2018 commence abruptement avec la mort des éditeurs Bernard de Fallois et Paul Otchakovsky-Laurens et celle du grand écrivain israélien Aharon Appelfeld.
2018 commence abruptement avec la mort des éditeurs Bernard de Fallois et Paul Otchakovsky-Laurens et celle du grand écrivain israélien Aharon Appelfeld.
Erwin a dix-sept ans à la fin de la guerre. Après une longue errance à travers l’Europe il arrive à Naples avec le groupe de réfugiés dont il fait partie. Le jeune garçon est connu de tous comme “le garçon qui dort” car il a passé tout le voyage plongé dans le sommeil. Devenu apatride, sans famille, le jeune garçon est enrôlé par un envoyé de l’Agence Juive auprès de qui il va apprendre l’hébreu et suivre un entraînement quasi militaire avec d’autres adolescents. Le but est de les préparer à une nouvelle vie dans l’Etat d’Israël qui va émerger. Arrivé sur place, Erwin devient Aharon. Blessé durant l’un des combats de la guerre d’Indépendance, il est hospitalisé de longs mois et retrouve son habitude de se réfugier dans le sommeil. C’est là qu’il retrouve ses parents avec qui il a de longues conversations. De phases de sommeil en discussions avec ses médecins, ses camarades et les pionniers dont il croise la route, Aharon finit par prendre une décision d’importance : prendre la relève de son père et devenir écrivain.
Ce livre est un long questionnement. Erwin doit reconstruire sa vie après avoir traversé le pire et perdu sa famille. Cette reconstruction doit-elle obligatoirement passée par l’abandon de sa langue natale et de son nom ? Doit-il faire du rêve de son père son propre rêve et devenir écrivain ? Et comment le devenir en écrivant dans une langue qui n’est pas la sienne et qu’il ne maîtrise pas encore complètement ? Est-ce que la vie est plus intense lorsqu’on la rêve ?
Au fil du récit, Erwin renoue les fils de son histoire, retisse les liens avec les siens grâce à ses phases de sommeil, apprivoise Aharon, son autre moi, et sa nouvelle vie. C’est un livre plein de profondeur, écrit dans un style tout en sobriété qui va à l’essentiel mais sans mettre de côté l’émotion. Un livre-témoignage fort.
Dans un village d’Ukraine, une jeune femme, Iréna subit de plus en plus difficilement la goujaterie de son mari Anton pour qui seuls comptent le casse croûte quand il rentre du travail et une exigence sexuelle univoque trop fréquente pour son épouse. Sous ses yeux, Illitch, le policier bestial et obéissant aux allemands assassine une famille juive sans aucun état d’âme. Iréna se sentant coupable de n’avoir pas pu éviter le massacre s’en va retrouver sa tante Yanka pour tenter de retrouver un nouveau souffle auprès d’elle. Dans son errance rédemptrice, elle proclame sans cesse que le christ était juif et stigmatise l’horreur des crimes commis en son nom. Les descriptions factuelles horribles et répétées pourraient paraître redondantes, mais elles accentuent l’effet de sidération du lecteur et rendent bien compte de la soif de détruire et parfois, du besoin de réparer.
Théo quitte le camp de concentration n° 8 et n'a qu'une hâte ; rentrer chez lui et retrouver, espère t-il, son père, sa mère et sa tante.
Il erre à pied, fait des rencontres, culpabilise d'avoir quitté les autres rescapés et a de nombreux flash-back sur son enfance.
Il est surtout question de la bipolarité de sa mère et de la solitude de son père.
La difficulté des déportés à mettre des mots sur l'horreur qu'ils ont vécu est abordée.
C'est très bien écrit mais ce petit roman connaît beaucoup trop de longueurs et mon esprit a souvent divagué pendant la marche de Théo.
Fan de cet auteur, mort il y a peu d'années, je suis heureuse de voir que Valérie Zenatti continue à traduire celui qu'on a appelé à tort l'écrivain de la Shoa; ici cela se passe juste avant la guerre dans l'Europe de l'est: des juifs passent régulièrement leurs vacances au bord d'une rivière dont la rive est une plage où certains bronzent, d'autres nagent, d'autres jasent. Le docteur, l'écrivain, la gémissante P., celle qui lit dans les lignes de la main , l'homme à la jambe coupée et surtout le jeune Erwin et sa famille, le père un peu misanthrope et qui préfère la montagne et la mère généreuse , sensible et émotive.
C'est écrit au "je", par le jeune Erwin, dix ans et sept mois; l'enfant est aussi sensible que sa mère et craint la violence à l'égard des juifs (qui ne fait que croître avec les rumeurs de l'approche de la guerre et l'émigration)
Sans doute est-ce partiellement autobiographique, même si le prénom et l'âge ne correspondent pas: l'auteur cite ses propres livres.
La montée de l'angoisse est un peu la même que dans les Déracinés de Catherine Bardon, l'antisémitisme se déploie sournoisement.
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