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Ca se lit vite, ça s'oublie vite
Un couple de new-yorkais, Jack et Deb
Leurs deux enfants, Kay, 11 ans et Simon, 15 ans
Un jour arrive à la maison un paquet contenant les mails échangés entre Jack et sa maîtresse, et c’est Kay qui le découvre. Les échanges sont plutôt sulfureux. La vie de famille vole en éclat.
Ce qui est intéressant, c’est qu’outre la dégradation du couple, on assiste aux dégâts provoqués chez les deux enfants. Et on compatit parce qu’elle est plutôt sympathique cette famille, même Jack et son incartade.
Le style est agréable, l’écriture fluide et la progression impeccable.
Un agréable moment de lecture
Une famille américaine "bobo" comme on la qualifierait en France, un bonheur tranquille avec des hauts et des bas, et soudain, la bombe éclate, sous la forme de mails envoyés dans une boite à la mère par une maitresse du père. C'est un des deux enfants qui l'intercepte.
A partir de là les membres de cette famille vont se débattre dans un grand chagrin, déguisé en colère , en incompréhension.
Par deux fois l'auteur nous dévoile la fin de cette histoire, mais peu importe, l'intensité des sentiments éprouvés par les 2 enfants dont un ado pré pubère, et ceux des parents déboussolés tous les deux en fait un premier roman très intéressant , même si parfois il y a quelques accrocs dans la lecture peut-être dus d'ailleurs à la traduction.
«C’est de Jack que je veux vous parler. J’ai commencé à coucher avec votre mari en juin dernier. C’est juste que parfois il avait besoin de moi.» Le paquet de lettres on ne peut plus explicites déposé au domicile newyorkais de la famille Shanley donne à Julia Pierpont l’occasion de faire tout à la fois une entrée remarquée en littérature et de revisiter un genre déjà beaucoup abordé, celui de l’adultère et de ses conséquences.
Car ici, Kay et Simon, les enfants de la famille, sont confrontés à ces écrits. Du coup, il devient impossible de faire comme si rien ne s’était passé. Mieux, l’auteur va nous offrir un roman choral en donnant au fil des chapitres la parole aux différents protagonistes, à leur façon de se situer par rapport à cet événement. L’humiliation de Deborah, dite Deb, qui avait jusque là essayé de faire bonne figure face à ce qu’elle aurait pu considérer comme des incartades liées à son statut d’artiste plasticien en soif d’inspiration, mais qui se retrouve à soigner son mari grâce à ses dons de physiothérapeute parce qu’il se fait mal après quelques galipettes sauvages. Pour elle, qui a abandonné sa carrière de danseuse pour s’occuper de ses enfants, la ligne rouge est maintenant dépassée. D’autant que son infortune est devant ses yeux, noir sur blanc. «Les passages salaces la dérangeaient moins que les mots tendres – un sentiment sans doute légitime.»
Jack ne prend, quant à lui, pas les choses au tragique : «Tout finirait par s’arranger. Il s’en était toujours sorti ; il n’y a avait pas de raison qu’il ne s’en sorte pas cette fois encore.» D’autant qu’il n’était pas vraiment responsable. Il n’avait pas su résister, voilà tout. En attendant que passe l’orage, il allait passer davantage de temps dans son atelier, se consacrer à son travail et à ses expositions. Mais la cohabitation va s’avérer de plus en plus compliquée. Et il ne se rendra pas compte que les vacances de Deb avec les enfants dans leur villa de Jamestown sonnera comme une rupture définitive.
Simon, l’adolescent boutonneux, est sans doute le plus perturbé de tous. Au moment où il se cherche, où son avenir est encore écrit en pointillés, comment réagir autrement que par une colère froide alors que ses seules certitudes, son cocon familial s’effondre ? Et l’épisode de son dépucelage qui va tourner au fiasco lors des vacances loin de son père ne va pas arranger les choses.
Peut-être que Kay, la plus jeune représentante de cette famille qui se déconstruit, a la réaction la plus saine. «Deb n’avait j’avais vu Kay rester longtemps en colère contre son père, ni lui refuser quoi que ce soit. Et elle ne pouvait lui en tenir rigueur ; c’était pareil entre elle et son père. Si la mère pansait ses blessures, c’était son père qui les embrassait pour les apaiser.» Aussi, elle espérera longtemps une issue paisible. Qui ne viendra pas. Car comme le dit le poème de Galway Kinnell qui donne son titre au livre «Nous marcherons ensemble parmi les dix milliers de choses, pénétrés trop tard par cette découverte, l’amour est le salaire de la mort.»
Un premier roman prometteur.
http://urlz.fr/3oPT
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