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Personne ne meurt à Longyearbyen est à la fois un roman et un polar mais c’est surtout un cri d’alarme pour dénoncer le trafic des mammifères marins. Leur utilisation à des fins militaires et commerciales est un scandale comme cette chasse ne respectant pas les quotas imposés à grand peine par les ONG tentant de préserver la faune sauvage tout en nous alertant sur les conséquences désastreuses du réchauffement climatique.
Morgan Audic, avec beaucoup de talent, m’emmène donc à Longyearbyen, la dernière ville avant le pôle nord où trois cents ours vivent comme trois mille habitants, sur l’archipel de Svalbard.
Commence alors une double enquête passionnante allant de rebondissement en surprise sans masquer la tristesse infinie causée par deux jeunes vies sacrifiées. Pour qui ? Pour quoi ? Pour le savoir, il faudra aller au bout de Personne ne meurt à Longyearbyen, Prix des Lecteurs « Quai du Polar » 2024, récompense amplement méritée.
Il s’agit d’abord d’Agneta Sørensen (26 ans), de Tromsø, titulaire d’un doctorat en biologie arctique à l’UNIS, l’université de Svalbard (photo ci-dessous). Son cadavre, en partie dévoré par un ours, a été retrouvé près de la carcasse d’un cachalot. Lottie Sandvig, jeune policière, mène l’enquête mais ses crises d’angoisse paralysent parfois son action.
Au passage, Morgan Audic n’hésite pas à détailler certaines traditions nordiques et c’est un vrai dépaysement au contact des habitants de ces contrées privées de soleil plusieurs mois par an.
À Svalbard, sur le site de Pyramiden, la Russie exploitait un gisement de charbon jusqu’en 1998 mais les Russes ont gardé un pied dans la place et cela aura une importance par la suite.
Un peu plus au sud, sur les fameuses îles Lofoten (photos ci-dessus et ci-dessous), Nils Madsen, journaliste, apprend que le corps de son amie, Åsa Hagen a été retrouvé sous un pont : noyade, suicide, accident ? Nils et Åsa ayant un passé au Moyen-Orient et en Ukraine, au cœur de conflits sanglants qui perdurent, lui étant journaliste et elle photographe, il ne veut pas croire à la thèse du suicide qui semble bien arranger tout le monde.
Les deux enquêtes menées de manière différente risquent de se rejoindre mais comment ? Åsa s’était reconvertie en créant Nordland Safari pour emmener les touristes observer baleines et dauphins et, bien sûr, elle s’oppose aux chasseurs comme Ólafur Gunarssonn dont le fils, Sven, ne se fait pas remarquer par son tact.
Dans cette tension extrême qui va crescendo, Morgan Audic glisse heureusement quelques moments de tendresse comme cette scène familiale chaude et réconfortante entre Lottie et Lena, sa fille, qu’elle doit partager avec Jakob, le père, qui vit à Tromsø.
De son côté, Madsen se confronte à Lars, le mari d’Agneta, dont l’agressivité n’empêche pas une émouvante discussion pleine de sincérité. Comme Agneta étudiait l’impact des activités humaines sur les mammifères marins dans l’Arctique, elle dérangeait beaucoup certaines habitudes ou traditions.
Le décor étant planté, j’apprécie au passage un très intéressant commentaire de Frida, biologiste, à propos des ours, de leur comportement envers les humains. Pour ce qui concerne les bélugas ou baleines blanches qui vivent dans l’océan Arctique, comme pour tous les mammifères marins, leur communication est essentiellement sonore. C’est pourquoi l’activité humaine qui propage quantité de bruits polluant l’univers marin, cause tant d’échouages sur les plages. C’est en tout cas une explication trop souvent mise de côté car la recherche de pétrole en mer par canons acoustiques perturbe terriblement les cétacés.
Ainsi, Personne de ne meurt à Longyearbyen, titre emprunté à une solide rumeur vivace sur l’archipel, alterne scènes haletantes, suspense terrible et renseignements très intéressants sur la vie dans ces contrées nordiques tout en nous alertant sur le sort que nous réservons à la vie sous-marine.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/09/morgan-audic-personne-ne-meurt-a-longyearbyen.html
Morgan Audic nous plonge dans une double enquêtes avec ce thriller, une lecture dépaysante dans un lieu hostile et une intrigue glaçante.
En nous plongeant avec ses confins sauvages de l'Arctique avec des personnages sans concessions, bien campés, forts et aussi marqué par les épreuves. Des homme cruels et cupides. Deux drames, tensions, nature, géopolitique, pouvoirs, un récit réaliste et des sujets d'actualités. Beaucoup d'enjeux au fil des chapitres. Morgan Audic décrit avec justesse les tensions entre les différentes communautés internationales aux intérêts divergentes. Une enquête mouvementé et captivante.
"Le vent charriait dans son sillage de minuscules flocons de neige soufflés depuis la réserve ornithologique des Gåsoyane, invisible dans la demi-pénombre bleutée à l’autre bout du fjord. Chaque printemps, des oiseaux migrateurs allaient nicher là-bas, eiders, fulmars boréaux, bernaches nonnettes et guillemots de Brünnich. C’était comme si la brise avait décroché le duvet de leurs nids abandonnés pour l’éparpiller jusqu’ici."
" À cause du réchauffement climatique , d’abord. Chaque année, la banquise reculait et la chasse au phoque se complexifiait pour les ours polaires. Ils avaient donc tendance à s’approcher de plus en plus des endroits occupés par les humains pour y trouver de quoi se nourrir. Et puis il y avait le tourisme, en plein essor dans l’archipel, qui amenait des hordes de curieux au cœur de leur territoire."
"Envie de vomir. Pas maintenant, non, pas maintenant. La vibration des rotors, les secousses de la carlingue. Elle eut l’impression, non, la certitude qu’elle allait mourir là, tout de suite, dans la cabine dont les parois rétrécissaient déjà. Elle retira ses gants qui tombèrent mollement au sol, puis chercha frénétiquement dans ses poches son médicament. Elle y avait forcément pensé. Même dans l’urgence du départ.
Enfin, dans une poche intérieure, la délivrance. Un cachet d’anxiolytique qu’elle avala avec empressement. Elle ferma les yeux. Pendant un temps infini, elle eut l’impression d’être sous l’eau. Une eau glacée qui montait jusqu’à sa gorge, son menton, à la limite de ses lèvres, et qui menaçait de la submerger au moindre mouvement qu’elle faisait."
Un journaliste enquête suite au prétendu suicide de son amie retrouvée sur une plage de Norvège .
Alors qu'à Longyearbyen ,capitale administrative de l'archipel du Svalbard au nord de la Norvège,un autre cadavre est découvert ,celui d'une femme victime ,à priori ,d'une attaque d'ours .
Rien ne semble relier les deux femmes .Mais la police et le journaliste comptent bien aller au bout de leurs investigations .Un très bon thriller mené tambour battant .
C’est le premier roman de Morgan Audric. J’avais d’abord lu De bonnes raisons de mourir pour lequel j’avais eu un coup de cœur. Il est sans doute plus abouti mais déjà, dans ce premier écrit l’auteur arrive à nous captiver.
Le sujet est original, l’intrigue bien menée, le style agréable.
Un bon polar pour l’été.
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