance et son talent.
Dans une époque où règnent les restrictions, la femme nommée « la Rillette » retrouve son appétit, symbolisant ainsi le désir de vivre qui fait défaut à tant d’hommes et de femmes internés, malgré le silence qui habite sa bouche. Marguerite Sirvins est devenue aussi artiste lors de son séjour à Saint-Alban. Elle récupère des bouts de fil qu’elle brode en les insérant sur de vieux draps.
Cette galerie de personnages est partagée par Paola Pigani par deux voies, celle de Jeanne qui se reconstruit petit à petit au contact des petits orphelins d’une partie de l’hôpital et le journal de Sœur Rolande, incarnant une religieuse reconnue « Juste » pour son dévouement pendant la guerre.
Refuge des artistes menacés
L’arrivée du Dr Bonnafé donne une autre dimension à ce lieu particulier. Médecin orthodoxe, inscrit au parti communiste depuis 1934, il est obligé de se faire discret sous le régime de Vichy. Fréquentant les surréalistes de Toulouse, sa proximité avec les artistes fera de Saint-Alban un refuge pour les artistes menacés.
Paola Pagani consacre une partie intéressante au séjour de Paul Eluard et de sa compagne Nusch. Son poème Liberté, qui sera largué sur la France en 1942, pour redonner à tous, espoir et détermination, est également inspiré par ce séjour.
Une plume résolument sociale
Avec son écriture poétique et lumineuse, Paola Pigani donne vie à cette communauté disparate mais tellement attachante pendant un épisode sombre de notre histoire. Amener l’abondance autant au niveau physique, mais aussi psychologique, dans cette période de restriction fut pour les deux médecins décrits une gageure réussie. La documentation historique est explicitée par l’aspect romanesque et la nourrit pour rapporter une expérience humaine étonnante.
Paola Pigani est une écrivaine sensible qui, par les sujets dont elle s’empare, dépose une brume humaniste sur les personnages auxquels elle donne vie. Dans Le château des insensés, c’est une communauté étrange, où la souffrance tente d’être dissoute par une attention et une empathie non feinte. Et pourtant, pas d’angélisme ici, juste l’évolution positive d’une jeune femme, surnommée Fauvette, qui sortira d’une psychose puerpérale avec succès. Une trajectoire de vie assez banale aujourd’hui, si détectée à temps, mais qui pour l’époque était une guérison révolutionnaire.
Seulement, Paola Pigani ne limite pas uniquement son propos à ce personnage attachant. Elle dresse un univers de cette expérience psychiatrique qui avait fait l’objet d’une exposition aux Abatoirs de Toulouse en 2021 retraçant le parcours de ce médecin catalan, François Tosquelles, qui a révolutionné la psychiatrie et aussi, créer l’Art, que depuis, on nomme Brut. Parfaitement réussi !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/04/09/paola-pigani-le-chateau/
A partir de l’histoire réelle du psychiatre catalan, François Tosquelles, directeur de l’asile du château de Saint Alban en Lozère, durant la seconde guerre mondiale.
Un médecin visionnaire et novateur que Paola Pigani fait revivre avec l’histoire romancée de Jeanne, en septembre 1939. Cette jeune femme de 24 ans vient de perdre son bébé à la naissance. Folle de douleur, au sens littéral du terme, elle est « enfermée sur décision de Lucien, son époux. Il ne pouvait plus la faire taire, lui jetait de l’eau bénite en pleine figure. »
« On lui avait rapporté qu’elle criait toujours les mêmes choses, Enterrez moi avec lui. Lui, c’était le bébé mort à la naissance, enseveli en l’absence de sa mère, dans une fosse commune, non advenu, non baptisé, sans nom »
Elle est d’abord enfermée à Neuilly sur Marne puis dans le château de Saint Alban, en Lozère, loin de l’occupation allemande.
Le fonctionnement de l’asile est illustré par le traitement de Jeanne mais aussi par celui de ses compagnons d’infortune, délirants ou déprimés, chacun dans sa bulle, mais finalement pleins de vie. Comme Auguste, « Victor-pour-la-vie », la Caille, La Rillette, Monsieur Forestier et Marguerite Sirvins. Ces deux derniers sont des artistes, toujours exposés et qui ont réellement existé.
Un asile dirigé par les Docteurs Balvet et Tosquelles, dont les maîtres mots sont : Humanisme, Respect et Liberté.
« Une véritable révolution consiste à reprendre son enfance. » François Tosquelles
Un hôpital hors des sentiers battus de l’époque. Ouvert sur l’extérieur, tant du point de vue mental (les groupes de discussion sont privilégiés à tous les niveaux) que physique. Les malades peuvent travailler chez les paysans, ou, comme Jeanne, à l’institut Villaret qui s’occupe des enfants abandonnés et déficients.
Un hôpital, hors normes, sous ce régime de Vichy, qui n’accueillait pas que des malades mais aussi des résistants et des juifs.
Les +++
- Rendre vie et hommage à un médecin révolutionnaire en matière de psychiatrie, humaniste et courageux dans la vie quotidienne. En effet, l’hôpital cachait des juifs et des résistants et autorisait aussi des vraies sépultures pour les internés.
« Le docteur Tosquelles refuse que les morts soient portés en terre en silence. (…) Avant, on enterrait les malades le plus vite possible, comme des suicidés ou des criminels. On les faisait disparaître une seconde fois. Pas de nom sur les croix de planche. »
- la double narration, celle de l’autrice et celle de Sœur Rolande (qui a réellement existé) à la première personne du singulier, est passionnante. C’est son regard au quotidien, ses doutes, ses émotions et ses joies à propos du suivi des malades et de la gestion de l’hôpital par le docteur Tosquelles.
Les ----
J’ai lu ce récit comme un docu sur une facette et un personnage de l’histoire que j’ignorais. Intérêt mais pas d’émotion.
C’est bien écrit, bien documenté, mais l’histoire de Jeanne ne m’a pas touchée. Comme si l’écriture restait toujours sous contrôle….
Mêmes impressions avec deux précédents livres de Paola Pigani : « Et ils dansaient le dimanche » et « N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures ». Pour ce dernier, seule la deuxième partie laisse passer l’émotion et elle est magnifique.
Un ouvrage bien documenté et intéressant.
Lu dans le cadre du prix Orange 2024.
Merci à lecteurs.com et aux éditions Liana Levi
https://commelaplume.blogspot.com/
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Des incontournables et des révélations viendront s'ajouter à cette liste au fil des semaines !
A gagner : des exemplaires de cette BD jeunesse sur fond de légendes celtiques !
L'autrice coréenne nous raconte l'histoire de son pays à travers l’opposition et l’attirance de deux jeunes adolescents que tout oppose
Mêlant la folie à l’amour, l’auteur nous offre le portrait saisissant d’une « femme étrange » bousculant les normes binaires de l’identité sexuelle