Une liste des indispensables qui traitent du harcèlement
La parole des auteurs vous présente le roman dEric Reinhardt Le système Victoria (éditions Stock).Si David Kolski, architecte reconverti en directeur de travaux, avait renoncé à adresser la parole à cette inconnue croisée dans une galerie...
Une liste des indispensables qui traitent du harcèlement
Une idée originale pour ce roman magnifiquement écrit. Je l'avais acheté sachant que Suzanne habite Dijon, ville chère à mon coeur...
Toutefois, il ne faut pas commencer à s'assoupir dans son lit en le lisant sous peine de perdre le fil des histoires des deux principaux personnages !
Avec Sarah, Susanne et l’écrivain, Éric Reinhardt dont j’avais lu Comédies françaises, s’est lancé dans un exercice littéraire qui lui permet de se régaler mais qui m’a souvent désorienté. Ce mélange de réalité et de fiction, avec ces deux femmes semblables et différentes auquel s’ajoute l’écrivain, n’est pas facile à suivre. Souvent, je me suis posé la question : qui parle ou de qui parle-t-il ?
Pourtant, lorsque j’ai écouté Éric Reinhardt parler de son livre aux dernières Correspondances de Manosque, j’ai eu très envie de le lire car ce procédé littéraire singulier m’intriguait beaucoup.
Voilà donc Sarah qui confie son histoire à l’écrivain après avoir lutté contre un cancer du sein. Cet écrivain décide, en plein accord avec elle, de lui trouver un avatar qu’il nomme Susanne. Elles ont toutes les deux 44 ans et leurs enfants portent les mêmes prénoms : Paloma et Luigi. L’une est architecte, l’autre généalogiste.
Si Sarah habite au bord de l’océan, ils décident de faire vivre Susanne à Dijon. Si leur vie de couple paraît idyllique, des failles surgissent bientôt et cela devient vite choquant lorsque j’apprends que le mari possède 75 % de leurs biens et l’épouse seulement 25 %. Lorsque, logiquement, celle-ci demande un rééquilibrage, elle se heurte à un refus obstiné.
Pour faire vivre son personnage de fiction, l’auteur emprunte à la vie de Sarah mais peut s’en écarter à tout moment pour conduire ce que l’on peut comparer à une descente aux enfers. L’écriture d’Éric Reinhardt est soignée, délicieuse souvent et je reconnais que ce livre avait toutes les qualités littéraires pour décrocher le Goncourt, mais…
Débarque alors l’affaire du tableau remarqué par Susanne chez un antiquaire. Cela déclenche toute une histoire que j’ai trouvée pénible même si je comprends que l’auteur s’appuie dessus pour accompagner la dégradation psychologique de son héroïne.
Si Sarah a quitté le domicile conjugal pour faire une pause, Susanne en a fait autant et cela contribue grandement à accentuer une déchéance de plus en plus inéluctable qui me semble incompréhensible avec un séjour à l’Hôpital psychiatrique La Chartreuse, à Dijon. Au passage, l’écrivain fait part de ses réflexions, fait une entorse à la dramaturgie et à la vraisemblance. Il analyse pourtant bien la psychologie des enfants et c’est intéressant.
Bien sûr, arrive Venise, site idéal pour faire rêver le lecteur car il s’y passe toujours des histoires d’amour réelles ou fantasmées. Lorsque Momo se présente dans la lente remontée de Susanne vers la lumière, surtout lors de la rencontre avec son mari, voilà enfin du palpitant et des dialogues percutants, enfin, pas seulement les dialogues… Il en est de même lorsque Susanne se retrouve chez ses parents en Alsace. La discussion est animée et pleine d’humour.
Un épilogue, sous la forme d’une longue lettre signée Sarah, permet de faire le point et d’apporter de bonnes nouvelles, confirmant aussi toute la gratitude de cette femme pour l’écrivain. Cela est amplement mérité mais je redis toute la difficulté éprouvée au cours d’une lecture parfois lassante.
Si Sarah, Susanne et l’écrivain, roman d’excellente facture, ne m’a pas convaincu, je salue tout de même le talent d’Éric Reinhardt qui n’hésite pas, en cours d’écriture, à faire partager ses problèmes d’auteur. Sarah et Susanne, Susanne ou Sarah, ces deux femmes qui n’en font qu’une, ou pas, m’ont souvent fait souffrir avant de sortir par le haut de situations bien compliquées causées par leur mal-être et un mari exécrable.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/02/eric-reinhardt-sarah-susanne-et-l-ecrivain.html
Margot, l'épouse d'Éric, a été victime d'un cancer du sein. Pendant toute la durée de sa maladie, elle n'a cessé d'encourager son mari à écrire, lui fixant même une échéance ambitieuse pour la sortie de son prochain roman.
Mathilde, l'épouse de Nicolas, chef d'orchestre et compositeur, est victime d'un cancer du sein. Elle ne veut pas que son mari mette se carrière entre parenthèses le temps des traitements et le pousse à continuer à composer la symphonie sur la quelle il travaille.
Dans "L'amour et les forêts", l'auteur raconte deux fois la même histoire, vécues par la victime, puis par l'une de ses proches. Le changement d'angle de vue fonctionne plutôt bien.
Ici, Reinhardt nous raconte deux histoires, celle d'Éric et Margot, puis celle de Nicolas et Mathilde, qui sont en fait la même, jusqu'à cet improbable coup de foudre pour Marie, cette autre victime d'un cancer, que vivent les deux hommes. Et si, en nommant les couples j'ai mis le prénom de l'homme avant celui de la femme, ce n'est pas un hasard. Car le roman ne traite pas du cancer de la femme, mais de l'homme face au cancer de sa femme. Très égocentré, non ?
Les personnages manquent d'originalité ; ils ne parviennent pas à nous surprendre ou à nous émouvoir. L'après-midi qu'Éric passe à pleurer sur sa salade à la table d'un restaurant lyonnais paraît tellement exagérée, surfaite...
Jusqu'à l'écriture qui devient pénible : un peu trop ampoulée, manquant de rythme, de variété... On s'ennuie ferme assez vite. À croire que l'auteur a écrit pour ses petits cercles d'admirateurs ou de contempteurs, pas pour être lu par un large public.
Une grosse déception !
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2024/02/27/la-chambre-des-epoux-deric-reinhardt-chez-foliogallimard-une-grosse-deception/
C'est un beau livre à deux voix d'abord :
- celle de Sarah, femme de 45 ans, deux enfants, un mari, 3 sculptures dans le jardin, ancienne architecte devenue sans activité professionnelle ;
- et celle de Susanne, son double fictif inventée à partir de son histoire par un écrivain.
Puis, le livre va continuer à 3 voix avec l'écrivain qui se dévoile vers la fin à travers Susanne qui recoupe leur deux vécus.
L'histoire est sombre, terrible, de cette violence silencieuse ordinaire mais sans mièvrerie, sans guimauve, sans glauque, sans aucun déjà vu qui pourrait se résumer par les mots de Susanne : "Mon devoir est terminée, les enfants sont élevés avec brio alors dehors maman, dehors l'épouse, pas un merci. Limogée sans le moindre égard" (p. 380).
L'écriture est belle, relancée par l'écrivain parfois pour des précisions. Le début peut être difficile car on mélange Sarah et Suzanne à la lecture. Puis on cherche les différences, on traque même les divergences les plus infimes (Sarah habite en RDC alors que Susanne habite au 1er étage), on regarde comment les deux avancent.
Il y a une réflexion sur la littérature, sur l'art, sur la lumière, sur ce qu'est être une femme de quarante ans dans un couple où le mari est gentil parce que tout lui est bénéfique (il investit pendant que sa femme passe son argent dans un quotidien volatile, il construit sa carrière, il fait sa vie...). Cela est aussi la vraie vie.
J'ai pensé à Laure, la protagoniste de "Feu" de Maria POURCHET, où tout s'écroule en silence mais uniquement pour la femme, pas l'homme.
"Sara, Susanne et l'écrivain" est un très beau roman, avec un style fin et fluide.
Mais il ne faut pas lire l'épilogue : cela gâche tout, semble surfait et ajouter à la va-vite.
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