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Comme le faisait remarquer une lectrice, il manque peut-être à « Cordillera » une vraie dimension sociétale (les mines du désert d'Atacama toutes proches, les luttes des ouvriers …).
Mais faisons le pari que ceci fera l’objet d’un autre livre !
Quoi qu’il en soit, il est difficile de ne pas s’attacher aux personnages de ce roman, ancrés à la fois dans la dure réalité du quotidien et dans la magie propre à l’Amérique du sud ; tous sont magnifiquement campés, qu’ils naissent, vivent, meurent, aiment, se battent pour leurs brebis ou résistent à de difficiles conditions de vie, à l’âpreté du climat, à la pénibilité des temps, aux rigueurs de la guerre...
Certes, la vie est rude, sombre et violente mais c’est toujours l’optimisme qui prévaut sans que rien ne soit jamais décrit avec complaisance ; le style est enlevé, empreint d’une grande poésie et d’un souffle à la mesure des éblouissants paysages andins.
Une belle première fois, une grande réussite dépaysante !
Merci à l’équipe des 68 1ères fois pour cette aventure de livres voyageurs et ses découvertes enthousiasmantes (celle-ci par exemple).
Que ça fait du bien de lire un premier roman qui s'ouvre sur le monde et fait souffler un vent rafraichissant de pur romanesque ! Voici la saga des Silva que l'on suit au début du XXème siècle.
Cette famille chilienne est profondément unie mais chaque membre a sa personnalité, plus ou moins extériorisée, et ses secrets. Delphine Grouès a trouvé la bonne distance pour qu'on les aime immédiatement tout en permettant de voir au-delà d'eux. Même s'ils parlent peu entre eux, ils communiquent en permanence par les gestes et leurs actes.
Ils sont tous très réussis et authentiques malgré un parti pris stéréotypé au départ : les deux frères antithétiques mais qui s'aiment fort : Joaquin, le terrien fougueux qui sent l'appel de la Cordillère des Andes et va embrasser le métier d'arriero pour veiller sur les troupeaux qui vont paître lors des estives ; Esteban l'idéaliste qui choisit les mots de la poésie ; tous deux initiés respectivement par des grands-oncles, charismatiques mentors, un mythique arriero et un aède aveugle. Et leurs parents, le taiseux Cecilio, simple peon dans une hacienda, et Luisa, la magnifique guérisseuse mapuche.
Famine, maladie, deuil, guerre, les coups du destin s'abattent sur les Silva sous le regard de la Cordillère, la Pachamama, la Terre-mère, personnage à part entière, présence grandiose et immuable alors que les hommes passent après avoir cherché à y trouver leur place. C'est vraiment très beau comment Delphine Grouès parle du Chili. On sent à quel point elle connaît et aime ce pays, son histoire, ses mots vibrent de tout cela avec un lyrisme justement dosé, jamais excessif ou envahissant mais qui se déploie avec une poésie touchante.
La narration ommisciente, à la fois naïve et pleine de sagesse, est quelque chose de théâtral, empreinte d'une solennité grave qui enjambe le temps qui s'écoule au fil des chapitres avec une fluidité maitrisée sur un rythme enlevé. J'ai eu souvent très envie de lire le texte à voix haute pour m'emplir de la sonorité des mots et de leur musique, j'ai vraiment apprécié l'usage du passé simple, de plus en plus rare en littérature actuelle.
Il ne m'a finalement pas manqué grand chose pour que ce soit un coup de coeur. le contexte historiques est passionnant mais trop effleuré. Je ne connaissais rien à l'histoire chilienne et il y a énormément de références que j'ai attrapées au vol mais n'est pas compris immédiatement alors que cela aurait beaucoup apporté à ma lecture pour lui apporter de la profondeur : par exemple, il est évoqué Luis Emilio Recabarren, fondateur du premier Parti ouvrier socialiste du Chili, ou plus largement l'éveil d'une conscience politique qui nait dans de violentes luttes sociales dans les mines du pays. Ou encore Eloisa Diaz Insunza, première femme médecin du pays.
Je pense également que le réalisme magique évoqué en 4ème de couverture n'est pas assez exploité. Lorsqu'il apparait, c'est un vrai bonheur et un bel hommage à la littérature latino-américaine qui s'en est fait une spécialité.
En voilà une lecture qui m’a enthousiasmée !
Non pas qu’elle soit drôle, la vie des Silva, c’est même tout le contraire, avec sa pauvreté chevillée à sa condition de famille de péons chiliens, avec ses souvenirs fracassés, arrimés à l’âme du père, avec ses deuils trop tôt arrivés, alourdissant celle des fils, avec la sourde mélancolie voilant la voix de la mère. Mais elle est belle, de cette beauté époustouflante qu’offrent la Cordillère, ses paysages et sa lumière. Elle est grande, de ces hauteurs franchies, maîtrisées, conquises. Elle est chaude, douce et lumineuse, de cet amour humble et sincère, intuitif et silencieux qui tresse entre chacun de ses membres des liens d’une force inébranlable, les soudant au-delà de l’espace et du temps.
Ce qui m’a enthousiasmée à la lecture de Cordillera, outre ses personnages à la noblesse d’âme qui force le respect, outre les paysages à la présence incandescente dans lesquels elle les fait évoluer, ce sont les très grandes qualités littéraires qu’a su déployer Delphine Grouès dans ce magnifique premier roman, y insufflant un rythme, des racines ancrées dans l’histoire, une ambiance, une langue inventive, imagée et poétique dont on espère qu’elle sera sa petite voix, sa petite musique d’autrice à elle, celle que l’on espèrera retrouver dans les romans qui suivront.
Car d’autres suivront, c’est une évidence. Cette première traversée fut si bien construite, si bien menée, d’une intensité à la fois forte et élégamment tenue, cette Cordillera fut si belle sous ses mots, ce premier roman déjà si abouti que l’on attend, en toute confiance, comme le ferait une Luisa, nos retrouvailles avec cette autrice qui vient de prendre son envol, si haut déjà.
Un premier roman qui nous emmène dans le Chili du début du 20e siècle.
Dans un récit alterné mêlant les voix de Joaquin, Esteban et Cecilio
l'histoire d'une famille au cœur des montagnes du Chili des années 1900.
Dans le Chili du début du xxe siècle, la famille Silva, respectée et crainte dans le village, est auréolée de mystère. Cecilio, le père, taiseux, les mains dans la terre rebelle. Luisa, la mère, mapuche, qui connaît le pouvoir des chants et des plantes. Esteban, l'aîné, amené à découvrir, ébloui, l'univers des poètes et de l'imprimerie. Joaquín, le cadet téméraire, gardien de troupeaux, mû par l'appel des cimes. Nombreuses sont leurs épreuves : la colère de la terre, la violence des hommes, la mort, le traumatisme de la guerre. Le clan fait face, soudé par un amour pudique. Dans cette nature indomptable, des cols glacials aux vallons ombrageux, des pâtures verdoyantes aux mines du désert de l'Atacama, chacun chemine vers son destin, sa liberté.
L'auteure nous entraîne dans la vie de ses personnages : Esteban va partir découvrir la vie grâce un grand oncle, le troubadour Demetrio, avec qui il va prendre la route et découvrir le monde de la poésie. Mais il va garder toujours le souvenir de son petit frère, Joaquín. Lui a au contraire les pieds bien ancrés dans la terre et se veut comme le successeur de ce grand oncle, libre comme le condor, un arriero gaucho indépendant.
L'auteure nous décrit aussi très bien les paysages de cette cordillère, cette nature sauvage, hostile. Un univers du travail dans cette nature, parfois hostile et des relations entre les classes sociales dans ces régions (les grands domaines et les histoires de clans) : des cols glacials aux vallons ombrageux, des pâtures verdoyantes aux mines du désert de l'Atacama. De belles références sur les contes et légendes racontés dans les campagnes, dans les marchés.
De beaux portraits, une description de la nature font de ce premier roman un moment de lecture plaisant.
#Cordillera #NetGalleyFrance
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