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Beaucoup de sensibilité et de poésie dans ce livre très touchant au sujet pourtant lourd.
L’écriture est assez particulière, l’auteure nous livre une histoire singulière et donne la voix à plusieurs personnages dans la 1ère partie du livre : Mena, Thomson, Richardson et ensuite principalement Wash, Pallas et Richardson.
Un beau livre.
*****
Lors d’une vente aux esclaves, Richardson a le regard accroché par une femme enceinte, Mena. Sans savoir pourquoi il l’achète alors qu’il sait très bien que les « salés », les esclaves en provenance directe d’Afrique, ne sont pas encore « formatés » et apportent toujours des problèmes. C’est pourquoi il va la louer au vieux Thomson qui a décidé de se retirer sur une île.
Là bas, Mena va mettre au monde son fils Washington, dit « Wash ». Ensemble ils vont couler des jours paisibles et tranquilles au cours desquels elle va lui enseigner le pays de ses ancêtres, leurs coutumes et sa façon particulière de voir les choses.
Wash a 16 ans environ lorsque le vieillard décède et qu’avec sa mère ils sont récupérés par les fils de Thomson.
Wash, indomptable, va subir de nombreuses violences de leur part avant d’être récupéré par son légitime propriétaire, Richardson.
Richardson, lui, n’aime pas les coups, ni jouer du fouet sur ses esclaves, il sait que des esclaves qui sont bien là où ils vivent n’ont pas envie de s’enfuir.
S’il va faire de Wash un étalon reproducteur avec les esclaves des autres, il va aussi lier une relation spéciale avec lui car Wash est différent des autres. Il est le fils de Mena, cette esclave qui a su l’ensorceler pour la faire l’acheter, il est sauvage, fougueux, il ne se mélange pas aux autres, il vit à part dans le grenier de l’étable. Mais Wash a aussi ses failles.
C’est Pallas, une autre esclave, qui va savoir l’apprivoiser, tout comme il va savoir lui aussi l’apprivoiser. Elle, qui a vécu l’horreur et dont l’esprit a été sauvé par Phoebe, une guérisseuse qui lui a appris à en devenir une.
Premier roman de l'Américaine Margaret Wrinkle, Wash se situe dans les années 1800-1825, dans le sud profond des Etats-Unis, le long de la frontière du Tennessee. À la fin de la guerre anglo-américaine de 1812, un ancien combattant, Richardson, revient dans sa plantation en ruine. Désespéré, il suit les conseils de ses voisins et se lance dans l'élevage d'esclaves, sur le modèle de l'élevage de chevaux, puisqu'il est désormais interdit d'importer des esclaves d'Afrique. Il choisit comme étalon reproducteur un jeune homme grand, fier, vigoureux et d'une incroyable beauté, une sorte de "pur-sang" d'Afrique de l'Ouest, Washington, dit "Wash". Sa mère, Mena, a été violemment arrachée à son pays alors qu'elle n'était encore qu'une toute jeune femme et qu'elle était enceinte ; Wash est donc lui aussi un esclave, il n'a jamais connu que cette condition.
Richardson met en œuvre son projet sordide et abject : chaque semaine, il fait mener Wash pour féconder les esclaves des voisins, contre rémunération. Est ainsi organisé un viol légal, systématique, infâme auquel Wash ne peut rien... Peu à peu, dans toutes les plantations alentours, sur les visages des enfants d'esclaves, il reconnaît ses propres traits. Un moyen certes odieux mais un moyen tout de même d'atteindre l'immortalité et de transmettre le sang de ses ancêtres africains.
Dès le prologue, on est saisi par l'écriture forte, somptueuse, poétique qui sert le récit sous forme de destins croisés entre les trois personnages principaux. Points de vue, voix, sensations et sentiments s'entremêlent, renforçant la puissance tragique et terriblement évocatrice de l'histoire. L'auteur évite subtilement les caricatures, ls stéréotypes et les clichés, gageure sur un sujet aussi douloureux que celui de l'esclavage. Elle réussit brillamment un récit coup de poing, sans manichéisme, où les retours en arrière nous plongent un peu plus encore dans l'histoire de Wash. Le style puissant et visuel, le récit tragique et violent s'imposent à l'esprit du lecteur.
Au-delà de l'horreur de l'esclavage et des actes imposés, le roman pose aussi la question de la liberté ou plutôt de comment parvenir à se préserver un espace de liberté dans une vie qui n'est qu'emprisonnement. Wash tente de se construire une identité qui soit vraiment la sienne, qui lui permettrait de ne pas être uniquement la propriété de son maître.
Rien n'est épargné au lecteur des horreurs perpétrées et certaines scènes sont à la limite du supportable. Même ce qui n'est que suggéré induit une profonde impression de malaise. Néanmoins, il semble que ces passages, aussi difficiles soient-ils, se révèlent nécessaires dans ce roman sans concession, violent, poignant, peuplé de personnages inoubliables et qui touche autant qu'il interpelle.
Nous sommes au temps de l'esclavage, un roman historique comme je les aime. Nous avons le point de vu de tous les personnages..
J'aime beaucoup
"Rendez-vous de la page 100"
Mêlant les voix de plusieurs personnages, qu'ils soient maitres ou esclaves, sans oublier la narration de l'auteur, Wash nous entraine dans le sud profond des Etats-Unis du début de XIXème siècle. J'adore le changement de style et de point de vue entre les différents narrateurs, il se fait de manière harmonieuse et très vivante. Je suis littéralement transportée par ce roman malgré son sujet quelque peu sordide. J'ai hâte d'en découvrir plus sur la vie et les aspirations de chacun et de démêler les fils de ces vies imbriquées...
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