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La chronique #14 du Club des Explorateurs : "La forteresse de Breslau" de Marek Krajewski

La chronique #14 du Club des Explorateurs : "La forteresse de Breslau" de Marek Krajewski

Lancé en janvier 2015, le Club des Explorateurs permet chaque semaine à deux lecteurs de lire en avant-première un même titre que nous avons sélectionné pour eux et de confronter ainsi leur point de vue.

Cette semaine, Ronan a choisi Elodie pour partager sa lecture et son avis sur le livre La forteresse de Breslau de Marek Krajewski (Gallimard série noire).

 

L'avis de Ronan

Polar polonais qui se passe tout près de la ligne de front en 1945, alors que les russes viennent à bout des nazis qui occupent la Pologne. C'est un polar historique qui fait penser à la trilogie berlinoise de Philip Kerr. C'est le 5ème et dernier opus d'une série de polars qui se passent à Breslau.

 Il s'agit de l'histoire d'une vengeance : le 1er chapitre a lieu en 1954 et met en présence les 2 personnages principaux, dont on sait alors qu'ils ont survécu - miraculeusement - à la guerre. Mais la vengeance ne s'arrêtera pas là, je ne peux en dire plus !

L'histoire est prenante : on suit avec intérêt les recherches et les doutes de Mock, qui est officier de police allemand, mais qui a été suspendu de ses fonctions. Il pourrait fuir la défaite inéluctable, mais il ne le fait pas, parce qu'il se sent investi d'une mission.

Le personnage  principal est crédible, même s'il ressemble beaucoup aux héros classiques de polar, il picole, il se pose des questions, il cherche la vérité même au milieu des champs de ruines, il fait passer sa mission avant toute autre chose, il se fait taper dessus régulièrement... 

L'écriture est sobre, classique, efficace; l'intrigue est plutôt claire. La violence est assez présente, ce qu'on ne peut guère reprocher à un livre qui parle de la Pologne en 1945. 

Le dispositif qui consiste à placer en introduction  une scène se passant avant le reste du livre fonctionne, j'ai lu l'intrigue au travers de ce prisme pas très net bien sûr. C'est noir, très noir. 

En conclusion, j'ai apprécié la lecture de ce polar, qui raconte de façon réaliste les derniers jours du 3ème Reich.

Ronan Besnard

 

L'avis d'Elodie

Je classerais ce polar historique dans la catégorie des lectures faciles. Aucun ennui, style fluide, une intrigue assez bien menée.

Et pourtant, rien d'extraordinaire. Les perpétuelles tergiversations d'Eberhard Mock entre d'un côté la nécessité de sauver sa vie privée sur le déclin et de l'autre son élan, sa fougue, son zèle professionnels sont quelque peu affligeantes. Plus précisément, ce choix cornélien, qui aurait pu être évoqué discrètement, structure l'ensemble du récit. Du coup, le roman perd son rythme, et son lecteur. Nous sommes déjà prisonniers avec Mock d'un Breslau exigu et assourdissant, où les déplacements du héros sont circonscrits au triangle domicile-prison-lieux de perdition en tous genres. C'est suffisant.

Un peu plus agaçant cette manie compulsive chez les auteurs de polar (et maisons d'édition associées) de vouloir à tout prix ajouter au polar historique une dimension ésotérique ou mystique, qui bien souvent se transforme en pierre angulaire dans la résolution finale de l'énigme. Certains maîtrisent bien l'ingrédient additionnel (je pense notamment à Stephen Greenblatt, même si la dimension mystique était inhérente à la description des mentalités de la Renaissance), d'autres, comme Marek Krajewski ou Raphaël Jerusalmy, auraient pu s'en passer. Toujours est-il que je finis par me demander si ces grands spécialistes, ces chercheurs reconnus, maîtres de conf' et consorts ne chercheraient pas à rompre la morosité des publications scientifiques en jetant leur dévolu sur les pires ingrédients du romanesque. Expliquez-moi enfin cette histoire des Béatitudes qui révèle au dernier moment la monstrueuse duplicité de la comtesse de Mogmitz.

Il me semble que l'excellent polar est celui qui démystifie l'ensemble du récit avec une solution inattendue mais rétrospectivement évidente. Le bon polar serait celui qui, humblement, prépare peu à peu son lecteur à la résolution du mystère. C'était le cas du Lecteur de cadavre d'Antonio Garrido. Tout nous ramenait à la personne du juge Feng. Le mauvais polar est celui qui, sans ménagement, contredit l'ensemble de l'intrigue avec une chute incroyable et injustifiée. C'est ce que j'ai éprouvé à la lecture de La Forteresse de Breslau.

Je regrette de ne pas avoir lu les autres volets de cette histoire de Breslau. Je suis certaine que mon jugement aurait été différent.

Elodie Gode

 

Merci à Ronan et Elodie pour ces chroniques passionnantes !

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