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Gontran Pelpoir est un érudit : il est professeur d’université spécialisé en langues anciennes, traducteur et auteur de romans que l’on pourrait qualifier de très sérieux, son plus grand succès étant la traduction comparée des fables d’Esope. Un jour, son éditrice Anaïs l’appelle pour lui faire une proposition : elle cherche quelqu’un pour rédiger la suite du roman pour enfants Peter et Eliott le dragon. Le problème, c’est que Gontran Pelpoir déteste les enfants ! L’écrivain accepte finalement : son roman est une réussite totale, les chiffres de ventes s’envolent et il est contraint d’enchaîner les salons et de rencontrer son public, composé – vous vous en doutez – d’une multitude d’enfants criards et repoussants. Il est également invité à rencontrer sa plus grande fan, la princesse Bianca du royaume de Présigurie, et se retrouve embarqué dans une aventure qui va déstabiliser ses convictions et peut-être changer sa vie…
Le début du roman est vraiment satisfaisant : d’une part, l’idée de départ annoncée par le titre est très intéressante, d’autre part, c’est raconté d’une manière très drôle. Le portrait du professeur est savoureux et les premières rencontres avec le public et les autres écrivains dans les salons sont cocasses. La bascule se fait lorsque Gontran Pelpoir arrive au royaume de Présigurie : je ne dirais pas qu’il y a un changement de ton car l’auteur, Bertrand Santini, continue de miser sur l’humour, mais ce n’est pas l’humour des premières pages. C’est une accumulation de situations absurdes et de révélations prévisibles. Je n’ai pas compris deux ou trois scènes qui, à mon avis, sont mauvaises tant elles misent sur un rocambolesque grotesque. C’est dommage, il y avait de quoi faire quelque chose d’à la fois drôle et touchant, et c’est sans doute les deux adjectifs qui reviendront le plus pour qualifier ce roman ; mais, pour moi, c’était too much, sans pour autant être une catastrophe. Je suis incapable de dire si L’ Écrivain pout enfants qui détestait les enfants plaira à sa cible.
Mais quelle bêtise d’avoir attendu autant de mois, que dis-je d’années pour lire Hugo de la nuit. Tu as envie de me jeter des petits cailloux et tu as raison. Profil bas !
Dès le prologue, je plonge dans un univers sombre où un jeune garçon, Hugo, vient de mourir. « Hugo aurait dû ressentir de la peur, de la terreur même, à planer au-dessus du monde dans les bras d’un fantôme. L’enfant n’éprouvait pourtant qu’un sentiment d’abandon, tout au plus teinté d’une vague appréhension. » De là, il m’est impossible de reposer le livre. Qu’est-il arrivé à Hugo ? Que fait-il au milieu de fantômes ? L’inquiétude me gagne pour cet enfant de 12 ans. Je veux savoir. Et maintenant, toi aussi. Haha !
« Alors, bienvenue Hugo, dans un monde plus magique que le plus magique des rêves ! »
Bertrand Santini parvient, avec ce conte fantastique, à me faire croire que les fantômes et les zombies existent. Et c’est là qu’il est très fort. Et oui, il n’allait tout de même pas me plomber le moral avec la mort du garçon dès la première page. Mais comment fait-il ? Je vais te le dire, à toi : il joue. Voilà, c’est dit. Bertrand Santini joue avec mes émotions et tout du long. Une belle palette qui a oscillé entre trouille et bravoure, entre frissons et éclats de rire. Tout s’est enchaîné pour mon plus grand bonheur.
Immense coup de cœur pour Hugo de la nuit et Bertrand Santini. J’ai aimé les personnages, l’histoire, le lieu, tout, absolument tout. Un régal que j’ai d’ailleurs glissé à l’oreille de mon neveu « lis-le il est super, tu vas adorer ».
« -La mort, mes amis, la mort est une victoire ! Car seul celui qui a vécu connaîtra ce jour de gloire ! »
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2023/05/09/39903836.html
Bertrand Santini, comme de nombreux auteurs, s’empare de la figure du Monstre et de ses nombreuses failles. Ici, il s’amuse à torturer le monstre et d’ouvrir un domaine sujet à de diverses blagues. Le Yark a mal aux ventres s’il ingurgite des enfants méchants et finit aux toilettes avec une envie irrépressible de se vider. Le Monstre devient alors ridicule tout en restant féroce. Les illustrations de Laurent Gapaillard s’inscrivent dans une belle tradition de l’illustration, mêlant influence gothique et caricature mordante. Ce conte est drôle, piquant, rocambolesque quand il réunit des enfants terribles, le Père Noël et l’amitié avec une petite fille sage dans un phare.
Les dessins sont riches de détails et la précision du trait apporte un réalisme déroutant au Yark. Il est autant effrayant qu’attendrissant. Cette boule de poils reçoit des câlins et c’est compréhensible. Mais qu’il ouvre la bouche, alors on est pris d’une envie de s’échapper très rapidement. Cette attention aux moindres aspects apporte beaucoup d’intensité dans la narration. Les descriptions de Bertrand Santini sont dans le même esprit. Il décrit précisément les intentions de son personnage, ses habitudes, ses envies, son profond désir de manger des enfants. La cruauté n’est jamais bien loin de la faiblesse de ce Yark et ce jeu d’écho nous surprend et nous fait rire.
Il est rarissime que j’abandonne une lecture en cours de route : en général, même quand le livre ne me plait pas particulièrement, je m’oblige tout de même à le terminer, à lui laisser sa chance jusqu’au bout. De toute ma vie de lectrice, je n’ai donc dû abandonner purement et simplement que deux ou trois livres. Il m’est cependant arrivé de temps en temps de cesser ma lecture en me disant que je retenterai plus tard, car je sentais que ce n’était pas le bon moment. C’est ce qu’il s’est passé pour Hugo de la nuit : je l’avais déjà commencé il y a quelques années, mais j’avais préféré le laisser de côté en attendant un moment plus opportun, car je n’étais visiblement pas dans le bon état d’esprit pour l’apprécier « à sa juste valeur ». Du moins c’est ce que j’espérais à cette époque. Maintenant que je l’ai enfin lu en entier, je comprends parfaitement mon moi d’il y a quelques années qui n’avait pas été convaincue … mais je comprends aussi pourquoi certains lecteurs l’ont apprécié, même si ce n’est pas mon cas.
Hugo, douze ans et des poussières, vit avec sa mère autrice, son père botaniste et son chien dans un vaste domaine au cœur de la garrigue. Tout se passait bien jusqu’au jour où d’étranges flaques de pétrole se sont mises à remonter à la surface … Si bien des propriétaires se seraient réjouis de cette découverte, les parents d’Hugo en sont plutôt contrariés : fini la tranquillité, ils font désormais face au vandalisme répété de ceux qui cherchent à les faire quitter la région pour se jeter sur cette terre en or noir. L’espoir renait lorsque le père d’Hugo découvrit quelques plants d’une plante supposément éteinte depuis 1902 ! Il allait ainsi pouvoir faire classer le domaine en zone protégée … Mais la procédure s’éternise, et chaque jour, le risque que quelqu’un vienne bruler, arracher ou piétiner cette si précieuse fleur se fait de plus en plus grand. Mais le pire est encore à venir : voici venir une nuit terrifiante, une nuit où les fantômes dansent et où les plus noirs secrets se dévoilent ...
Je dois bien reconnaitre être quelque peu perplexe vis-à-vis de ce livre : objectivement parlant, il n’est pas mauvais, et même plutôt original. Je saisis parfaitement pourquoi il semble si apprécié par les autres lecteurs, mais ça ne l’a pourtant pas fait avec moi. Là où les autres saluent le côté burlesque, baroque, loufoque, fantasque du récit, je critique pour ma part ce même côté burlesque, baroque, loufoque, fantasque. Car trop, c’est trop. Au début, ça confère une ambiance un peu décalée, un peu hors du temps, à l’histoire, et c’était plutôt agréable et rigolo. Mais très rapidement, ça devient tout simplement malaisant et agaçant … Vouloir « dédramatiser » la mort, pourquoi pas (et encore, je m’interroge vraiment : est-ce une bonne chose que de présenter la mort avec tant de légèreté et d’insouciance à des jeunes adolescents qui sont en plein dans l’âge où on est déjà mal dans sa peau et dans sa vie ?), mais à ce point, c’est plutôt malsain, morbide et irrespectueux. « Morte à la suite d’un heureux événement » devient donc l’épitaphe d’une jeune mère morte en couches, qui ne cesse de reprocher à son désormais fantôme de fils sa « maladresse » … Désolée, mais moi, ça ne me fait pas rire du tout.
En ce qui concerne l’histoire à proprement parler … Je dois avouer que ça ne m’a pas plus convaincue : ça part dans tous les sens, comme si l’auteur avait mis pleins de petits bouts de papier « situations » dans un bocal, avait secoué, et avait tiré au sort pour déterminer l’ordre de tous ces bouts de récits. Ça donne quelque chose qui n’a ni queue ni tête. En temps normal, j’apprécie le côté décousu des récits un peu oniriques, mais cette fois-ci, une fois encore, trop c’est trop. Je ne savais plus où donner de la tête, et je ne voyais plus du tout quel était le fil rouge de l’histoire. Encore une fois, c’était complétement déjanté, mais dans le sens négatif du terme : on parle d’une chose à une autre sans en approfondir aucune, juste pour donner l’illusion d’un rythme trépidant et d’une intrigue haletante alors qu’il ne s’y passe finalement rien de bien concret. Les personnages eux-mêmes ne semblent pas savoir ce qu’ils veulent : comment voulez-vous vous attacher à eux ? Aussi incroyable que cela puisse paraitre, c’est la brave Aza, la nourrice et cuisinière attitrée de la famille, qui m’a le plus émue alors qu’on ne la voit qu’à deux reprises !
Malgré tous ces points négatifs, ne vous y trompez pas : il y a du bon dans ce roman. Du bon qui n’a simplement pas été exploité jusqu’au bout. Bien que cela m’ait décontenancée au début, car je ne m’y attendais pas du tout, le fait de suivre le jeune Hugo dans sa mort plutôt que dans sa vie m’a semblée originale, audacieuse et prometteuse. Car parler de la mort, c’est parler de la vie, de façon détournée : certains passages entamaient d’ailleurs cette réflexion sur le sens de l’existence, sur la folie de la vie … Mais cela s’arrêtait aussi soudainement que ça avait commencé, et c’est bien dommage. « Le monde est un endroit cruel, injuste et absurde », explique la maman d’Hugo à son petit garçon, tout en rajoutant que « les histoires sont faites pour consoler et donner du courage ». Si nous entrevoyons bien à quel point le monde peut être violent et terrible, on ressent beaucoup moins ce réconfort et cette espérance. L’auteur n’a finalement fait que survoler les choses, et il m’a donc laissée sur ma faim. De la même manière, si j’ai trouvé le « dénouement » pour le moins sympathique (quoi qu’un peu trop « classique », vu et revu), et si j’ai trouvé le twist final franchement excellent (on ne sait vraiment plus ce qui est réel et ce qui ne l’est pas), tout ceci est bien trop rapide : c’est dommage !
En bref, vous l’aurez bien compris, bien que ça ne soit pas une réelle déception (car il y a certains éléments qui m’ont interpellée et même plu), ça ne l’a pas vraiment fait chez moi : ce fut une lecture plutôt quelconque, qui me laisse un petit arrière-gout d’inachevé. L’auteur avait de très bonnes idées, qui auraient pu se transformer en un récit franchement palpitant et intéressant, mais il n’est pas aller au bout de ces idées, et ça ne donne donc qu’un récit un peu plat et fade. Certains apprécieront sans doute le côté totalement grotesque et absurde, mais pour ma part, je n’ai pas réussi à apprécier cet humour macabre. Je regrette également les trop nombreuses grossièretés et obscénités, la violence sanguinolente à outrance (pitié, nous sommes dans un roman jeunesse, pas dans un thriller gore, un peu de retenue) … C’est comme si l’auteur avait mal dosé son public cible : d’un côté, il nous offre un récit bien trop « simpliste » pour plaire aux adultes, de l’autre, il nous sort une histoire bien trop brutale pour convenir aux plus jeunes. Un livre qui n’est donc pas mauvais en soi, mais qui ne correspond pas à tous les lecteurs.
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2020/10/hugo-de-la-nuit-bertrand-santini.html
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