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Une fable poétique.
Une histoire d’ours racontée à une enfant de 4 ans qui cauchemarde.
Seul Junpei, avec sa voix douce et sa sensibilité à fleur de peau, peut apaiser la petite Sara avec son ours Masakichi qui vend le miel au marché.
Depuis qu’elle a vu les images du tremblement de terre de Kobé, Sara ne dort plus, et même sa maman, Sayoko est impuissante. Il lui faut appeler à l’aide en pleine nuit, son fidèle ami Junpei pour protéger Sara du « bonhomme tremblement de terre », qui veut l’enfermer dans une boîte.
Junpei, marqué lui aussi par le séisme dans une ville qu’il connait bien, comprend l’angoisse et la terreur de l’enfant.
"Cette nuit-là, Sara dormit dans le lit de Sayoko. Junpei prit une couverture et alla s’allonger sur le canapé du salon. Mais il fut incapable de dormir. La télévision était posée juste en face de lui, et il regarda longuement, fixement, l’écran noir. Ils étaient derrière, il le savait . Ils avaient soulevé les couvercles des boîtes et ils attendaient. Un frisson glacé monta le long de son échine qui ne le quitta plus jusqu’au matin. "
Ils étaient trois étudiants, liés par une amitié indéfectible : Junpei, Sayoko et Takatsuki. Trois personnalités bien différentes.
Junpei écrit des nouvelles, il est introverti, pessimiste, sans aucune confiance en lui et résigné. Takatsuki, c’est tout le contraire, c’est peut-être pour ça qu’il a épousé Sayoko et que Sara est née de leur union. Maintenant, ils sont séparés mais restent toujours un trio d’amis.
Junpei a toujours aimé Sayoko, jamais osé le lui dire, et il s’en veut.
« Mais il n’arrivait toujours pas à se décider. A la réflexion, depuis le début ses relations avec Sayoko avaient toujours été déterminées par quelqu’un d’autre. Il avait toujours été dans une solution passive. »
Ne croyez pas en lisant ce résumé, qu’il s’agit (encore) d’une histoire à trois, avec un qui n’ose pas, l’autre qui ose tout, et une femme qui n’ose pas non plus, se laisser porter par son désir naturel.
C’est bien plus subtil, et les deux héros de l’histoire sont beaucoup plus l’ours Masakichi et la petite Sara.
Un conte qui s’adapte aux questions d’une petite fille quand elle refuse l’évolution d’un récit qui ne lui convient pas. Junpei comprend lui aussi, grâce à Sara, à sa sincérité sans filtre, qu’il est possible de modifier le cours de sa vie, comme il le fait pour l’histoire de son ours.
Un texte superbement illustré !
Superbes dessins de Kat Menschik, qui viennent illustrer et conclure certains paragraphes, semblables à celui de la couverture. Un moment de pause et d’apaisement avant le chapitre suivant.
A savourer les illustrations des pages 27 – 35 – 56 – 67 –
Le texte est fluide, doux et apaisant mais chargé de sens.
Merci à NetGalley et aux Éditions Belfond pour cette belle découverte.
https://commelaplume.blogspot.com/
Toute la poésie, l’onirisme de Murakami sont contenus dans une nouvelle digne de ses plus grands romans réalistes. Des personnages qui nous font vibrer, qui nous ressemblent et se débattent, qui s’entraident et s’aiment, en dépit des défis et des épreuves. Une fin superbe, plus qu’une simple chute, une apothéose, qui laisse dans son sillage un écho vibrant et bouleversant.
Ce texte qui mêle deux histoires, offre une mise en abyme qui nous propose un reflet de l’intrigue principale, de ses questionnements : quel est le sens de la vie dans un monde aussi dangereux ? Dans un monde dans lequel un tremblement de terre peut être aussi destructeur ? Un récit (celui de Junpei) et une fable (l’histoire de l’ours) qui disent l’horreur de ce phénomène naturel. En effet, le séisme, figure de l’imprévisible et du chaos, est le symbole d’une terreur quasi mythologique. Il exacerbe les peurs et les espoirs des protagonistes.
Elle fait souvent des crises comme ce soir ? Sayoko hocha la tête.
— Souvent, c’est un doux euphémisme. En ce moment, c’est pratiquement chaque soir. Elle se réveille toutes les nuits et pique de véritables crises de panique. Elle tremble sans pouvoir s’arrêter. Et j’ai beau essayer de la consoler, elle continue de pleurer. Il n’y a rien à faire.
— Tu as une idée de la cause ? Sayoko but le reste de sa bière, puis contempla un moment son verre vide.
— Je crois que c’est parce qu’elle a trop regardé les informations. Les images du tremblement de terre de Kobe sont sans doute trop impressionnantes pour une petite fille de quatre ans. Depuis le séisme, elle se réveille toutes les nuits. Elle dit que c’est un vilain monsieur qu’elle ne connaît pas qui vient la réveiller . Elle l’appelle le « Bonhomme Tremblement de Terre ». Il la réveille pour la faire rentrer de force dans une petite boîte. Une boîte qui n’est pas du tout de taille à contenir un être humain. Elle se débat pour ne pas y entrer, mais il la tire par la main et la plie en quatre en faisant craquer ses articulations pour la mettre de force dedans. C’est à ce moment-là qu’elle se réveille en hurlant.
Murakami partage avec nous la tragédie humaine dans toute sa subtilité et transforme un conte en réflexion sur la résilience, l’amour et la survie de l’esprit face à la brutalité du monde.
En filigrane, une réflexion sur l’écriture (Junpei est auteur).
— Tu étais en train d’écrire ?
— Plus ou moins…
— Une nouvelle ? Junpei acquiesça d’un signe de tête.
— Ça marche bien ?
— Comme d’habitude. J’écris des nouvelles, elles sont publiées dans une revue littéraire, et personne ne les lit.
— Moi, je lis tout ce que tu écris.
— Merci, tu es gentille, dit Junpei. Mais les nouvelles, tu vois, comme forme littéraire, c’est à peu près aussi suranné que les bouliers.
En outre, un texte superbement illustré.
#HarukiMurakami #NetGalleyFrance
Elle avait déjà connu l’insomnie lorsqu’elle était étudiante : des nuits blanches suivies de journées passées dans une brume cotonneuse. Rien de comparable avec le phénomène qui la touche alors qu’elle aborde la trentaine. Cette fois, elle va passer dix-sept nuits sans sommeil, sans même avoir besoin de sommeil. Dix-sept nuits durant lesquelles cette épouse et mère va vivre une vie parallèle. Ses journées seront semblables à toutes les autres : ménage, courses, préparation du repas, piscine. Ses nuits seront son jardin secret, des moments privilégiés passés à boire du Cognac, dévorer du chocolat et relire des classiques de la littérature russe.
L’insomnie comme une revanche sur la vie. Pour cette femme aux journées monotones, à la vie en sommeil, les nuits vont devenir autant de possibilités d’être libre. Pendant que son mari et son fils dorment du sommeil du juste, elle peut enfin être elle-même et s’adonner à ses passions secrètes. Loin de l’abrutir, cette insomnie la revitalise, la tonifie. Elle est plus belle, plus en forme que jamais. Elle atteint la pleine conscience.
Lire une nouvelle de Murakami, c’est toujours pénétrer dans un monde étrange et onirique, se laisser porter par le fantastique, savoir que l’on ne va pas avoir toutes les réponses. Il joue ici avec la question de l’éveil et du sommeil, de la vie et de la mort, du songe et de la réalité et met en avant les bienfaits de la littérature qui est bien souvent une façon de s’évader de la tristesse du réel…
La fin est ouverte, il faudra imaginer la suite. Court, mais bon !
Un tout petit ouvrage de MURAKAMI que j'affectionne tout particulièrement, ces livres au couvertures extraordinaires et aux histoires souvent très particulières me comble souvent.
Mais je dois dire que celle-ci un peu moins.
L'histoire de ce couple affamé qui braque une boulangerie afin d'étancher leur faim, écrite en deux versions, ne m'a pas conquise.
Je n'ai pas compris le but de cette trame.
L'histoire de la faim magnifiquement illustré, finit sur une attaque au mac do avec une trentaine d'hamburgers dérobés pour finir endormis au fond d'un bateau...
un petit livre qui a réussi à me donner faim c'est déjà bien...
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