C'est la séance rattrapage : tout ce qu’on avait envie de vous dire, et qu’il ne fallait pas manquer
Ce roman baroque aux allures rabelaisiennes a pour décor un bar congolais où la crasse et la misère font bon ménage avec le rire et l'ivresse. Le narrateur, Verre Cassé, n'est rien moins que le patriarche des lieux, vieil ivrogne désabusé qui vient y oublier au détour d'une énième bouteille les avanies de l'enfer conjugal. Il nous présente toute une galerie de personnages hauts en couleur dont les prouesses sont aussi truculentes que leurs surnoms.
Né au Congo-Brazzaville, Alain Mabanckou enseigne la littérature francophone, à l'université de Californie-Los Angeles (UCLA). Il est également l'auteur de Mémoires de porc-épic, prix Renaudot 2006, disponible en Points. Ses ouvres sont traduites dans une douzaine de langues.
C'est la séance rattrapage : tout ce qu’on avait envie de vous dire, et qu’il ne fallait pas manquer
En partenariat avec les éditions Points
Avec l'écrivain aussi connu que Alain Mabanckou, "Verre cassé" est une lecture loufoque.
Bernard Pivot en a dit : "Verre cassé est une œuvre truculente, exubérante, bavarde, tonitruante, d'un comique sans retenue." (Le Journal du dimanche)
Que dire après cela si ce n'est que ce petit livre est à découvrir et confirme bien le talent de l'auteur ?
Chapeau bas pour un roman écrit sans ponctuation !
Verre Cassé une histoire de bistrot, une discussion de comptoir, le souvenir d’un voyageur qui voit défiler sous sa plume toutes les mémoires des clients du bar des récits en pagaille dont on ne sait plus s’ils sont inventés ou vérifiés
drôle et impertinent ce roman m’a beaucoup plu !
j’ai adoré me prendre au jeu de cette lecture si particulière et particulièrement plaisante de monsieur Babancko.
On notera les différents clins d’oeils de l’auteur aux écrivains illustrement connus qu’il ne citera que par leurs oeuvres :)
Tonton Alain a signé son plus beau livre, Mémoire de porc epic, Black Bazar, Demain j'aurai vingt ans ou encore Le Moise de Louango Petit piment sont des oeuvres de très belles factures qui font de l'auteur un maitre...
Mais Verre Cassé qui l'a vraiment lancé est chef d'oeuvre des chefs d'oeuvre pour l'heure.
Tonton Alain à travers ce roman truculent écrit par Verre Cassé, un client du crédit à voyager dessine l'Afrique une terre encore plongée dans ses travers. Personne n'est épargnée, politiciens, hommes de Dieu, enseignant, prostituée, alcolo... C'est également un roman de la vie qui déborde d'humour, il y a également la nostalgie du narrateur pour sa mère décédée dans un fleuve, ce narrateur qui boit du rouge comme rien et qui se met à la demande de l'escargot entêté, son patron et ami, de rédiger la vie de ses clients.
Plusieurs histoires s'enchaînent dans l'oeuvre, une oeuvre éclatée qui n'a que pour ponctuation des virgules, une oeuvres où maintes citations et ouvrages litteraires fourmillent montrant le génie de l'auteur, donnant un boulot intellectuel au lecteur...
Dès les premiers mots, on sait que l'on aura affaire à un récit peu commun. Pas de majuscules, pas de points. Uniquement des virgules dans un entêtement de mots aux phrases qui semblent sans fin. Autant dire que cela surprend ! Mais ne prenez pas peur. Si les débuts peuvent être un poil tatillons (le temps de s'habituer), on prend vite le train en marche, ou plutôt on se retrouve happé, qu'on le veuille ou non, dans ce bavardage africain plein de drôlerie imagée et de vie à l'état brut.
Verre Cassé écrit comme il discute. Une vraie pipelette ! On commence un chapitre et c'est parti pour une phrase de plusieurs pages, hop ! J'en conviens, cela peut sembler terrible quand on n'a pas lu ce livre, mais, même si j'avoue avoir un peu douté de ma capacité à aimer ce style au départ, je me suis finalement laissée emporter rapidement par ce flot de paroles écrites, par ces histoires fantasques dont les héros sont des ivrognes, des cœurs brisés, des visages ridés, des culs moisis, et j'en passe.
« (...) je voudrais surtout qu'en me lisant on dise « c'est quoi ce bazar, ce souk, ce cafouillis, ce conglomérat de barbarismes, cet empire des signes, ce bavardage, cette chute vers les bas-fonds des belles-lettres, c'est quoi ces caquètements de basse-cour, est-ce que c'est du sérieux ce truc, ça commence d'ailleurs par où, ça finit par où, bordel », et je répondrais avec malice « ce bazar c'est la vie, entrez donc dans ma caverne, y a de la pourriture, y a des déchets, c'est comme ça que je conçois la vie (...) »
Dans un bordel organisé, Verre Cassé nous parle de ses rencontres au bar et ailleurs, il nous raconte également un peu lui et sa vie brisée avec un certain recul et une véritable intelligence d'esprit. Il joue avec les mots, il insère par-ci par-là des références musicales et littéraires, l'air de rien. Il ne manque pas non plus de glisser quelques phrases engagées. Il nous sert aussi des proverbes à la sauce piquante africaine. Il m'a fait sourire plus d'une fois. Moi qui adore l'Afrique et ses habitants, j'étais ravie ! Incontestablement, ce récit original nous fait voyager à sa façon. Il ne ressemble à aucun autre. Il ne peut que soulever le débat, faire fleurir les réactions. Mais sa fin nous explique pourquoi, elle nous touche même, délicatement. Elle contraste avec le reste du récit qui est davantage dans l'humour et une sincérité abrupte.
En bref, ce roman atypique, une fois apprivoisé, nous embarque dans des histoires cocasses et excentriques pleines d'humour sans retenue. Ce texte bavard au rythme effréné, sans majuscules ni points, déroute autant qu'il s'empare de notre esprit. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, on se retrouve embarqué dans une Afrique drôle, dégoûtante, sinistre et touchante aux côtés de héros pathétiques racontés par un Verre Cassé aussi ivrogne qu'intelligent. Un sacré programme !
Merci à Lecteurs.com et aux Éditions Points pour cette lecture singulière !
Alain Mabanckou régale à chaque fois. Petit Piment, si j’ose dire, avait été un délice. Alors, lorsque Lecteurs.com a demandé qui voulait tenter sa chance pour lire Verre cassé, j’ai postulé et j’ai eu le grand plaisir de recevoir cet autre roman, antérieur à Petit Piment mais publié cette année par les éditions Points que je remercie.
D’emblée, il faut se laisser emporter par l’auteur qui nous emmène dans ce bar au nom improbable : Le Crédit a voyagé, tenu par un propriétaire au nom tout aussi étonnant : L’Escargot entêté. Cela peut gêner ou on peut très bien ne pas s’en rendre compte tout de suite, mais il n’y a pas de point, pas de majuscule dans tout le livre.
Verre Cassé tient un journal et raconte tout ce qu’il voit dans ce bar, ce que quelques clients lui racontent tout en évoquant sa propre vie, ses déboires familiaux extraordinaires et les habitudes du pays.
Le récit déborde d’humour dès le début avec le Président de la République, Adrien Lokouta Eleki Mingi, qui veut à tout prix répondre au discours du ministre Zou Loukia diffusé sur Radio Trottoir FM. Pour cela, il fait travailler ses nègres toute la nuit, en appelle à l’Académie Française. Il veut à tout prix une formule qui marque mais sans l’emprunter à un autre : « …les gens oublient malheureusement qui en ont été les vrais auteurs et ne rendent plus à Césaire ce qui est à Césaire. »
Finalement, pour répondre au « j’accuse » de son ministre, le président choisit : « je vous ai compris » et Verre Cassé note : « Le ministre accuse, le président comprend. » Le récit est bien lancé car Verre Cassé est volubile, truculent, critique et il note bien que, dans son pays, la pire insulte est d’être traité de capitaliste !
L’Imprimeur, personnage rencontré à l’Escargot entêté, nous ramène en France car il raconte le sort des Africains installés chez nous. Il parle de nos hommes politiques condamnés ou mis en examen qui sont tous dans Paris-Match. Je note au passage qu’il est possible de manger un poulet-télévision (au micro-ondes) ou un poulet-bicyclette (sur des braises).
La mort de sa mère taraude Verre Cassé qui boit de plus en plus du vin rouge de la Sovinco tout en écoutant L’Escargot entêté qui fait un magnifique éloge de la littérature et des écrivains.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
« Verre Cassé, sors-moi cette rage qui est en toi, explose, vomis, crache, toussote ou éjacule, je m’en fous mes ponds-moi quelque chose sur ce bar, sur quelques gars d’ici, et surtout sur toi-même »
Verre Cassé, l’un de ces piliers du bar « Crédit a voyagé », à Brazzaville, est un ancien instituteur, rongé par l’alcool. Sollicité par le patron dudit bar pour raconter la vie quotidienne de ces oubliés, ces miséreux, ces invisibles qui fréquentant son établissement, il raconte… Il conte la vie là-bas, les illusions et les désillusions, il raconte l’Afrique, les femmes, la déliquescence d’une culture.. Il raconte ces personnages aussi hauts en couleurs que blessés en dedans.. . Il conte sa vie…
« en vrai habitué, je ne quittais plus Le Crédit à voyagé, j’y veillais, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, je ne quittais pas ce lieu d’adoption, et je ne m’imaginais pas ailleurs que là ».
La magie Mabanckou, c’est de rendre alors le lecteur spectateur de ce ballet d’éclopés de la vie, aux surnoms improbables. Il nous livre clés en main, une fable truculente, délicieuse, et subtile. Mabanckou se fait conteur, peintre, passeur d’une mémoire, d’une culture. Verre Cassé , c’est, à mon sens, l’Afrique, celle qui se perd, celle qui se cherche, celle qui possède en elle une richesse inouïe. D’ailleurs, l’Afrique on la respire , on l’entend, on la voit, on la touche, on l’écoute…
C' est également une ode à la littérature, de nombreuses références émaillent ce roman..
Certes le style peu commun (absence de ponctuation autre que les virgules notamment) peut déconcerter, mais il apporte ce « plus » au bout du compte, et génère cette impression d’entendre un griot un tantinet éméché débiter des brèves de comptoir loufoques en apparence (mais le burlesque cache bien souvent la détresse, ne croyez-vous pas ?).Certes, les allusions parfois un peu scatologiques peuvent déranger,c'est là mon seul bémol... Mais à côté de ça, quel régal !
C’est drôle, c’est subtil, c’est jubilatoire, c’est beau, c’est d’une pertinence incroyable, c’est du très grand Mabanckou !
Je remercie Lecteurs.com, grâce à qui j’ai fait cette lecture.
J aime beaucoup Alain mabanckou tant lors de ses interventions télévisées que lors de ses cours au collège de France.
C est le premier livre de cet auteur que je lis:
Verre cassé, un habitué du bar le crédit a voyagé, est chargé de rédiger un cahier sur les habitués du lieu par le patron.
Ce livre permet de retracer la vie des gens pauvres du Congo et leur quotidien.
Mais, Je ne suis pas du tout rentrée dans l histoire, j'ai failli abandonner. J ai été gênée par les nombreuses références scatologiques
Je vais essayer un autre de ses livres pour ne pas rester sur un rdv manqué
Découvrir Alain Mabanckou avec « Verre Cassé » a été une surprise et un délice ! Merci à Lecteurs.com et aux éditions Points.
Ceci dit et cela lu, comment parler de ce livre ?
Une phrase comme une vis sans fin pour un monologue écrit par Verre Cassé, instituteur déchu à cause de son addiction à l’alcool, entouré de personnages tout aussi cabossés que lui. Les raisons ? La délitescence d’une vie, celle de la mère de Verre Cassé, l’absence du père, les séparations, le manque de repères dans un pays où les dirigeants ne dirigent pas… enfin, des navires sans amarres.
Le Président et ses conseillers, puis tous les clients sont acteurs des mémoires du bar « le crédit a voyagé », tenu par l’Escargot Entêté qui veut garder traces écrites de la vie de son établissement et de ses clients, « parce que c’est ce qui reste, la parole c’est de la fumée noire, du pipi de chat sauvage». Sur le carnet destiné à cet effet, Verre Cassé est prié d’y coucher l’Histoire. S’y succèdent : l’Imprimeur, Pampers, Robinette, Diabolique….
Le narrateur emprunte un style littéraire particulier, n’allant pas jusqu’au lipogramme de Georges Pérec, mais construisant son texte sur une phrase unique, sans point donc sans majuscule de début de phrase. Etonnant d’abord, ce style ne m’a cependant pas dérangée, me laissant aller à ponctuer moi-même et à moduler le phrasé de ma voix (basse) là où il se devait. En revanche, l’effet est surprenant sur l’atmosphère, à la fois pesante à cause du mal-être des gens, et allégée par cette sorte de fable dans laquelle Verre Cassé nous entraîne, sans répit comme la vie des clients du « crédit a voyagé ».
Pas un paragraphe, pas une page sans références littéraires semées de ci de là, qui, sorties de leur contexte apportent subtilité et humour. J’ai aimé rechercher et essayer de reconnaître les auteurs des citations et leurs origines, et ainsi voyager avec la littérature.
C’est une culture littéraire très riche qui est mise au service de ce fabuleux carnet de mémoires aussi colorées que les personnages du « « crédit a voyagé ». C’est également une fresque de l’Afrique Noire, à ma connaissance, jamais abordée sous cet angle qui n’épargne ni la colonisation, ni les intellectuels.
C'est un roman très original, à lire absolument.
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