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"La vie meilleure" est une biographie romancée qui retrace la vie fascinante d'Emile Coué, le célèbre inventeur de la méthode qui porte son nom. Connu surtout grâce a cette formule "Chaque jour, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux". Mais comment est-elle née ? Qui est vraiment Emile Coué ?
Étienne Kern s'attache à raconter le destin de ce pharmacien né à Troyes en 1847, pionnier de la psychologie positive, et considéré comme l'un des hommes les plus célèbres du monde quand il meurt en 1926 à Nancy. Emile est mal aimé d'un père issu d'une famille noble, fils unique, il devient pharmacien et ouvre son officine où il va découvrir l'effet placebo, l'illusion est donc la formule magique à tout : Emile se lance dans la méthode de l'autosuggestion.
Charlatan pour certains, guérisseur pour les autres, il fera tout de même la une du New York Times et vendra des centaines et des centaines d'ouvrages de sa méthode. En filigrane, Étienne Kern nous livre une part de son histoire personnelle pour nous faire comprendre que la littérature et l'écriture sont le meilleur moyen de s'inventer une vie meilleure !
Après nous avoir dévoilé l'histoire de l'inventeur du costume parachute mort en sautant de la Tour Eiffel en 1912 dans "Les envolés", Etienne Kern revient avec Emile Coué comme une nouvelle envie de mêler l'enquête à l'écriture littéraire. Un style que j'aime, un roman où beaucoup de tendresse en ressort, ce qui fait d'Emile Coué un beau personnage de roman.
"La vie meilleure" est un récit passionnant, à la fois léger et délicat, comme l'auteur nous a déjà prouvé en 2021 avec "Les envolés". Sobre et pure, un très beau moment de lecture une nouvelle fois pour Etienne Kern.
Ce que j’aime, chez Etienne Kern, c’est sa faculté à entrer discrètement, par la porte de service dans la vie de personnages presqu’entièrement tombés (c’est le mot !) dans l’oubli ou tellement dissimulés dans l’ombre de leur nom que l’on a oublié qu’ils furent un jour des êtres de chair et d’os, des êtres de joie et d’angoisses, de convictions et de doutes, afin de nous donner à voir et à entendre ce qu’il s’imagine avoir pu être leur quotidien et leurs conversations. Après une enquête de fourmis consciencieuse dans laquelle ses antennes ultrasensibles font merveille, il nous livre comme autant de trésors les gros morceaux comme les petites miettes, scrupuleusement récoltés, liant l’ensemble comme un orfèvre au fil d’or de ses propres souvenirs. Cette fois, il nous invite à la rencontre d’un homme dont nous avons sans doute déjà tous prononcé le nom en oubliant qu’il était celui d’un pharmacien d’une autre époque, pétri du désir d’accompagner ses contemporains dans leur quête de « La vie meilleure », celle où la neurasthénie dessert son étreinte et laisse le corps s’épanouir en toute quiétude, en toute confiance. La méthode d’Emile Coué, car c’est bien de lui qu’il s’agit, lui a survécu au-delà de toute espérance, reléguant son créateur au rang de fantôme à peine plus brillant qu’un autre dans la nuit de la mémoire collective. Cheminant sur ses pas avec respect et empathie, Etienne Kern prête à cette gloire passée la douceur de ses mots, la beauté de sa plume, la subtilité sensible de sa curiosité des hommes. Dans cet être de parole et de contact, il a reconnu un compagnon de conviction : si les mots ont un rôle à jouer, s’ils ont une force et une utilité, c’est de rendre la vie meilleure, soit en la libérant des maux qui l’entravent, soit en la parant de beauté, mais toujours en se mettant au service de la pensée et en nouant des liens entre les individus. C’est d’ailleurs un grand bonheur de renouer avec la sobriété précise et porteuse d’émotion du style d’Etienne Kern. Tant qu’il nous sera donné de le dire, la vie, c’est sûr, s’en trouvera meilleure…
Son premier roman retraçait le parcours de Franz Reichelt, un inventeur si follement accroché à ses rêves qu’il mourait en 1912 de n’avoir su renoncer à tester contre toute raison son improbable costume-parachute. Etienne Kern s’intéresse cette fois à un autre « envolé », lui aussi et à la même époque à l’origine d’une idée dont on ne se souvient plus aujourd’hui que pour s’en moquer, visionnaire incompris ou mystificateur génial, l’on ne sait : Emile Coué.
Qui se souvient de la célébrité, en son temps, de ce pharmacien originaire de Troye qui, ayant découvert l’effet placebo, consacra sa vie à tenter d’améliorer celle de ses patients grâce à sa méthode fondée sur l’autosuggestion ? « Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux. » Convaincu – à moins qu’il feignît de l’être ? - du pouvoir des mots mais aussi de l’écoute et de la sollicitude pour soutenir les malades en marge de leurs traitements habituels, il se fit le chantre de la pensée positive, au grand scepticisme du monde médical, et obtint des résultats parfois si surprenants que sa réputation fit bientôt le tour de la terre.
Alors, charlatan ou philanthrope ? Le portrait que dresse Etienne Kern laisse entière l’ambiguïté, préférant s’attacher à une autre question : qu’est-ce qui, en vérité, l’attire tant chez ce personnage et son histoire oubliée, dont on fait quand même assez rapidement le tour ? Et c’est un autre fil narratif, certes émouvant mais peut-être trop personnel et bateau pour passionner réellement, qui s’entremêle à la biographie, mettant en perspective la propre histoire de l’auteur, son impuissance face à la souffrance de proches et son application à réenchanter le monde par l’écriture.
Entre cette consistance relativement anecdotique et les résonances quasi feel good du récit, la délicatesse doucement mélancolique de la plume, à la fois légère et grave, a bien du mal à contrer le désappointement du lecteur après le beaucoup plus intéressant Les envolés.
Tout le monde croit le connaitre, et il est souvent évoqué avec dérision. Pourtant, on ignore le plus souvent tout de cet homme qui voulait le bonheur des autres, ou tout au moins atténuer leur mal-être. La méthode fait sourire, « Je vais bien, tout va bien », et pourtant elle a fait de nombreux émules si l’on en croit le succès d’essais de développement personnel qui croulent sous les injonctions à se concentrer sur le positif quand la charge est trop lourde.
Emile Coué, donc, puisque c’est lui, était pharmacien à Troyes. A partir d’un cas où les résultats avaient dépassé ses attentes, il a patiemment mis au point les préceptes de sa théorie, qu’il a largement diffusé dans le monde entier, puisque sa célébrité a dépassé les frontières. C’est sur cet itinéraire que repose ce récit. Le propos rebondit sur les racines d’une propension à l’auto-dénigrement, ancrées dans l’ombre d’un père insatisfait, la psychanalyse déploie ses ailes à cette époque.
Un parallèle habile, avec la démarche prospective de l’auteur se documentant sur le sujet, en proie lui aussi à ses propres souffrances, enrichit le sujet.
La méthode est-elle efficace, peu importe. Le roman, lui, fait du bien.
248 pages Gallimard 22 août 2024
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