Une sélection à haute valeur historique et humaine, 100 ans après la fin de la guerre 14-18
Colette Keber de la librairie "Les cahiers de Colette" rue Rambuteau, à Paris, nous présente ses coups de cœur de la rentrée littéraire de janvier 2016. Histoire de la violence de Edouard Louis (Seuil) : "Edouard Louis est un grand écrivain, une...
Une sélection à haute valeur historique et humaine, 100 ans après la fin de la guerre 14-18
Le nouveau roman d’Echenoz Envoyée spéciale est-il vraiment LE roman de la rentrée ?
Dans ces conseils de libraire" spécial rentée littéraire janvier 2016, Colette Keber de la librairie "Les cahiers de Colette" à Paris nous présente ses coups de cœur
Nouvelle rubrique : la Revue de Presse littéraire de janvier
J’apprécie infiniment cet auteur, habituellement… Je garde un excellent souvenir de « Courir » consacré à Émile Zatopek.
Mais là… Quelle déception !
Pourtant, cela commençait bien avec Bristol, un cinéaste médiocre pris dans une histoire qui le dépasse totalement. On sent que Jean Echenoz s’amuse et on a envie de poursuivre la route avec lui.
Sauf que…
Le récit file dans tous les sens, alors que le lecteur cherche, lui, vainement un sens…
Le style est ampoulé et indigeste. Les descriptions inutiles (à mon goût) se multiplient, cela ressemble à du remplissage car c’est vide…
Lors de la location d’une voiture par Bristol, on y trouve même un hommage à l’une d’entre elles : C’était un modèle Aircross de marque Citroën et de couleur marron glacé. Rien de spécial à première vue. (…) Sauf que ce véhicule est plutôt attachant, son profil évoque un museau de chien dévoué qui aboie gaiement quand on soulève son capot, gémit de plaisir quand on le caresse dans le sens des chevrons. (…) Souple au changement de vitesse, prévenant au freinage et précis au créneau. Il est docile et consomme peu. »
Bien sûr, personnaliser une voiture ne me choque pas, bien au contraire, mais là, cette remarque élogieuse arrive comme un cheveu sur la soupe….
Dommage !
On va dire que je n’ai pas compris, que ne suis pas rentrée dedans, doux euphémisme…
Cela ne m’empêchera pas de lire avec curiosité et intérêt la prochaine publication de Jean Echenoz.
https://commelaplume.blogspot.com/
Jean Echenoz est un auteur qui m'a emporté dans la musique de Ravel, dans la guerre de 14 ou encore dans les foulées de Zapotek. C'est un auteur dont j'aime le rythme et la musicalité de l'écriture. Ses phrases donnent une forme au récit et des syllabes naissent des sons qui font vibrer l'histoire.
Ici, c'est une histoire de cinéma, d'amour, de meutre, de séduction. Ces histoires se croisent, se répondent, s'interrompent. Là encore toute est question de rythme. Ça va vite et l'histoire prend de l'ampleur progressivement. du parcours d'un réalisateur, on découvre vite les rouages d'une production. de l'apparition d'un mort, on plonge dans la vie d'un immeuble. A chaque chapitre s'ajoutent des personnages, des liens entre eux. Tout semble relié et le roman fait alors apparaître ses rouages. le hasard des rencontres crée de la confusion, des erreurs, des découvertes. L'histoire file à toute allure.
Ce roman est très drôle. L'auteur compose une histoire pour nous et avec nous. le narrateur commente ce qui est écrit, il ne nous explique rien, il ne nous tient pas la main. Il nous propose un parcours ludique dans son récit. Il blague avec nous, s'amuse des pirouettes. La forme que je décris ne prend pas le dessus sur l'histoire et n'étouffe pas l'intrigue et les multiples questions qui l'alimentent. Est-ce que Bristol arrivera à tourner son film ? Est-ce qu'il vivra une histoire d'amour ? Est-ce que le mort a été tué ou s'est suicidé ?
Le livre est un véritable film sans pour autant être un scénario. Les phrases semblent être des mouvements de caméra et l'auteur parvient à s'emparer de toute une situation (un décor, un détail) en quelques phrases. La plume de Jean Echenoz devient alors caméra, la phrase un plan, et cela donne au livre une élégance d'une énergie étourdissante.
Ce livre est jubilatoire : d’abord complètement atone, psychorigide comme son protagoniste, probablement bourré de références auxquelles je n’ai pas accès, il joue l’humour anglais, le pince sans rire entre componction et franche marrade déguisée. Tout est à double sens, énorme tout en étant banal, invraisemblable tout en étant crédible.
L’histoire est inracontable entre un suicidé déterminé, un réalisateur autocentré, une actrice surannée qui s’ennuie, une écrivaine mégalo qui réussit alors que son œuvre est à faire pleurer, un commandant para militaire au fin fond de la jungle africaine qui n’est autre qu’un parc zoologique, un pauvre policier pas bien futé mais qui fait finalement bien son métier, etc. Tout cela dans des décors réels (la rue des Eaux à Paris par exemple) et avec une histoire qui se tient de bout en bout. On a quand même le fin mot de l’histoire qui est atroce si on y regarde bien mais toujours avec ce style et ce ton incroyablement et faussement léger.
Ce livre est un bijou !
Quand Echenoz fait du Echenoz, ses fidèles lecteurs sont comblés !
On sait qu’il ne faudra pas s’attarder sur l’intrigue, elle est un simple support au fil de l’écriture. Le regard particulier que nous propose l’auteur sur des scènes on ne peut plus banales est la base du ravissement que l’on éprouve en tant que lecteur. Jean Echnoz décortique le fonctionnement des corps ou la construction d’un paysage comme le ferait un légiste du corps d’une victime. Il en résulte un glissement du sens, comme lorsque l’on prononce un mot jusque’à ce qu’il perde toute signification. C’est un changement de paradigme à chaque phrase.
Quant aux personnages, ils sont le modèle des anti-héros, capables cependant de révéler au détour d’un portrait un super pouvoir caché ou de révéler une passion totalement incongrue !
C’est réjouissant, sans surprise et on en redemande !
208 pages Minuit 2 janvier 2025
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