Il aura fallu attendre neuf ans depuis American Death Trip pour découvrir le dernier volet de la trilogie Underworld USA commencée par Ellroy avec American Tabloïd et American Death Trip. Underworld USA est à la fois le nom du dernier opus et celui de la trilogie dont les deux mille pages couvrent en tout quatorze années de l’histoire politique des Etats-Unis.
Attention, ça balance… Les romans de James Ellroy sont difficiles à résumer, Underworld USA ne fait pas exception. A partir d’un fait divers produit le 24 février 1964, l’attaque sauvage et jamais résolue d’un fourgon blindé à Los Angeles, l’auteur du Dahlia noir tisse une histoire complexe où l’on retrouve tous les grands protagonistes de la politique américaine du début des années 70.
Au rythme lent des 848 pages du roman, l’écrivain suit le destin de trois hommes de 1968 à 1972 : Dwight Holly, le bras armé de Hoover, Wayne Tedrow, un ancien flic trafiquant d'héroïne, et Don Crutchfield, un jeune détective obsédé par les femmes. A travers leurs parcours respectifs qui mettent en scène les mêmes crapules et croisent les mêmes affaires, le lecteur se retrouve plongé dans la corruption, les complots politiques minables et le racisme abject d’une période tourmentée de l’histoire des Etats-Unis.
Avec une quinzaine de livres publiés en trente années, James Ellroy est considéré comme un maître du roman noir américain, mais il n’est ni très lu, ni très apprécié dans son pays. Dans le roman Underworld USA, il a mêlé documents, archives, expérience personnelle et fiction dans un roman criant de véracité. L’écriture, sèche, la matière, rogue, et l’opiniâtre austérité stylistique d’Ellroy ne rendent pas son livre facile d’accès.
C’est au prix d’une assiduité persévérante que le lecteur, imprégné par l’époque, la noirceur des personnages et des enjeux politiques, tombera sous son joug hypnotique. A condition toutefois de passer outre le parfum de haine suffocant qui nimbe chacune de ses pages.
Karine Papaillaud
Underworld USA, James Ellroy (éditions Rivages), 2010
C'est incroyable comme il arrive à faire de la réalité des histoires romancées, dans lesquelles ressurgissent sans arrêt des moments de réalité... ce type est dingue ;) mais passionnant.