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Issu de la classe moyenne et diplômé de Sciences Po, Dimitri a 27 ans. Il est reporter à l'AFP lorsqu'il se lance dans une longue enquête sur la naissance d'Internet : contrairement aux idées reçues, le système de transmission de données qui est à la base de la révolution numérique a été développé de manière déterminante par l'ingénieur français Louis Pouzin, jeune homme de 84 ans que Dimitri rencontre et interviewe. Cet entretien lui dévoile que, dès 1973, les recherches menées au sein de son laboratoire ont été entravées, puis suspendues par les pouvoirs publics - Valéry Giscard d'Estaing en dernière instance - sous la pression du puissant industriel et lobbyiste Ambroise Roux. C'est sur lui que Dimitri oriente alors son enquête, mettant au jour une « certaine France ». Jeux d'influences, intérêts privés, corporatisme, rejet de ces nouveaux venus que sont les informaticiens : les Français font le choix de s'engager dans la voie du Minitel, une somptueuse impasse, alors que les Américains, en s'accaparant l'invention de Louis Pouzin abandonnée par notre beau pays, s'emparent du leadership mondial de la création d'Internet. Fasciné par les arcanes du réel, Dimitri se rêve aussi romancier (il a un projet de livre sur Max Ernst et Jackson Pollock, ou plus précisément sur le déplacement de l'épicentre artistique mondial de Paris à New York à partir d'une après-midi fantasmée, celle du 23 juin 1942), et vagabonde de ville en ville à la recherche d'instants qu'il voudrait décisifs. Il multiplie les rencontres, y compris amoureuses, avec des filles comme avec des garçons : une manière comme une autre, cette fougue, sa colère chevillée au corps, de poursuivre sa vie, ou une idée qu'il se fait d'elle, une course qui anime le désir et déjoue la mélancolie. Et c'est justement par sa richesse et sa complexité, voire ses contradictions, que Dimitri est une figure révélatrice de cette génération dont il nous dévoile la saveur et les conflits.
Chronique Nathalie Bullat
Si vous êtes passionné d'informatique et par l'histoire d'internet, quand ce n'était que des balbutiements, que personne n'y croyait, ce livre, basé sur des faits réels, est pour vous. Il évoque les années 70 à travers quelques grandes figures du monde de la politique, de l'industrie et des affaires. L'ingénieur Louis Pouzin et l'homme d'affaires Ambroise Roux , vous connaissez ? Je les découvre .
Mais il n'y a pas que cela, le sentiment amoureux, le hasard, le moment où la vie bascule, où l'on passe à côté d'un événement ou d'une rencontre importante façonnent aussi cette histoire.
La plume d'Eric Reinhardt est riche mais la construction du roman m'a parue complexe, tissée comme un patchwork où s'imbriquent deux histoires. J'ai dû le décortiquer. Trop long, trop alambiqué (envie de sauter des paragraphes, serai-je la seule ?) j'ai bien failli laisser tomber et
pourtant j'ai découvert un évènement important et intéressant que je ne connaissais absolument pas. Le fait qu'un des pères d'Internet était français, Louis Pouzin, et qu'en 1974/75 le gouvernement de l'époque (Giscard) poussé par un puissant homme d'affaires, Ambroise Roux, a interrompu son programme de recherche et l'a laissé filer aux USA alors que la France devait les devancer : être le première !! Elle a préféré le minitel à Internet !!!
Dimitri, jeune homme de 27 ans, meurt dès la première page ! C'était un idéaliste, plutôt très à gauche, travaillant à l'AFP, toujours dans l'attente d'un nouvel amour ! Il aimerait écrire des livres dont un sur le peintre Max Ernst. Il est surtout fasciné par la révolution numérique.
A Madrid, en pleine lecture des Essais , il est subjugué par une jeune fille ( qu'il avait d'abord pris pour un garçon!), il la suit , s'invente des histoires, la retrouve à Bordeaux. Dimitri tombe très souvent amoureux, collectionne les expériences, passe sans cesse à autre chose . Et surtout il est impressionné par les personnages de Pouzin et Roux, s'interroge et mène son enquête : pourquoi, à cause de qui et à quel moment la France est passée à côté de l'aventure d' Internet . Reinhardt au passage égratigne le Pouvoir en place à cette époque qui n'a pas su et pas voulu faire face aux puissants lobbyings en ne laissant à la France, jouer aucun rôle dans cette aventure du numérique.
Roman difficile mais qui trouvera et passionnera son public !
E.Reinhardt, Gallimard, "la Blanche", c'était vraiment bien parti pour un bon moment de lecture . Que nenni, et quel ennui!
Je ne mettrai pas en cause l'écriture de l'auteur , toujours brillante, mais j'y ai vu une sorte d'expérience littéraire, la déconstruction d'un roman , d'où un agacement que je n'ai pu réprimer. Que de redondances! Je n'ai pu que le lire en grande diagonale et cela sans même perdre le fil du récit malgré des situations parfois cocasses et la vie tourbillonnante et bourrée de fantasmes d'un Dimitri, jeune journaliste .
Il se pique d'enquêter sur le lobbying et les pratiques obscures de certains industriels.
Ce que nous promet la quatrième de couverture est un peu beaucoup exagéré.
Quant aux revers français de l'Internet dus au président Giscard, ne pas oublier qu'il s'agit d'un roman du moins je l'espère dans la tête de l'auteur.
J'ai lu sur Babelio,et le recommande vivement, un billet de "REMDESP" (Remi Desprès) daté du 7 janvier sur ce roman qui éclaire vraiment le pourquoi du comment de l'Internet français.
Éric Reinhardt que je lis pour la première fois m’a emmené dans un roman un peu fou, très long, un peu trop à mon goût. Pourtant, je reconnais que la plume de l’auteur est alerte, incisive, efficace, et qu’il sait accrocher l’intérêt de son lecteur tout en révélant des informations très instructives.
Tout commence avec la quête d’une fille croisée dans Madrid, fille que Dimitri, le narrateur, veut absolument retrouver, croit reconnaître mais disparaît avant qu’il ait pu l’aborder. Seulement, avant que cette quête commence, l’auteur avait inséré l’avis de décès de Dimitri Marguerite et les circonstances de l’accident de voiture qui a causé sa mort, le 16 juillet 2016, sur une route de Bretagne. Sa compagne, Pauline, qui conduisait, étant indemne.
Madrid, Paris, c’est en 2015 puis l’auteur permet de faire connaissance avec son héros qui m’a entraîné dans le monde du lobbying puis dans l’enquête journalistique. Spontané et curieux, Dimitri n’a pu poursuivre son travail trouble de consultant et se retrouve journaliste à l’AFP.
C’est à partir de là que sa rencontre avec Louis Pouzin enclenche ce qui est le cœur du livre : l’histoire de l’inventeur du datagramme qui avait mis au point, bien avant les Américains, ce qui deviendra Internet. Oui, vous lisez bien, Internet aurait dû être français si Valéry Giscard d’Estaing, cédant aux pressions du plus grand patron de l’époque, Ambroise Roux (CGE), n’avait sacrifié tout ce que préparait Louis Pouzin et son équipe à l’IRIA (Institut de recherche en informatique et en automatique) de Rocquencourt. Tout cela pour que la France soit la première à mettre au point le… Minitel.
L’histoire, la quête plutôt, de Dimitri est infiniment détaillée. L’auteur répète plusieurs fois certains épisodes, avance, revient en arrière puis m’emmène subitement sur les traces de Max Ernst depuis sa maison de Saint-Martin d’Ardèche jusqu’à New York avec les surréalistes, André Breton, Jackson Pollock, Lee Krasner, sans oublier leur égérie et mécène : Peggy Guggenheim. C’est complet, documenté, agrémenté d’anecdotes savoureuses, étonnantes dont le texte foisonne mais j’ai trouvé cela beaucoup trop long.
Finalement, me revoilà au cœur du sujet : Ambroise Roux (1921 – 1999). Éric Reinhardt, en utilisant la fiction, réussit à rappeler l’histoire de cet homme qui influença tellement les décisions politiques des années 1970. C’est souvent critique, voire caustique et les aventures sentimentales de Dimitri offrent quelques respirations salutaires.
Je ne peux passer sous silence la désopilante analyse de la biographie du grand homme rédigée par une journaliste à particule, reine de la brosse à reluire.
Comédies françaises est un livre à lire, assurément, car ce que nous vivons aujourd’hui avec la toute puissance des Américains grâce à Internet, aurait pu être évité comme le démontre brillamment Éric Reinhardt.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Premier livre de Eric Reinhardt pour moi et j'ai passé un bon moment en compagnie de son personnage, Dimitri. Ce jeune homme dont on va découvrir le parcours tout au long du récit, va se lancer dans une carrière de journaliste au sein de l'AFP et va mener une enquête sur la naissance d'internet. Au fil de ses investigations, il va découvrir comment cette invention a échappé à la France.
Voilà pour l"histoire, du moins celle que vous pouvez découvrir sur le résumé apparaissant en quatrième de couverture. Car ce roman est bien plus foisonnant que ça, d'ailleurs cette histoire d'internet ne devient le centre du récit qu'à la moitié du livre. Et avant vous allez me dire ? Avant, le lecteur aura l'occasion de se familiariser avec le personnage, de découvrir son parcours, sa personnalité, sa vie, ses amis, ses passions.
De nombreuses (très) longues digressions jalonnent la lecture. On peut par exemple noter plusieurs dizaines de pages sur l'exil d'artistes aux USA au cours du second conflit mondial, le courant artistique du surréalisme et l'éclosion de l'art aux USA. On y croise ainsi d'illustres personnages comme Max Ernst, Marcel Duchamp, André Breton ou encore Jackson Pollock.
Bien que longues, j'ai trouvé ses digressions passionnantes. Elles font un peu sortir le lecteur de l'histoire principal mais on y apprend beaucoup de choses puisque l'ensemble est très bien documenté. Le thème central de l'histoire avec l'invention d'internet apparait d'ailleurs également sous forme de digressions sur plusieurs personnages qui ont eu un rôle important dans cette histoire. D'ailleurs avec toutes ses digressions, la chronologie de roman est parfois un peu hasardeuse mais personnellement je m'y suis retrouvé et cela ne m'a pas dérangé dans ma lecture.
Il y a quand même clairement quelques passages qui auraient mérité un peu plus de concision. Je pense notamment aux longs passages sur l'industriel Ambroise Roux qui sont parfois un peu répétitifs, je pense qu'il y avait moyen d'épurer un peu tout ça pour éviter de donner cette impression de répétition.
Et puis au-delà de ces moments historiques, des personnages célèbres, il y a le jeune Dimitri. La grande histoire va donc côtoyer la petite histoire et on en découvre plus sur sa personnalité au fur et à mesure de l'avancée du récit, entre deux digressions. Le moins que l'on puisse dire c'est que ce personnage n'est pas lisse loin de là, parfois attachant, parfois clairement agaçant, le lecteur va pouvoir découvrir plusieurs facettes de sa personnalité lors de passages qui permettent aux lecteurs de souffler un peu après avoir pris une masse importante d'informations historiques dans la figure.
Par ailleurs, et c'est important de le préciser, ce roman est vraiment engagé. L'auteur donne à lire ici une vraie critique des lobbys, des élites, du capitalisme. C'est vraiment bien traité, parfois avec un humour très corrosif que j'affectionne particulièrement.
Tout ça nous donne un roman vif, vivant, passionnant à lire bien que certains passages auraient pu être un peu plus concis. L'ensemble reste vraiment sympa à découvrir, le style de l'auteur est très agréable. J'ai apprécié cette lecture et malgré ses petits défauts je trouve que ce livre vaut clairement le détour.
Dimitri est un jeune homme né en 1989 dont on apprend dès les premières pages qu'il est décédé dans un accident de la route à l'âge de 27 ans, qu'il était passager d'une BMW dont la conductrice aurait perdu le contrôle, sans explication. La majorité des personnages présents dans le roman sont inscrits sur la page du faire-part, cependant pas tous. Est notée également sur celle-ci : " Que sa curiosité insatiable, son humour, sa colère et son idéalisme nous servent d'exemple à jamais."
C'est donc la vie de Dimitri Marguerite qu'Éric Reinhardt va nous raconter dans Comédies Françaises. Nous rencontrons ce jeune homme rêveur, railleur aussi, une première fois en juin 2015, à Madrid en Espagne. Alors qu'il flâne, en soirée, une jeune femme attire son attention. Le hasard fera qu'il sera amené à croiser à nouveau cette belle, mystérieuse et insaisissable inconnue plusieurs fois, à Paris puis à Bordeaux. Cette quête amoureuse est présente tout au long du roman.
Mais faisons connaissance avec ce jeune homme passionné par le domaine du spectacle vivant et le théâtre. Il est un élève brillantissime mais arrête tout en 2008 alors qu'il est en 2ème année de classe préparatoire scientifique, pour le théâtre. Recalé au concours du Conservatoire national de Paris, il s'inscrit à Sciences Po Paris où il peut enfin s'épanouir un peu, allant au spectacle quasiment tous les soirs. Mais c'est un poste dans un cabinet de lobbying qui va se présenter à lui et qu'il va accepter notamment pour le salaire très attractif. Mais sa culture politique d'extrême-gauche le contraindra à démissionner. Ne sachant pas vers quel métier il va pouvoir se tourner, une amie lui parle alors du concours organisé chaque année par l'AFP pour recruter de jeunes reporters. Il se présente et est admis.
Il propose à Louis Pouzin, l'inventeur du datagramme, c'est-à-dire d'Internet de le rencontrer en vue d'écrire un livre d'entretiens. Intrigué et curieux de comprendre pourquoi les recherches de cet ingénieur français ont été brusquement interrompues par les pouvoirs publics en 1974, il mène son enquête. En parallèle, ayant été profondément marqué, à 18 ans par un documentaire sur Max Ernst, il projette d'écrire comment ce dernier a transmis le flambeau de l'avant-garde artistique à Pollock. Il a donc toujours sur lui pour noter, deux carnets : un carnet Clairefontaine bleu à motifs écossais, à spirales et à petits carreaux consacré à ce projet de roman et un carnet rose clair, où s'accumulent ses notes sur le datagramme, Louis Pouzin et la création d'Internet.
C'est un roman d'une richesse inouïe dans lequel le domaine artistique, avec ces magnifiques pages dans lesquelles Dimitri - l'auteur ? - révèle sa passion pour les arts de la scène, avec le surréalisme et comment la peinture abstraite américaine a été autant mise en avant et a connu une telle notoriété, contrebalance le domaine politique avec sa noirceur et ses dessous de table.
Chacun de nous a entendu parler du lobbying et en connaît la définition. Mais la description qu'en fait Éric Reinhardt est absolument remarquable et convaincante. Je n'imaginais pas que ce pouvoir des lobbies était déjà aussi présent dans ces années 1970 et surtout aussi puissant. Que cet industriel Ambroise Roux ait pu être assez influent pour avoir sabordé l'Internet français et la manière dont cet omnipotent patron de la CGE (Compagnie Générale d'Electricité) a mené à bien sa besogne est vraiment époustouflant !
L'auteur aurait pu écrire un vrai documentaire sur ce fait et sur cet homme. Son talent a été d'écrire un roman passionnant en faisant mener l'enquête par son héros. De plus, l'humour vient souvent agrémenter ses propos, notamment lorsque Dimitri lit des passages du fameux roman Un prince des affaires de Anne de Caumont : jubilatoire.
Ahurissant et écœurant, le pouvoir que peuvent avoir ces lobbyistes sur les hommes politiques et leurs décisions ! Il suffit de regarder ce qui se passe en ce moment, en ces temps de confinement avec les chasseurs pour s'en convaincre.
Comédies françaises est un savant mélange de roman social, de roman historico-politique où la rêverie amoureuse, le sentiment de perte du réel sont aussi présents.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Premier livre que je lis de cet auteur. Je me suis forcée à avancer et finir. Une histoire oû l'on se perd dans les labyrinthes de la pensée de l'auteur. Dans sa prolixité obsessionnelle. A force de préciser on perd l'intérêt et le récit s'enlise et nous nous décourageons. Entre mythe amoureux, spiritisme et rechercres sur ce grand scandale du rejet du precurseur d'internet par nos gouvernements, on s'ennuie. Ce sont des magouilles politiques où se succèdent Giscard, Mitterrand, manipulés par des hommes d'affaires vereux mais bien choyés des president se mirant narcissiquement dans le discours frelaté des truands aux gants blancs.
A la recherche de l'amour qui finira par se concrétiser, le tout s'arrêtera brutalement, incompréhension pour sa compagne et pour nous aussi.
L'histoire se répète. Début des années 1970, Louis Pouzin invente un concept de réseau maillé d'ordinateurs (le datagramme) préfigurant le futur Internet. Le monde des télécoms et les politiques de l'époque rejetteront ce concept lui préférant le Minitel, avec la suite que l'on connait !!
Une centaine d'années plus tôt, la même déconvenue frappait un jeune employé des Postes et Télégraphes du nom de Charles Bourseul. Charles Bourseul avait imaginé dès 1854 le concept du téléphone. Son idée sera rejetée par ses supérieurs hiérarchiques ainsi que par l'Académie des Sciences qui jugera ses idées utopiques. L'idée du téléphone électrique était pourtant déjà là. 35 ans plus tard, l'intuition de Charles Bourseul sera reconnue par l'Etat Français qui l'élèvera au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur. Trop tard, le téléphone avait été inventé par Alexander Graham Bell...
Ce roman protéiforme est incroyablement vivant ! J'ai aimé les deux comédies françaises racontées dans ce roman ... à moins qu'il y en ai plus que cela !
Le premier roman dresse le portrait d'un jeune journaliste, Dimitri dont on apprend dès la première page sous forme de faire-part qu'il a trouvé la mort à 27 ans dans un accident de voiture. Eric Reinhardt prend le temps de nous présenter ce personnage aussi attachant, intéressant qu'agaçant. Il déroule le fil de la vie de Dimitri, brillant, mobile et insaisissable à travers une carte du tendre très mouvementée, Dimitri tombant souvent amoureux et courant après une femme qu'il rencontre en plusieurs lieux. C'est assez irrésistible, on a l'impression d'être dans un Truffaut à suivre un personnage qui fusionnerait le Jean-Pierre Léaud de Baisers volés et le Charles Denner de L'Homme qui aimait les femmes, irrésolu, idéaliste et ayant du mal à s'extraire de ses rêves pour vivre dans la réalité.
Le deuxième roman est une enquête, celle que poursuit Dimitri, en fait le récit d'un fiasco français qui a conduit la France à passer à côté de la possibilité de devancer les Etats-Unis dans la création d'Internet. La thèse d'Eric Reinhardt est ultra convaincante et documentée, construite autour du témoignage de l'ingénieur informatique Louis Pouzin : il a conçu le système de transmission de données électroniques, le datagramme. Même si je ne suis pas du tout fan ni experte en geekerie, l'auteur nous ferre en construisant son enquête quasi comme un thriller. Les pages sont mordantes et fort sarcastiques, tirant à boulet rouge sur la vieille France, sur les privilèges d'une classe politique sclérosée par le lobbying, sur le corporatisme stupide des corporatismes et l'impunité des puissants qui ont aveuglé et manipulé le pouvoir en place ( en l'occurence Valéry Giscard d'Estaing qui se targuait pourtant de modernité et a choisi le Minitel plutôt qu'Internet ). C'est acerbe et hautement réjouissant !
Pour autant, est-ce que j'ai aimé que ces deux romans n'en forment qu'un seul ? J'avoue que je n'ai pas toujours vu le lien entre le récit intime centré Dimitri et l'enquête à charge. C'est vrai que dans les deux cas, Eric Reinhardt pointe du doigt ces moments où le destin bifurque, ces événements qui devient le cours des choses et font basculer dans un après. Mais il m'a manqué un autre fil conducteur que le simple fait que Dimitri mène l'enquête lui-même. Bref, je me pose encore la question.
Ce qui est sûr, c'est que ce roman est d'une vivacité remarquable. Que l'acuité sur l'époque dont fait montre Eric Reinhardt crève les pages. Que le style de l'auteur est incontestablement brillant, son écriture, totalement maitrisée, emplie de nombreux degrés, m'a régalée, notamment dans les dialogues. Et quel humour, qualité plutôt rare pour un roman qui se veut aussi sociologique et politique. C'est souvent très très drôle : les lettres qu'écrit Dimitri à un Giscard nonagénaire pour lui demander des comptes à la frontière du harcèlement sont hilarantes.
A noter une passionnante digression ( ou roman dans le roman, un de plus ) sur la façon dont le peintre Max Ernst apprend à Jackson Pollock la méthode du dripping qui donnera naissance à l'art abstrait américain et permettra à New-York de supplanter Paris comme capitale de l'Art.
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