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Jun'Ichiro Tanizaki

Jun'Ichiro Tanizaki

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Avis sur cet auteur (17)

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    Couverture du livre « Le chat, son maître et ses deux maîtresses » de Jun'Ichiro Tanizaki aux éditions Folio

    Ophelie GAUDIN sur Le chat, son maître et ses deux maîtresses de Jun'Ichiro Tanizaki

    La nouvelle « le chat, son maitre et ses deux maitresses » est décrite en 4e de couverture comme « un brillant divertissement, que l'on peut aussi lire comme une obsession, la jolie petite chatte Lily sert d'otage à une relation triangulaire traitée avec humour, dérision et ironie ». Soyons...
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    La nouvelle « le chat, son maitre et ses deux maitresses » est décrite en 4e de couverture comme « un brillant divertissement, que l'on peut aussi lire comme une obsession, la jolie petite chatte Lily sert d'otage à une relation triangulaire traitée avec humour, dérision et ironie ». Soyons clair, cette description est le 1er niveau de lecture où l'on pourra laisser briller nos yeux d'émotion devant ses adorables boules de poil ronronnant. Il est à noter que si vous détestez les chats, cette lecture est pesante.

    Ou bien on peut y voir un second degré sans vraiment beaucoup se forcer : la métaphore « chatte » semble universelle.

    Ecrit en 1918, Shozo est un japonais de 45-50 ans, nonchalant, pas très courageux, vivant avec sa mère et avec sa chatte Lily avec qui il est intime. Il se marie plus ou moins avec conviction puis environ 4 ans plus tard il la renvoie car son épouse n'aime pas sa chatte. Il prend sa cousine pour épouse (la polygamie semble encore autorisée à cette époque) sur les bons conseils de sa mère. et ce deuxième mariage tourne au vinaigre en quelques mois. Piquée au vif par la 1ère épouse, la 2e épouse en vient à développer une jalousie envers Lily (moi aussi j'aurais eu envie de trucider quelqu'un mais ça aurait été Shozo sans hésitation).

    Finalement, notre Shozo devient « courageux » à sa façon : il monte sur son vélo voir à la dérober sa tendre chatte qu'il a fini par céder à sa 1ère femme qui vit dans une autre ville. C'est sans compter que cette dernière, détestant la bestiole, l'exigeait juste pour attirer de nouveau à elle son mari. C'est donc un piège. Mais pas tant que ça car… elle se fait avoir et devient fan de la chatte. Et comble de malheur pour Shozo, voilà que la chatte lui préfère… sa femme ! (amours saphiques en filigrane)

    Bref, même si son oeuvre à plus de 100 ans, il est un auteur sulfureux sous un style de ne pas y toucher. Son écriture est plaisante bien que moins fluide que d'habitude, son sens du rythme est ponctué de twists, et la trame de ses histoires est toujours surprenante et transgressive.

    Les deux micros nouvelles sur le Professeur Radô sont peu intéressantes et assez mal racontées. On est dans l'asservissement volontaire de l'homme pourtant "savant" au désir de la femme. On dirait aujourd'hui, un genre de sadomasochisme.

    ________ le Petit Royaume

    Cette nouvelle est toute différente. Elle est très belle et presque désespérée. On se demande où l'auteur veut en venir quasiment jusqu'à la dernière page puis survient la chute : elle est terrible et donne une tonalité toute différente à l'ensemble. L'enfance, d'abord magnifiée par l'adulte, semble n'être rien d'autre qu'une micro-société déviante mais aussi un dernier refuge pour les adultes qui vrillent : la folie. L'innocence violente des enfants est-elle déjà une forme de folie qu'il faut perdre à l'âge adulte ?

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    Couverture du livre « Journal d'un vieux fou » de Jun'Ichiro Tanizaki aux éditions Folio

    Ophelie GAUDIN sur Journal d'un vieux fou de Jun'Ichiro Tanizaki

    "Journal d'un vieux fou" est tout sauf celui d'un fou au sens psy. C'est juste celui d'un homme de 77 ans qui a probablement été une ordure toute sa vie sous un vernis de respectabilité par l'argent (rentier par des biens immobiliers). Il est odieux, méchant, mesquin, lubrique, tyrannique,...
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    "Journal d'un vieux fou" est tout sauf celui d'un fou au sens psy. C'est juste celui d'un homme de 77 ans qui a probablement été une ordure toute sa vie sous un vernis de respectabilité par l'argent (rentier par des biens immobiliers). Il est odieux, méchant, mesquin, lubrique, tyrannique, égocentré. Bref, rien à sauver.

    D'ailleurs, lui-même par deux fois va écrire :
    - ma vraie nature est perverse et j'ai le coeur froid à l'extrême (p. 1126 version Biblios)
    - (en parlant de lui) un homme intrépide en apparence, en réalité poltron et prudent à l'extrême (p. 1129)

    Le protagoniste, cet homme de 77 ans qui a des soucis de santé, vit au RDC avec sa femme qu'il dit avoir tyrannisé avec bonheur toute sa vie et elle-même ne vit que dans ce rapport là. Au 1er étage de leur maison de Tokyo, vit leur fils et sa femme, Satsuko. Ils ont aussi deux filles que l'homme se plait à mépriser et humilier.

    Un jeu de voyeurisme se met en place entre le vieux et Satsuko jusqu'à ce que celui-ci veuille plus (la toucher). L'histoire est étrange, elle parait vénale et en même temps elle semble dégoutée à la fois par ce vieux (elle se lave pendant des heures, elle refuse beaucoup de choses et puis, quelques jours plus tard elle accepte).

    C'est la dernière phrase de ce "journal" qui éclaire tout : le fils prostitue sa femme, Satsuko, pour essayer de faire mourir plus vite le vieux ! En effet, comme avec "La confession impudique", l'excitation sexuelle mène l'homme à sa perte (AVC)

    C'est une oeuvre horrible, j'ai eu envie de tuer le vieux à chaque page, pareille pour sa purge d'épouse qui participe à tout ce cirque. La fin est immorale et terrible à la fois. Vive les huis clos familiaux chez de bonnes familles bien sous tout rapport...

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    Couverture du livre « Svastika » de Jun'Ichiro Tanizaki aux éditions Folio

    Ophelie GAUDIN sur Svastika de Jun'Ichiro Tanizaki

    Pas de Japon traditionnel, pas de sensation d'ancien / de folklore ou de cerisiers en fleurs. Bien au contraire, c'est une histoire d'amours tordues mais pour lesquelles on va jusqu'au bout avec une résonnance absolument moderne. En effet, elle pourrait être écrite de nos jours si ce n'est que...
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    Pas de Japon traditionnel, pas de sensation d'ancien / de folklore ou de cerisiers en fleurs. Bien au contraire, c'est une histoire d'amours tordues mais pour lesquelles on va jusqu'au bout avec une résonnance absolument moderne. En effet, elle pourrait être écrite de nos jours si ce n'est que certaines pratiques nous échappent un peu (faire un serment par écrit ou par trace sur la peau) alors qu'elle est écrite il y a un siècle !

    Il est important de comprendre ce qu'est une Svastika (croix bouddhique à 4 branches qui semble tourner) pour comprendre l'enchainement de l'histoire de ces passions amoureuses tout à fait crédibles et pour lesquelles, parfois, on se voit en miroir (comment ai-je pu aller aussi loin dans un amour complètement absurde ?).

    Cela me rappelle l'aphorisme de Pascal "Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas". C'est exactement cela ici. Les amours se croisent et s'entrecroisent, elles sont violentes, sincères dans leur folie et leur manipulation, dramatiques, sordides, éclatantes. On sait dès le départ que le mari et l'amour de la narratrice sont morts. Mais comment ? Les deux amours ne se connaissaient même pas. Mais la croix tourne...

    La construction stylistique est dynamique, fluide, vivante en prenant le partie de faire raconter les évènements par la narratrice à un écrivain qui va lui même mettre en mots cette histoire. Cela relance le récit, fait cheminer et on suit cette "discussion" comme si nous étions l'écrivain lui même. Ce style m'avait déjà bluffé et captivé dans les livres de Sandor Marai (Métamorphoses d'un mariage).

    Si vous avez quelques heures devant vous, ne vous laissez pas bercer par le chant douceureux du démarrage avec cette bluette entre deux femmes. Ce n'est qu'un leurre. Ce livre est un livre de la passion doublé d'une sorte d'Agatha Christie (qui trompe qui, qui joue avec qui, qui a tué qui).

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    Couverture du livre « Éloge de l'ombre » de Jun'Ichiro Tanizaki aux éditions Verdier

    Ophelie GAUDIN sur Éloge de l'ombre de Jun'Ichiro Tanizaki

    Ce livre est une "réflexion sur la conception japonaise du beau" (4e de couverture et préface p. 13). Certes, mais c'est réducteur. Le titre est véritablement porteur du sens "Éloge de l'ombre" comme conception japonaise du beau versus le style occidental bling bling, sans âme et utilitaire. Le...
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    Ce livre est une "réflexion sur la conception japonaise du beau" (4e de couverture et préface p. 13). Certes, mais c'est réducteur. Le titre est véritablement porteur du sens "Éloge de l'ombre" comme conception japonaise du beau versus le style occidental bling bling, sans âme et utilitaire. Le ton est moqueur sur un sujet qui pourrait nous apparaître, à nous Occidentaux (l'auteur en est convaincu), futile.

    Avec regret, l'écrivain constate que le Japon intègre la modernité de l'Occident sans l'adapter à l'esprit japonais que se soit pour l'architecture des maisons (jusqu'aux toilettes qui ont leurs pages... intéressantes !), le cinéma, le théâtre traditionnel japonais (Nô et Kabuki), etc. En posant ce constat comme postulat, il nous éclaire sur la conception de l'ombre et de la couleur au Japon. Vivre à la japonaise se médite, vivre à l'occidentale se consomme. L'auteur nous déroule toutes ces conceptions bien loin de notre esprit avec clarté, précision, humour et profondeur.

    L'avant dernière partie sur les femmes japonaises précédant la lumière électrique est une surprise emprunte de tristesse. Le "c'était mieux avant" est une illusion.

    Un livre profond, moqueur parfois, méditatif. Pour ceux qui sont amoureux du 'japon traditionnel', c'est un incontournable pour en saisir les contours.

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