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James Monroe, 19 ans, entre au pénitencier pour y purger une peine de 20 ans de prison. Il y rencontrera le meilleur, l'amitié, une forme de respect humain, etc., et le pire, la violence physique, la violence sexuelle, le mépris de l'institution pour les prisonniers, la mort de camarades dans un incendie volontaire...
Mais le plus difficile reste l'ennui, que l'on cherche à tromper par les relations avec les autres ou via des activités plus ou moins encouragées ou tolérées, comme le travail, le sport et les jeux d'argent.
Dans ce qui est son premier roman, Chester Himes s'incarne dans un jeune blanc de son âge pour revenir sur son expérience de la prison.
Qu'on lui jette la première pierre est donc un roman autobiographique, dont la forme permet à l'auteur de dénoncer, simplement en les décrivant, les violences faites aux prisonniers dans les USA des années 30 et 40. Ce n'est sans doute pas un hasard si Chester Himes s'est campé en jeune taulard blanc : cela lui permet d'éviter le piège du jeune black qu'on soupçonne toujours d'en faire ou d'en dire un peu trop.
C'est aussi un roman sur les rencontres humaines, celles qu'on aurait préféré éviter, celles qu'on a pu développer et celles qu'on regrette de ne pas avoir su approfondir. Rencontres qui vont au-delà du cercle des prisonniers et qui montrent qu'il peut parfois y avoir de la bienveillance entre gardiens et détenus. Si l'auteur a sans doute pu inventer certaines des péripéties touchant les protagonistes, il est probable qu'au plan relationnel le roman soit au plus proche de la réalité, de son vécu et de son ressenti.
Un très beau roman autobiographique, très fort, que j'avais lu il y a environ 40 ans (mon édition date de 1978 !) et que j'ai relu avec beaucoup d'intérêt et de plaisir.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2021/06/17/quon-lui-jette-la-premiere-pierre-chester-himes-clancier-guenaud-un-roman-autobiographique-tres-fort/
Mamie Mason rêvait d'être la grande dame de Harlem, celle qui recevait dans son salon, faisait et défaisait les couples, organisait les plus grandes réceptions. Elle voulait être chic et élancée, porter des robes-fourreaux taille 40, et devait pour cela faire attention à son régime et se faire violence ; mais il lui arrivait de craquer. Elle se faisait de nombreux ami(e)s, et parfois quelques amants, mais aussi beaucoup d'ennemi(e)s. Enfin, elle nourrissait l'ambition de faire la une des journaux...
Contrairement à ce que pourrait laissait penser la collection dans laquelle il est publié, ce roman n'est pas un roman-policier, pas même un roman noir. L'auteur se livre ici plutôt à une étude de mœurs, ou plus exactement réalise une caricature d'étude de mœurs de personnages caricaturaux ! Et il le fait avec la verve qui est la sienne dans les polars de la série Cercueil et Fossoyeur.
On découvre donc Mamie Mason, son petit monde d'amis noirs ou blancs, ses rêves de grandeur et ses intrigues. Les personnages festoient et boivent, beaucoup, font l'amour et trompent leurs conjoints, souvent, se déchirent et se réconcilient, parfois.
Écrivain noir du milieu du 20ème siècle, on comprend que Chester Himes ait eu du mal à s'imposer dans une Amérique blanche, et soit artistiquement contraint à l'exil. Quand on lit Mamie Mason, plus que tous ses autres romans, on comprend pourquoi il ne fit pas l'unanimité, et ait eu du mal à s'imposer, dans la communauté noire. Il n'est pas tendre avec elle !
Mais c'est écrit avec tellement d'allégresse et de truculence qu'on ne peut que tout pardonner à l'auteur, et prendre un énorme plaisir à le lire !
http://michelgiraud.fr/2020/05/19/mamie-mason-chester-himes-gallimardfolio-truculent/
Roman Hill, accompagné de de sa compagne et de M. Baron, le vendeur, teste la toute nouvelle Cadillac qu'il vient d'acquérir. Un moment d'inattention, et il renverse une vieille femme qui traversait la rue, et ne s'arrête pas. Juste derrière survient une Buick avec trois hommes habillés en policiers à son bord. Ils interceptent la Cadillac, la vident de ses occupants et volent la voiture.
Quelques instants plus tard, une fusillade éclate devant un bar faisant deux morts et un blessé, l'homme politique Casper Holmes, qui s'est en outre fait voler les cinquante mille dollars que son parti venait de lui remettre pour lancer sa campagne électorale.
Les policiers Johnson, dit Ed Cercueil, et Jones, dit Fossoyeur, entrent alors en scène et ne mettent pas longtemps à découvrir que les auteurs de la fusillade sont les trois faux policiers. Il leur faudra quelques jours pour démêler tous les fils de cet imbroglio et remonter jusqu'aux coupables.
On ne présente plus les deux policiers héros de Chester Himes, mélanges détonnant de tendresse et de violence. L'intrigue tourne ici autour de Casper Holmes, politicien très influent à Harlem, au comportement bien étrange pour une victime.
On retrouve dans ce roman toute la gouaille de l'auteur, qu'il utilise pour décrire un Harlem haut en couleurs et pour dénoncer tout autant les violences faites aux afro-américains que celles qu'ils s'infligent entre eux.
L'intrigue est menée à un rythme fou dans les rues enneigées de New York, laissant de nombreux cadavres sur les trottoirs. Himes multiplie les scènes improbables.
C'est le cinquième roman de la série, et ce n'est certainement pas le meilleur. J'ai trouvé l'écriture moins vive que dans les précédents, multipliant les incohérences. L'auteur s'est certainement fait plaisir, mais il nous a un peu perdu en chemin...
A Harlem, le roi des naïfs, la reine des pommes, c'est Jackson. Imabelle, sa petite amie, n'en veut qu'à son argent. Pour arriver à ses fins, elle s'acoquine avec trois malfrats, rois de l'arnaque, violents mais maladroits. Jackson n'a d'autres recours que Dieu, qui ne lui est pas d'un grand service, et son frère Goldy, petit escroc et bonne soeur à la ville, qui, flairant le bon coup, tente lui aussi à le posséder. Comble de malchance, Jackson tombe sur les deux flics les plus impitoyables de Harlem, Ed Cercueil et Fossoyeur Jones. Mais Il a la foie Jackson, en Dieu et en Imabelle, et il est prêt à aller jusqu'au bout pour sortir, croit-il, sa belle du pétrin...
La reine des pommes est le premier roman policier de Chester Himes, un roman écrit en anglais, mais initialement publié en Français (l'auteur vivait à Paris et c'est Marcel Duhamel qui l'a convaincu de se lancer dans le polar). Il inaugure la série Ed Cercueil et Fossoyeur Jones.
J'ai lu, et aimé, ce roman il y a plus de 30 ans (mon exemplaire a été imprimé en 1984 !), et je viens de le relire avec un très vif plaisir.
Le texte est porté par une écriture extrêmement imagé, avec beaucoup d'humour, un humour souvent grinçant ; une écriture truculente, que Pagnol a certainement appréciée s'il a lu C. Himes.
L'intrigue, noire et violente, totalement délirante, n'est qu'un prétexte pour :
- analyser une psychologie simplifiée des personnages, autour de deux grands traits de caractères : crédulité/roublardise et bonté/violence, le versant noir l'emportant le plus souvent...
- dénoncer le sort réservé aux noirs par les blancs, dans les années 50, sans quasiment jamais en parler ; un tour de force ! Harlem, un monde noir, est ghettoïsé, on le devine, par les blancs, mais ceux-ci sont quasiment absents du roman, à l'exception de quelques policiers figurants et, personnages plus marquants, du très intéressé entrepreneur de pompes funèbres et du district attorney qui synthétise l'affaire dans les dernières pages.
- dénoncer l'attitude des noirs qui répondent aux violences subies des blancs, par la violence entre eux, reproduisant, à l'encontre des plus faibles d'entre eux, le comportement de "l'oppresseur" blanc.
Certains disent que ce roman est daté, et il faut bien reconnaître que le Harlem du début du 21ème siècle n'as plus grand chose à voir avec le Harlem de Chester Himes. Mais peut-être n'a t'on fait que déplacer le problème un peu plus au nord, vers le Bronx ?
Je trouve pour ma part le sujet encore très d'actualité : combien de Jackson se sont faits plumer dans les magouilles financières de cabinets tels que Mossack-Fonseca (voir le film The Laundromat : L'Affaire des Panama Papers, de Steven Soderbergh, sur Netflix) ? Sans parler des islamistes, dont l'argent ne vient ni ciel ni de la sueur du travail, qui croient reproduire les violences subies lors de la colonisation, et qui ont tué plus de musulmans que de chrétiens...
Une satire truculente de l'Amérique des années 50 qui pourrait être transposée sur des sujets au coeur de l'actualité.
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