Episode 3 (et dernier)
Le jury de la 13e édition du Prix Orange du Livre, présidé par Jean-Christophe Rufin, a sélectionné fin mars les premiers livres en compétition : 21 romans français parus entre janvier et mars 2021.
Vous avez découvert récemment les avis des jurés sur sept livres de la sélection, puis sur sept autres romans, voici maintenant les sept derniers titres à découvrir.
Mathilde Forget, De mon plein gré, Grasset
"Il faut du courage pour porter plainte. Il en faut aussi pour se soumettre au regard d'un enquêteur ou d'un psychiatre. J'ai été ébranlée par la profondeur et la noirceur du premier roman de Mathilde Forget. L'auteure n'hésite pas à associer fiction et réalité pour dépeindre les vices de la société moderne et les dénoncer. Sans tomber dans un militantisme acéré, elle narre les traumas de l'enfance et ceux du viol, l'indocilité des corps face à l'oubli et ce besoin de vivre subsistant. De mon plein gré sublime la brisure et nous emporte totalement !" Marie Jouvin
Madeleine Assas, Le Doorman, Actes Sud
"Aux côtés de Ray, le doorman d'un immeuble de Park Avenue durant quarante ans, j'ai parcouru New-York au gré de ses balades avec son ami Salah, j'ai rencontré ses amis, les résidents de l'immeuble où il travaille et vit.
Au travers de morceaux choisis de sa vie, on partage ses bonheurs et ses blessures, qui sont aussi parfois celles de New-York.
C'est beau, poignant, et ça fait du bien." Cécile Sarabia
Olivier Sebban, Cendres blanches, Rivages
"Avec Cendres Blanches, on plonge en pleine Prohibition en suivant l'histoire d'un frère et d'une sœur.
J'ai découvert une prose tourmentée, âpre et incisive ; de longues phrases et des chapitres courts ; un contraste certain entre le vocabulaire recherché et l'aspect sordide de certaines scènes ; de belles descriptions de nature et un rythme soutenu.
La facilité n'est pas de mise dans Cendres Blanches mais j'ai adhéré et apprécié ma lecture." Cécile Sarabia
Dimitri Rouchon-Borie, Le Démon de la colline aux loups, Le Tripode
"Les confidences maladroites du narrateur révèlent peu à peu l’ampleur du drame qui l’a conduit en prison. C’est sombre, très sombre mais jamais le récit ne se complait dans la description de l’horreur. Au contraire, le récit des horreurs subies, et qui ne laisse aucun doute sur la violence des actes est nimbé d’un voile de pudeur.
Quant à cette écriture, qui peut déstabiliser, elle prend tout son sens, puisqu’elle reflète les insuffisances éducatives qui ont marqué les premières années de l’enfant qui découvre lors de sa première journée à l’école qu’il a un prénom !
Ce roman bouleversant est aussi une prouesse d’écriture qui peut déranger. Il faut tenter de passer outre les réticences d’une forme décalée pour découvrir cette histoire terrifiante." Chantal Yvenou
Isabelle Duquesnoy, La Pâqueline, La Martinière
"Un roman truculent qui dévoile l'enfance de Pâqueline, la mère de Victor Renard, L'embaumeur. Un roman historique avec une pointe d'ironie et beaucoup d'humour. Pas de concession pour l' héroïne que l'on comprend un peu mieux dans ce livre et qui est finalement attachante malgré tout. Un tour de force d'Isabelle Duquesnoy qui permet à ses lecteurs de lire ses deux ouvrages l'un après l'autre ou l'autre après l'un sans que cela gêne la lecture. Un de mes romans préférés de la sélection !" Sophie Wag
François Médéline, La sacrifiée du Vercors, Editions 10/18
"1944, par un jour brûlant de septembre, un commissaire de police et une jeune journaliste américaine se retrouvent à enquêter sur les meurtre et viol d'une jeune fille.
L'atmosphère est explosive, les tensions sont à leur comble, les haines sont exacerbées...
L'écriture de François Médéline, sèche et abrupte, à l'image de ce Vercors dans lequel se situe le roman, dessert parfaitement l'intrigue." Cécile Sarabia
Denis Drummond, Le Dit du Vivant, Cherche-midi
"Le roman propose un mélange des genres, en associant la narration classique, des extraits de journal, des articles, et les témoignages de personnages, ainsi que des explications scientifiques concernant la génétique. Il fait aussi la part belle à l’art de l’estampe japonaise, et au théâtre no.
L’intérêt de la dystopie est de proposer de multiples pistes de réflexion, grâce au décalage apporté par un élément qui rompt le déroulé de nos habitudes de pensée, et de tenter ainsi d’éveiller les consciences.
Denis Drummond signe là un roman original, que le fond philosophique et écologiste inscrit dans une actualité brûlante. L'écriture non dénuée d'humour en fait un agréable moment de lecture." Chantal Yvenou
Un grand merci aux membres du jury pour leurs avis !