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La vie qui s'est enfuie, celle de la grande sœur, le modèle, l'aînée.
La maladie qui emporte tout sur son passage, les souvenirs, le temps qu'il reste à passer ensemble, le bonheur.
Alors la narratrice fait revivre celle qui lui manque tant, et avec elle toutes les femmes de sa lignée, tous leurs chagrins, toutes les violences subies, les peurs, les pleurs, les silences.
Après le décès, elle est revenue habiter la maison familiale, emplie de souvenirs bons ou mauvais. La campagne environnante ravive les souvenirs du passé, l'enfance, les jeux, les espoirs, l'attente.
Un roman très court, entrecoupé de quelques poèmes, chapitres brefs, écriture incisive, maux et mots dits, soupirés, espérés, oubliés. C'est à la fois sensible et émouvant, parfois déstabilisant quand la mémoire fait resurgir les traumatismes d'une lignée de femmes liées par les mêmes maux, ceux qu'infligent les hommes et que subissent des générations de femmes depuis si longtemps.
Il y a ces femmes et il y a tout au long du récit la douleur de la perte de cette sœur qui est morte et ne sera plus, de tous ces instants suspendus qu'il restait à vivre, ces bonheurs perdus, cette solitude à venir.
Ce roman est un long monologue où la narratrice, inconsolable, raconte à sa sœur morte à l’âge de 33 ans d’un cancer généralisé l’histoire douloureuse de sa famille, en convoquant ses souvenirs d’enfance et en y mêlant des fragments de sa vie de jeune mère, parfois rageurs, parfois apaisés.
La narratrice justifie des choix de vie différents de ceux de sa famille où régne le mensonge et où les femmes sont traitées sur un pied d’inégalité ; c’est l’occasion pour les non-dits et les secrets de famille de remonter à la surface : viol conjugal, avortements, troubles psychiatriques...
Tout ceci est à la fois cruel, douloureux et poignant, ni l’époque ni le milieu ne sortent grandis de ces courts chapitres percutants et tendus, de la lecture desquels on sort littéralement lessivé.e.
Ce livre voyage dans le cadre des 68 premières fois, merci à l’équipe pour cette aventure et ses découvertes
Revenue vivre dans la maison familiale, la narratrice écrit à sa sœur, disparue bien trop tôt d’un cancer.
« T’écrire, c’est négocier avec le feu. Découvrir des foyers incandescents et en accepter l’épreuve. Puis laisser la matière s’apaiser. On n’écrit pas sur des charbons ardents. On écrit en soufflant doucement sur les braises. On en extrait ce qu’il reste. Parfois ce sont quelques phrases, parfois une fatigue infinie. »
Stop
Arrête-toi
N’en dis pas plus
Chut
C’est inutile
Ça gâcherait tout
Chut
Ce texte intime, poétique, puissant, vous remue et prend aux tripes ! Je ne peux que vous dire de le lire. Y’a urgence !
Comme un objet fragile entre mes mains, j’ai lu ce livre lentement et précieusement. Il me fallait en prendre soin et l’écouter me murmurer les mots de ces femmes. Juliette Rousseau aborde la condition féminine, le rapport homme/femme, ainsi, elle rend un bel hommage aux femmes de sa vie.
Bien plus qu’un coup de cœur, il est de ces livres qui tiennent une place importante dans ma bibliothèque, de ceux que je veux transmettre à ma fille plus tard.
« Je voulais t’écrire un livre dont on entend les pages respirer lorsqu’on les tourne. »
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2023/06/01/39926768.html
116 pages découpées en parties courtes : prose et poésie de l'évocation de sa sœur disparue par l'auteure à travers des souvenirs d'enfance. En fait des destins de femmes parfois contrariés, violents et tendres ... celle de la grand-mère, de la mère, de la soeur et de la fille de l'auteure, de leurs relations complexe entre elles, où l'homme est peu présent, plutôt nocif ou vraiment très loin du récit, d'ailleurs quel rôle y jouerait-il devant ses relations de femmes et mères auxquelles il ne comprend pas grand chose.
Thanos et Thanatos, un peu Eros sont ici convoqués pour évoquer ces vies et le retour de l'auteure dans son évocation de ces relations. Entre évocation des maladies, rapports au corps dans son évolution et ses maux, l'état d'esprit des mères sur plusieurs générations dans leur évolution profonde, ce sont de très beaux passages d'une écriture d'une grande sensibilité qui nous guident dans ses pages parfois difficiles. Ce sont aussi de beaux textes sur la nature, le rapport de l'auteure et de sa sœur avec la nature environnante mais aussi la fuite en avant quant à la perception de la souffrance et de la lente et fatale détérioration de notre enveloppe corporelle.
Un court premier livre qu'il faut absolument découvrir.
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