Une sublime adaptation qui donne une nouvelle dimension au chef-d’œuvre de l’écrivain britannique
Une sublime adaptation qui donne une nouvelle dimension au chef-d’œuvre de l’écrivain britannique
Je n'avais jamais lu ce roman-culte de 1972 et le découvrir en BD était pour moi une façon de combler cette lacune.
Auteur visionnaire avec ses machines à écrire des romans qui se substituent aux écrivains, et son « parlécrire » remplaçant l'écriture manuscrite, George Orwell nous livre une dystopie qui imagine une société hiérarchisée, appuyée sur la pauvreté et l'ignorance. Fin sociologue, il prédit qu'avec la perte d'un mode de pensée empirique, les progrès scientifiques et techniques vont régresser et avec eux, un bien-être que l'on prévoyait exponentiel. En visionnaire politique, il dépeint un monde régit par trois grandes puissances aux alliances changeantes qui se feront la guerre en permanence. Et avec son analyse très acide des effets psychologiques de cette société « enrégimentée » sur les Hommes, il anticipe leur choix à venir de rester en vie, plutôt que de rester humains.
Le roman, tout percutant qu'il est, m'a semblé quand même assez vieillot et surtout particulièrement pessimiste quant à l‘avenir de notre Société. Mais il est bien typique des questionnements des années 70 et en ça, il se fait le témoin de cette idéologie du siècle passé, avec sa façon très sombre de prévoir l'évolution de l'Humanité.
Les illustrations de Fido Nesti sont aussi noires que le texte et certaines scènes de torture sont difficiles. Mais elles reflètent bien l'état d'esprit d'Orwell et redonnent corps à ce roman qui a influencé toute une génération et restera une référence.
Une lecture qui m'a semblé parfois longue mais que je ne regrette pas d'avoir achevée et qu'il serait salutaire de lire ou de relire, pour garder un oeil avisé sur les dérives de la pensée collective « influencée » qui menace notre individualité.
Comment ne pas relire Orwell en ces temps politiquement et technologiquement instables...
J'étais curieuse de retrouver Orwell sous un format différent, voir la gueule qu'aurait ce roman graphique.
Cette BD était attendue dans le monde entier, elle est sortie en septembre 2020.
Le texte de 1948 étant tombé dans le domaine public, il en existe maintenant moult versions.
Bon, je ne vais pas vous retoquer l'histoire de 1984, c'est tout de même un grand classique de la littérature dystopique (si tu ne l'as pas encore lu, à mon sens il faudrait déjà commencer par là), c'est un de mes livres de référence !
En plus j'ai prévu de lire à sa suite Verax de Pratap Chatterjee qui parle justement de surveillance de masse… On est plus très loin d'Orwell aujourd'hui, Big Brother c'est maintenant !
Le roman très sombre retrouve ici son ambiance complètement déprimante, il faut bien le dire (si tu es adepte de romans feel-good, passe ton chemin…), l'illustrateur joue donc avec une palette de couleurs réduite (gris, rouge, noir).
L'oppression est vraiment palpable, la prise de conscience, l'embrigadement psychologique, l'anéantissement de tout sentiment de révolte, l'abrutissement par le travail… Tout est là !
Il ne faut pas oublier qu'en 2018, Bolsonaro est arrivé à la présidence du Brésil, Fido Nesti étant brésilien, il a sans doute voulu aussi nous parler en filigrane de cette actualité qui le concerne plus intimement…
Big Brother est de retour avec le talent de Fido Nesti
J’avais envie de relire 1984 mais sous un autre format et j’avoue que j’aime que la BD s’empare de ces classiques.
Plusieurs adaptations sont à notre disposition, j’ai choisi celle de Fido Nesti, le choix du gris et rouge avec leurs nuances de dégradés m’a séduite et j’ai trouvé qu’elle renforçait cette sensation d’oppression. La lecture m’a fait prendre conscience que l’auteur est non seulement investi mais aussi, me semble-t-il, obsédé par l’actualité de cette dystopie.
Big Brother is watching
Winston Smith, 39 ans, est un maillon de la censure du ministère de la Vérité. Son rôle réécrire l’histoire pour qu’elle colle au présent. Il remanie les archives, son travail est bien détaillé :
« Quelques lignes et un photomaton suffiront pour lui donner vie sans plus tarder. »
Seules distractions dans cette vie grise, est le spectacle mensuel des pendaisons.
Ainsi le 4/04/84 Winston décide d’écrire un journal pour rétablir la Vérité, il y joue sa vie, la peur au ventre.
Très vite il s’aperçoit qu’il a perdu sa capacité à transcrire, à dire. A-t-il perdu la faculté de penser ?
Comme dans le roman, me lecteur s’interrogera sur la novlangue et s’apercevra que la manipulation du langage, des images, l’instauration d’un état d’urgence ont une signification particulière.
Les gens en poste, le sont par leur capacité à renforcer le pouvoir par l’obéissance aveugle sans faillir.
Dans cette version graphique j’ai trouvé qu’inclure beaucoup de texte renforçait ce sentiment invasif s’oppression. C’est à la fois troublant, inquiétant et hypnotisant.
Découpé en trois partie, la première installe la suspicion dans laquelle vit Winston et sa prise de conscience qu’il lui manque quelque chose : les sentiments.
La deuxième partie, l’amour retrouvé. Contactés par un certain O’Brien qui leur remettra une copie du livre de Cassandre.
Cet O’Brien les avertit qu’ils ont peu de chance d’échapper à la Police de la Pensée.
Troisième partie, le piège se referme. Arrestation torture et lavage de cerveau.
Fido Nesti retranscrit cette escalade avec une grande maîtrise.
L’ensemble est remarquable car la force du dessin est à la hauteur du texte et de sa puissance.
Orwell ce visionnaire n’est pas mort :
« Nous détruisons des mots par dizaines, par centaines, tous les jours. Nous dégraissons la langue jusqu’à l’os.
Ne vois-tu pas que le néoparler est de rétrécir le champ de la pensée ? »
CQFD
©Chantal Lafon
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