Le nouveau roman de Florence Seyvos est une lecture d'une intensité rare
Le nouveau roman de Florence Seyvos est une lecture d'une intensité rare
Les critiques de Violaine et Carole pour "La sainte famille" de Florence Seyvos (éditions de l’Olivier)
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Voilà un livre que j’avais envie de lire depuis longtemps déjà. Inséré dans ma pile après avoir lu et entendu quelques critiques élogieuses ou perplexes, il me tardait de partir à l’affût de cette étrange bête aux aguets.
C’est donc chez Anna que j’ai tenté mon observation. Cette adolescente, livrée aux lecteurs par le truchement d’une écriture aussi fluide qu’énigmatique, n’en finit pas de se poser des questions et le lecteur bien davantage encore.
Dans l’enchaînement des mots, groupés en courtes phrases et en paragraphes très courts, l’autrice nous propose d’observer une adolescente mal dans sa peau, rongée par la peur de ce qu’elle ressent, de ce qu’elle entend, de ce qu’elle vit au plus profond d’elle-même. Elle se transforme, mais en quoi ?
Son entourage apparaît peu structurant. Rongée par les silences, les non-dits qui voltigent autour d’elle, sur quoi s’appuyer ? Sur les paroles ? Celles qu’elle reçoit, celles qu’elle s’invente, celles qu’elle entend ou prononce dans les communications télépathiques qu’elle est persuadée d’expérimenter ? Et comme garde-fou, elle bénéficie au mieux de parents divorcés, un père qu’elle aimait enfant, qu’elle ne supporte plus quand, adolescente, elle croit lire dans son regard que sa fille lui fait horreur. Une mère qui se dit à son écoute mais qui décide de tout en fonction de ses propres terreurs et maintient Anna dans un carcan où la jeune fille ne peut qu’angoisser ou s’évader dans un monde onirique qu’elle s’est fabriqué, à moins que ce ne soient les pilules, une blanche et une bleue, que sa mère lui fait prendre et avec lesquelles la fille triche par bravade, par volonté d’expérimentation ou par soif de comprendre, de se comprendre!
Pour le lecteur, l’histoire se lit facilement, sans heurt, avec plaisir parfois mais découvrir, sans y être préparé, ces facettes de la vie d’Anna aussi banales que fantasmagoriques ne peut que soulever de multiples questions. Qu’est-ce qui est vrai, vraisemblable ou complètement fou et irréel ? Comment faut-il interpréter ces images d’une adolescente en quête d’elle-même ? Peut-on accorder du crédit à une autrice qui déstructure sans cesse le réel pour nous ouvrir à ce que vit la jeune fille ?
Florence Seyos, ne donnera aucune réponse précise à ces légitimes interrogations. Se poser la question n’est pas toujours déjà y répondre ! Au lecteur de prolonger sa lecture. Il refermera le livre, le laissera – ou non – décanter en lui et se sentira nourri -ou pas – par cette approche de l’infinie solitude et des peurs que peut vivre une adolescence en recherche.
Après, il aimera – ou pas – ce récit qui lui aura offert un enrichissement de sa recherche de compréhension de l’autre ou l’aura plongé dans une perplexité abyssale voire dans un rejet total. Quoi qu’il en soit, ‘Une bête aux aguets’ ne l’aura pas laissé indifférent.
Pour ce qui me concerne, j’ai aimé me plonger en questionnement et me sentir provoqué à toujours chercher à mieux comprendre les non-dits qui structurent l’autre.
Ana vit seule avec sa mère. On la suit dans les méandres de sa vie, d'abord petite fille puis adolescente prisonnière d'elle-même et d'un traitement aux allures de paradis artificiels dont on ignore la véritable origine.
Toute la force du roman est dans cette quête de réponses. Ce flottement présent page après page pour tenter de qualifier ce qui n'est jamais nommé, comprendre ce qui n'est jamais compris.
Qui est vraiment Ana, si ce n'est la petite fille qui« entend des voix, aperçoit des lumières derrière les rideaux, surprend des ombres dans le couloir » ?
C'est un hui-clos entre elle et le reste du monde.
Un livre empreint d'étrangeté et de mystère, parfois même à la lisière du fantastique.
Cette dissonance entre Ana et le monde égrène les années entre enfance et adolescence et vise à en exposer les moments de doutes et de peur.
Ceux-là mêmes que Florence Deyvos distille avec perversité et une écriture hypnotique.
C'est un voyage onirique qui jamais ne s'étouffe mais que je déconseille aux lecteurs les plus terre à terre. Il est recommandé aux autres et invite à une relecture pour s'en imprégner davantage.
Anna 12 ans guérit difficilement d'une maladie qui laisse des séquelles neurologiques graves. Un univers différent l'accompagne désormais, elle entend des voix, imagine des situations irrationnelles pour le commun des mortels, et ne doit sa survie qu'à l'absorption de pilules blanches et bleues. Si on parvient à se laisser emporter par la belle écriture qui décrit un fantastique spécifique accompagnant inévitablement la vie d'un malade mental, on pourra peut-être apprécier ce roman !
Un ouvrage lu il y a très très longtemps... et qui pour autant est toujours aussi présent dans mon esprit... J'ai souvenir de l'avoir adoré autant que j'ai éprouvé une très grande tristesse en le lisant... C'est un ouvrage que je conserve précieusement dans ma bibliothèque et que je suis incapable de prêter!
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