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Dans les albums des Editions de la Gouttière, il y a souvent des êtres qui dansent et jouent de la musique. Cet album ne déroge pas à ce qui semble être au final une ligne éditoriale, et un joli trait de caractère. L’album est arrivé dans ma boîte aux lettres, comme à chaque fois, accompagné d’une foison de jolies cartes, ce qui est toujours une petite fête en soi. C’est une maison d’édition, dont j’avais pu constater la qualité d’accueil à Angoulême, et le travail remarquablement soigné… Je suis donc ravie d’avoir demandé et reçu ce titre via la dernière opération Masse critique de chez Babélio, dont je n’ai raté en 2022, encore une fois, aucun rendez-vous. Les Vies Dansent est une bande dessinée muette, mais le lecteur peut tout à fait accompagner sa lecture de la 7e symphonie de Beethoven, que l’on retrouve, grâce à un QR code dans les premières pages. J’ai personnellement préféré effectuer ma lecture sans musique. Même si Beethoven a inspiré visiblement cette histoire, sa musique manque parfois, pour moi, d’un peu de légèreté, et je n’ai pas accroché au mélange écoute/lecture… La jeune Louna, à la chevelure flamboyante, apprécie, elle, la puissance de Beethoven, savoure le plaisir de pouvoir aller sur la plage, et de jouer de son instrument, la flûte traversière. Au loin, Satou vit une vie plus difficile, mais aime particulièrement danser. Les deux jeunes filles ne savent pas encore qu’elles vont bientôt se rencontrer… J’ai été particulièrement séduite par la beauté et la douceur des dessins de cet album qui emporte, permet de voyager, et de tournoyer. Je suis relativement passée à côté de son aspect éducatif, vous l’aurez compris, via une collaboration avec l’orchestre de Picardie, qui manque (à mon avis tout à fait personnel) d’un peu de subtilité. Mais je ne pense pas en être véritablement la cible. Car je comprends malgré tout l’intérêt d’un tel partenariat, et je me souviens avoir découvert par exemple, enfant, les instruments via le conte musical pédagogique Piccolo, Saxo et Compagnie, imaginé par Jean Broussolle et dont la première version discographique, a été publiée en 1957, contée par François Périer. Je me souviens aussi de La vie de Mozart, racontée par Gérard Philipe. J’espère donc que cet album fera découvrir Beethoven à de nombreux enfants.
Une BD un peu lourde à digérer, mais qui offre un regard historique mettant très bien perspective, la façon dont l’économie de marché et le libéralisme se sont imposés au monde et en France au détriment de l’emploi qui en constitue la variable d’ajustement. De Pompidou à Macron, en passant par Mitterrand et Jacques Delors, de nombreuses personnalités politiques et économiques interviennent en expliquant leur point de vue et la façon dont les conditions du chômage de masse sont survenues. L’Europe, la monnaie unique, L’euro, des points de vue divers et variés interrogent sur la pertinence des choix qui ont été faits, bons, pas bons ? On a bien du mal à s’y retrouver ! Si l’économie était une science, tout cela serait plus compréhensible !
Sans être un chef-d’œuvre du 9ᵉ art, cet album mérite une attention particulière par le choix de l’auteur, Frank Le Gall, de consacrer son récit, une biographie fictive, à la dernière des victimes de Jack L’éventreur, Mary Jane (Mary Jeannette Kelly). Biographie fictive, d’une jeune femme qui est prétexte à nous narrer, la vie de cette classe populaire, qui vivait dans une grande misère à une époque, celle de l’Angleterre Victorienne dont nous n’aimerions retenir que le faste de la révolution industrielle. Avant d’être victime d’un tueur en série, elle fut avant tout victime de sa condition.
Lors du règne de la reine Victoria, la société anglaise et de façon encore plus marquée, londonienne, est un véritable contraste entre la vie de la bourgeoisie, les nouveaux riches apparus avec l’industrialisation et la population pauvre, très souvent féminine, qui n’ont malheureusement comme choix de survie, que celui de marchander leur corps.
Cette noirceur, dénoncée, mise en lumière par le scénario de Le Gall est très joliment adoucie par les dessins, aquarelles de l’illustrateur Damien Cuvillier. Contraste qui nous rappelle l’opposition des classes sociales.
Ne vous attendez donc pas à en apprendre plus sur le célèbre tueur en série, mais plongez dans le décor de cette période de l’histoire et découvrez la face cachée de Londres.
Un grand bravo à Frank Le Gall et Damien Cuvillier pour ne pas être tombés dans la facilité de faire un énième ouvrage sur Jack The Ripper.
Chronique précédemment parue sur le blog www.sambabd.net
Un nouveau tome des aventures des Lulus et encore une réussite ! Comment font-ils ? Ils, ce sont Régis Hautière et Damien Cuvilier bien sûr. Damien Cuvilier qui nous régale de ses aquarelles tantôt légères (dans les hortillonnages d’Amiens après la guerre) tantôt denses dans le camp de Holzminden, mais toujours parfaitement exécutées. Mentionnons également les cadrages et les dépassements réguliers de la notion « d’angle droit » qui dynamisent le tout. Enfin, tout comme pour le premier tome de ce diptyque, l’attention particulière portée aux « tronches » des personnages qui, c’est le cas de le dire, en disent plus qu’un long discours sur la psychologie de ces derniers.
Hautière, quant à lui, nous offre un scénario dont le rocambolesque assumé laisse tout de même une place très importante à l’anti-militarisme et la critique sociale qui va avec. Car c’est bien là, sous-jacent, qu’est à mon avis le sujet de ce nouvel album.
A travers la figure d’Onésime Decombray, c’est bien l’image du gros bourgeois notable, potentiellement profiteur de guerre, qui se dessine. Celui pour qui vont mourir par millions les pauvres paysans et ouvriers pendant que ce dernier s’entend plutôt bien avec les allemands. Celui qui considère les russes comme des « paysans mal dégrossis » mais qui trouve normal que ceux-ci aillent se faire trucider pour défendre la France (leur alliée), mais totalement inacceptable et inconcevable qu’ils se mettent en grève… Celui qui, 25 ans plus tard, s’il est toujours vivant, choisira forcément son camp du côté de Vichy et de la milice… Bref, un vrai salaud dont on ne sait pas s’il est plus bête que méchant, mais qui, c’est souvent le cas, se pare des habits de la vertu en se rendant à la messe tous les dimanches…
Vous l’aurez compris, je vous recommande la lecture de ce 2ème tome de la perspective Luigi qui est un vrai plaisir.
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