Ce road-movie intimiste est l'une des BD à ne pas manquer en cette rentrée
Nous sommes à fin des années 50 et je vous invite à pousser la porte du restaurant Artinos, le meilleur restaurant grec d'Alexandrie. Créé par George Artinos, il est aujourd’hui dirigé par sa fille Leda. Ici se presse une clientèle fortunée, composée de célébrités en tout genre. Ici, tous les soirs, après la fermeture, un groupe d’amis se retrouve pour boire un verre, parler culture, politique et actualité. Autour de la propriétaire des lieux et de son fidèle barman, on trouve une libraire, un avocat, un peintre, un chocolatier. Pour la plupart, ils ne sont pas égyptiens mais ils sont nés ici ou y ont grandi. La douce Alexandrie est leur patrie. Dans cette ville au riche héritage historique et ouverte sur le monde, la mixité des nationalités et des cultures est ancestrale. Pourtant, avec l’arrivée au pouvoir de Nasser, le pays semble prendre une nouvelle direction. Pour la petite bande d’intellectuels et de privilégiés du restaurant, même si cela donne lieu à de nombreuses discussions, la dolce vita égyptienne semble éternelle.
« Au soir d’Alexandrie » exhale les parfums du passé et exalte les splendeurs de la cité alors que de profonds changements sont en marche, que la ville semble se refermer sur elle-même.
Nous suivons les histoires des différents personnages et à travers leur parcours, l’auteur met en lumière le côté obscur de la présidence de Gamal Abdel Nasser, icône du panarabisme, perçu par certains comme un rempart contre Israël et le colonialisme, et par d’autres comme un populiste autoritaire. Il critique le contrôle de l’État militaire sur la vie des citoyens, les espionnant, volant leurs biens, les nourrissant de propagande. Il n’y a plus de loi, la volonté du pouvoir devient la loi. Nous voici témoin impuissant du crépuscule d’une époque.
Alaa El Aswany, de son écriture élégante, si fluide, si simple qu’elle semble presque sans prétention, emporte le lecteur dans un roman politique, nostalgique et foncièrement humaniste.
Si les dictatures sont plus nombreuses que les démocraties, il est parfois des moments où le renversement de l’ordre établi semble possible.
Des révolutions populaires qui éclatent pour réclamer justice et liberté.
Ce fut le cas notamment en Égypte, en 2011. Lorsque la place Tahrir s’emplit de gens rêvant et luttant pour un meilleur pays. En effet, « la morale sans religion est meilleure que la religion sans morale » comme le dit l’un des personnages.
Car cette société égyptienne est gangrenée par la corruption, les passes-droits, les violences. Commises par des gens respectables, des religieux qui maquillent de préceptes religieux leurs aspirations égoïstes.
Mais Khaled, Dania, Achraf, Akram, Mazen et Asma ne baissent pas les bras. Ils sont les visages de l’auteur pour nous conter cette révolution.
Et celle-ci est belle. Portée par des souhaits progressistes et humanistes, fraternels.
Mais les révolutions sont brisées. Par celles et ceux qui sont au pouvoir, qui brassent de l’argent pour manipuler l’information, pour briser ceux qui ont choisi de lutter. Anarchie organisée, désinformation, libération de prisonniers…tous les moyens sont bons.
Les révolutions sont aussi trahies par le peuple, qui observe les manifestants depuis son balcon, qui attend de savoir qui gagnera avant de se prononcer.
La révolution a-t-elle fait progresser l’Égypte ? Le peuple égyptien méritait-il ses jeunes qui ont tout sacrifié ? Pour certains oui, pour d’autres non. À vous de vous faire votre propre opinion en lisant ce magnifique roman, servi par une plume magnifique, sensuelle.
Un roman qui se lit la colère au cœur et les larmes au bord des yeux.
Un roman à découvrir absolument !
« J’ai couru vers le Nil » dont le titre original se traduit par « La prétendue République », est interdit de diffusion dans l'ensemble du monde arabe, à l'exception du Liban, du Maroc et de la Tunisie. Cette censure qui n’a rien de surprenant !
Ce roman polyphonique nous plonge en plein cœur de la révolution avortée de 2011 qui poussa des Égyptiens, tant musulmans que coptes, de tous âges et de toutes conditions, à se rassembler pour manifester contre le Pouvoir en place. À travers quelques protagonistes particulièrement attachants nous vivons les événements de la Place Tahrir, ressentons leurs émotions, leur engouement, leurs espoirs mais aussi leur désenchantement suite à la terrible répression qui suivit.
L’auteur nous décrit également les manœuvres du pouvoir en place qui, avec la complicité des médias, parvint à retourner la population contre les manifestants puis à les briser par la force et la torture.
Un témoignage sans concession et une belle claque.
Le Caire (Egypte) en janvier 2011. De multiples manifestations éclatent, dénonçant la corruption, la répression policière, la misère, l'hypocrisie d'un pouvoir militaire et religieux, .....
La place Tahrir devient rapidement l'épicentre des revendications, le symbole d'un mouvement de fond, d'une révolution naissante.
Asma et Mazen, 2 jeunes étudiants de milieux sociaux différents échangent une longue et profonde correspondance ou révolte et amour naissant se mêlent.
Khaled et Dania, étudiants en médecine vont vivre intensément dans leur chair les violences de la révolution.
Achraf et Akram vont remettre en cause leur modèle de vie pour partager la cause des étudiants et organiser les réunions.
Nourhane, présentatrice télé vedette est prête à tout devenir une "icône" ,un modèle de vertu...
Au travers ces quelques personnages, l'auteur brosse le portrait de la société égyptienne, prise dans l'étau de ses contradictions. Affronter le réel et se lever contre le pouvoir en place ou se comporter en spectateur pour ne pas risquer de perdre ses maigres ressources.
Une oeuvre virtuose, intense, magnifique, intelligente et politique.
El Aswany y dénonce un régime répressif et corrompu, des religieux au comportement d'hommes d'affaires, une justice aux ordres du pouvoir. des fortunes amassées par les dirigeants en Egypte et à l'étranger., les petits arrangements entre le pouvoir militaire et les "frères musulmans".
Mais aussi des médias manipulés, les artistes et célébrités qui collaborent,
Et surtout, les violences militaires, l'emprisonnement arbitraire et l'utilisation de la torture.
La charge de l'auteur ne 'arrête pas au pouvoir, le peuple en est rendu complice :
"Le peuple, pour lequel, les meilleurs d'entre nous sont morts en défendant sa liberté et sa dignité, ne veut ni liberté, ni dignité. Ils acceptent la corruption et y participent".
"Un peuple ignorant, aux idées arriérés qui ne sait pas penser par lui-même". Un enfant qu'il faut protéger.
" Un peuple peureux et soumis de nature au pouvoir. Une culture héritée des pharaons" .
Vous l'avez compris, il s'agit un roman majuscule, d'une oeuvre littéraire majeure.
El Aswany est un conteur hors pair et sait magistralement bien faire transpirer la Grande histoire dans la petite vie de ses personnages.
Un roman qui vaut tout les articles de presse et les reportages télé sur les événements de la place Tahrir.
Un moment de lecture inoubliable !
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