Que dire après toutes les chroniques racontant l’histoire et affichant leur enthousiasme ?
Que c’est effectivement un ouvrage marquant qui m’a littéralement donné des sensations gustatives (je me suis mis à saliver à l’énoncé des plats (p 49) à l’occasion d’une « messe » des bons vivants réunis autour de Cyrano) !.
Et oui, « tout est bon » (et c’est pas du cochon) avec les pesanteurs familiales, l’apprentissage de la vie et la découverte des vocations, la transmission, l’amitié, l’amour aussi, … Avec une maxime de vie : “In Voluptate Veritas !”
Et puis graphisme, mise en page et colorisation sont un écrin, avec ce grand format, pour cette histoire qui vous prend de la première page … jusqu’aux dernières (avec le bonus de recettes de cuisine).
C’est vraiment très bon … !
C'est l'année du bac pour Ulysse, héritier d'une grosse fortune. Pression familiale sur les épaules, il va devoir en cours d'année se réfugier avec sa mère en Bourgogne, son illustre père étant soudainement accusé de collaboration.
Ils se retrouvent aux Maranges, lui affublé d'un répétiteur rigide et d'une mère qui ne s'alimente plus, loin de Paris et de sa sempiternelle rigueur à l'excellence.
Il va y rencontrer Cyrano, bourru et caractériel, que toute la petite communauté s'acharne à haïr, et qui va pourtant lui faire découvrir un monde nouveau. Celui de la cuisine... et du plaisir.
In voluptate veritas.
~
Épicure est à table, chaque page de cet album est à déguster avec délectation.
Voir éclore une vocation, tristement réprimée par un carcan familial rigide, mais se battre, se débattre, et en constater les effets en onde de choc est un pur délice.
Ulysse, malgré son jeune âge, se dévoue à satisfaire un père qui ne peut l'être, n'étant jamais parvenu lui-même à satisfaire le sien, s'inquiète pour une mère aussi forte qu'il la croit fragile, et Cyrano...
Celui qu'on dit égoïste, caractériel et mal embouché s'avère n'être qu'un homme de cœur, blessé et taraudé par une douleur qui jamais ne s'est tue...
Chaque personnage de cette histoire est riche, dense, et à toute sa place.
On parle ici de destin, de vocation, de diktat, de filiation, de passion et, bien sûr d'amour profond.
Comme une ode à une quête personnelle du bonheur.
~
Autour de la cuisine, l'accomplissement d'Ulysse et la passion de transmettre de Cyrano, leur lien authentique qui se noue sont un délice à savourer.
Xavier Dorison et Antoine Cristau ayant élaboré une recette, que dis-je, un menu entrée-plat-dessert savoureux à souhait, Stéphane Servain s'est chargé du dressage, et on est loin du routier !
Quand mes émotions ne faisaient pas la plonge intérieure, j'avais l'eau à la bouche !
C'est riche, délicat, savoureux, et si le trait est classique, il n'en reste pas moins efficace et lumineux !
C'est un vrai coup de cœur ! À table !
La cuisine est une histoire de contraste. Dans les textures, les saveurs, les couleurs… Dans cette bande dessinée, c’est la même chose. D’un côté, Ulysse, lycéen, bourgeois, parisien. De l’autre, Cyrano, cuisinier, bourru, bon-vivant, bourguignon.
“Tiens, gamin… Ça va te réconcilier avec la vie !” Ces deux personnages que tout oppose se rencontrent lorsque le père d’Ulysse, accusé d’avoir collaboré avec les Allemands, envoie son garçon en Bourgogne pour l’éloigner du scandale. Entre deux leçons de trigonométrie, il traîne dans les fourneaux de Cyrano, d’abord pour espérer redonner l’appétit à sa maigrichonne de mère, mais ensuite et surtout par plaisir !
Ulysse apprend en cachette auprès de ce monstre de gastronome, qui a brûlé son propre restaurant après avoir obtenu la deuxième place au Prix du Meilleur Cuisinier de France. Pavé de colin aux endives, lièvre à la royale, agneau de lait en croûte d’herbes… Cette cuisine traditionnelle et généreuse est loin de ravir la famille d’Ulysse, prédestiné à reprendre l’entreprise industrielle familiale. “Polytechnique s’éloigne, mais continuez comme ça, vous pourrez toujours devenir éplucheur de patates.”
On ne peut que savourer cette grosse BD à l’intrigue riche en rebondissements et au dessins qui regorge de détails, jusqu’à glisser de véritables recettes dans les dernières pages. “In Voluptate Veritas !”
Ulysse Ducerf est un lycéen promis à un bel avenir. Il vit dans un environnement bourgeois, son père est à la tête d’une entreprise florissante et après son bac, il devrait intégrer l’Ecole Polytechnique (comme son père). Cette vie aurait pu se poursuivre sans embûches si l’entreprise familiale n’avait pas été condamnée pour collaboration avec l’Allemagne lors de l’occupation. Pour protéger sa famille, le père envoie son fils et sa femme en Bourgogne. Ils sont envoyés incognito, le temps que le fils passe son bac et pour ne pas être éclaboussé par le scandale. Ulysse quitte donc Paris pour la Bourgogne où il va se découvrir une nouvelle passion. Pas celle des maths, mais celle de la cuisine.
En parallèle on découvre Cyrano, un cuisinier qui était très coté mais est devenu persona non grata dans son village à la suite d’un événement dans le passé. Au fil de l’histoire, les pièces du puzzle se mettent en place. Bien qu’il ne cuisine plus pour un restaurant, il continue à le faire pour lui-même et pour ses amis proches. Considéré comme une personne bourrue et plutôt solitaire, sa rencontre avec Ulysse va lui redonner une certaine joie de vivre et le goût de la cuisine.
Cette BD traite d’une rencontre entre deux être que tout oppose mais qui ont une passion commune, la cuisine. C’est à partir de cette passion que se crée un lien, les poussant chacun à se surpasser et à aller à l’encontre des conventions ou des préjugés. L’histoire est très bien pensée et amenée, mais il faut également souligner la touche graphique qui réussit avec brio à nous faire entrer dans cet univers. Elle nous fait vivre et ressentir les émotions des personnages, et même (presque) les saveurs des plats cuisinés. On devient comme un observateur attentif, suivant l’évolution des personnages tout en s’imprégnant de l’ambiance. Une lecture graphique à découvrir absolument !
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