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V13 : c'est le nom de code du procès des attentats terroristes qui, le vendredi 13 novembre 2015, ont causé 130 morts au Stade de France, sur des terrasses de l'est parisien, dans la salle de concert du Bataclan. 14 accusés, 1800 parties civiles, 350 avocats, un dossier haut de 53 mètres : ce procès hors norme a duré neuf mois, de septembre 2021 à juin 2022. Je l'ai suivi, du premier au dernier jour, pour l'hebdomadaire L'Obs. Expérience éprouvante, souvent bouleversante, fascinante même quand elle était ennuyeuse. Une traversée.
« V13 » d’Emmanuel Carrère et l’un de mes coups de cœurs de l’année. Quel livre! Incroyable! Chronique judiciaire des attentats du 13 novembre ce récit nous plonge dans l’intimité d’un procès historique aux dimensions pharaoniques et d’une durée inégalée (plus de neuf mois). Il n’y a ni pathos ni froideur journalistique dans cette chronique. C’est bouleversant, concis et même drôle par instant. Mais par dessus tout c’est humain. Emmanuel Carrère a un don particulier pour décrire les très nombreuses personnes qui assistent à ce procès: que ce soient les victimes, les avocats, les accusés ou les journalistes tous sont devenus réels aux yeux du lecteur et surtout au lieu d’être divisés en bons et en méchants ils ont tous en commun de n’être au final que des êtres humains.
Au début je n’avais pas envie de lire ce livre, pas envie de me replonger de ces tristes jours et émotions.
Et puis j’ai écouté, j’ai lu divers post et un jour il était là mis en valeur à la bibliothèque et je l’ai pris et lu.
C’est un livre humain, qui émeut parce qu’il montre les choses de l’intérieur
En refermant ce livre je me suis demandée quel adjectif j'allais donner à mes amis pour leur parler de ce livre.
La plupart du temps on dit "si si, il faut que tu le lises, il est bien", ou il est réussi, ou encore il est scotchant. Mais là, je ne trouvais pas un qualificatif, mais dix qualificatifs, et en cherchant un peu j'en trouverais certainement cent.
Emmanuel Carrère est à nouveau au sommet de son art, l'art de restituer une ambiance, des faits, des sentiments comme peu d'êtres sont en capacité de le faire. Cet auteur est à fleur de peau, ça on le savait depuis les interviews et émissions auxquelles il a participé. Je dirais même que je le trouve au summum de ce qu'il a fait jusqu'à ce jour. Il déplie pour nous ce procès qui dura 9 mois (sacrée grossesse) en restituant les paroles et les faits sans jamais se substituer à qui que ce soit. Et c'est peut-être bien là que réside son plus grand tour de force.
Emmanuel Carrère nous laisse juste une douzaine de pages avant de nous embarquer dans cet innommable chaos qu'aura été cette soirée parisienne du 13 novembre 2015. Aux côtés des rescapés, des proches de disparus mais aussi des avocats et des terroristes (du moins ce qu'il a pu en déchiffrer), il témoigne et relate sans jamais être ni trash, ni morbide.
Les témoignages et descriptions m'ont semblé plus difficiles à supporter que les polars que j'ai l'habitude de dévorer. Au bout de quelques chapitres je me suis dit, mais pourquoi te fiche tu cette pression à lire ce livre. Ma culpabilité de survivante (un peu comme le disent certains témoins) ? Ou à me rentrer dans le crâne que j'étais bien chanceuse de lire, tranquillement dans mon canapé, la reconstitution d'un des actes les plus abominables de ce début de siècle ? etc etc..
Jamais l'auteur ne juge, jamais il ne se fâche contre les dysfonctionnements des services de renseignements. On dirait que lui aussi, comme beaucoup de victimes, n'aspire qu'à une chose ; que justice soit rendue aux générations actuelles ainsi qu'aux générations futures.
Si ! Finalement je choisirai tout de même parmi tous ces mots et adjectifs qui me venaient à l'esprit : "le plus bel HOMMAGE rendu au V13", du moins jusqu'à ce jour.
Qui d'autre qu'Emmanuel Carrère aurait eu le courage de suivre l'intégralité du procès des attentats du 13 novembre et d'en rendre compte ?
Qui d'autre qu'Emmanuel Carrère aurait su nous émouvoir, nous relater ces témoignages sans voyeurisme tout en nous brisant parfois le coeur car il le faut ?
Qui d'autre qu'Emmanuel Carrère aurait réussi à rendre hommage aux victimes, aux proches, aux avocats, aux magistrats avec une telle humanité ?
Qui d'autre qu'Emmanuel Carrère aurait su aussi dépeindre les accusés sans indulgence mais sans haine ?
Qui d'autre qu'Emmanuel Carrère aurait enfin pu apporter de la légèretés et parfois même nous faire sourire ?
Quelle autre plume que celle d'Emmanuel Carrère aurait eu cette élégance malgré la noirceur du récit ?
Non, je ne vois pas.
L’Histoire avec sa grande Hache
Chroniquer chaque jour ce procès hors norme pour l’Obs, c’est à quoi s’est engagé l’auteur.
Puis, après 9 mois de baignade dans le liquide amniotique de la justice, il accouche d’un livre pour dire l’humanité des victimes, faire entendre la voix de celles et ceux qui ne s’exprimeront plus jamais.
L’essentiel est là, faire entendre les voix des victimes.
Je vais commencer par les coupables, enfin ceux qui sont là mais qui ne sont que piétaille d’une organisation qui les dépasse. Contrairement aux idées reçues, ils ne sont pas issus de familles pauvres ou non intégrées, et à l’issue de ce procès, nous n’en apprendrons pas plus sur les mécanismes qui les propulsent à ce degré d’immondices. Leurs familles sont aussi des victimes. J’imagine mal comment ils peuvent gérer ça.
Ce ne sont que de ternes personnages dans le magma de la banalité du mal, les paroles ou le silence qu’ils nous opposent nous disent le vide.
« Le long processus historique qui a produit cette mutation pathologique de l’Islam » reste avec un immense point d’interrogation.
Les moyens développés pour ce procès sont à la hauteur de cette exception.
Les acteurs aussi, même ceux qui ont la charge de défendre l’indéfendable.
La partie consacrée aux victimes est aux premières loges de ce livre et elle nous fait entendre les voix de « l’exceptionnel », car ces témoignages sont très peu dans la haine.
Nous pleurons Lamia avec Nadia et Lola avec Georges, et tous les autres évidemment.
Des témoignages poignants, car eux vibrent d’une humanité sans faille.
Les descriptions nous font voir ces scènes d’horreur absolue, nous font entendre ces tirs haineux, nous font sentir ce mélange d’odeur de poudre et de sang versé, elles nous font vivre ce chaos, et c’est insoutenable.
Le lecteur est aspiré dans cette spirale infernale. Le gouffre qui s’ouvre entre la vision que les jihadistes ont d’eux-mêmes et ce que nous percevons de ce vide qui les habite est abyssal.
Les familles des victimes ont pris perpétuité.
Les questions en suspens sont vertigineuses.
L’auteur a vécu ce procès, à nous tous de nous emparer de ce récit pour en faire un partage le plus grand possible et dire la vigilance qui doit être omniprésente.
Que l’humanité offerte par ces victimes nous habitent longtemps.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2023/03/16/v13-chronique-judiciaire/
V13 est le nom de code utilisé pour parler du procès des attentats terroristes qui ont eu lieu le vendredi 13 novembre 2015 au Bataclan, sur les terrasses avoisinantes et devant le Stade de France. Le procès se tiendra de septembre 2021 à juin 2022. Emmanuel Carrère va en couvrir l’intégralité, quotidiennement, comme un marathonien, en tant que journaliste pour le Nouvel Observateur. Il en fera une chronique judiciaire hebdomadaire pour ses lecteurs, reprise ici en plus détaillée.
Ce procès c’est avant tout des chiffres : 14 accusés, 130 morts, 1800 parties civiles, 350 avocats, 9 mois de procès, 2h38mn47s d’enregistrement de l’horreur du Bataclan, 123 corps et des fragments…
Son addiction à ce procès, Emmanuel Carrère nous la communique en nous faisant vivre les différentes étapes de l’instruction au verdict. Comme lui, nous vivons en huis-clos dans cette salle dédiée hyper sécurisée, nous écoutons les audiences aussi éprouvantes qu’interminables, avec parfois moult détails, moult répétitions. Il donne la part belle aux témoignages souvent poignants de la partie civile sans pour autant accuser d ‘un bloc ceux qui sont jugés. Il nous livre du terrain, du long cours, il nous déroule les faits, des ressentis, pas d’opinion personnelle, gardant toujours sa place d’observateur, ce qui donne un récit fluide et efficace. C’est fort, puissant, éprouvant, dense et parfois magnifique.
Les années ont passées depuis ce jour fatidique, mais pour les personnes présentes, ou victimes, il restera gravé à jamais avec ses visions d’horreur et ses questionnements à vie. Tous cherchent la justice, la réparation, la compréhension de leur souffrance, de leur douleur. Tous ont changé après ce vendredi 13, comme vous, comme moi.
Je n’avais pas spécialement envie de me replonger dans cette horreur des attentats, mais finalement il m’a été impossible de lâcher ce livre. Je remercie celle qui me l’a offert et m’a permis de découvrir ce fascinant récit.
des balles taille assiette défigurent des corps glissants sur une étendue rouge
est-ce l’apprentissage de la distance sadique a force de voir qui modèle les rires aux tirs?
la haine ne ramène pas l’enfant mort et la sagesse ne dit pas ce n’est rien ils disent j apprend à vivre avec ce qui est même chaires exportées je dois puisque vivant.
un homme tire avec son pied dans une tête détachée du corps jeu de ballon pour psychopathe tonne le vide des cerveaux. Cet homme se prépare en massacre après un long entraînement en décapitation. Le détachement robotisé impressionne.
comment ça vrille ?
une très juste sélection pour dire le long procès qui tente l'après pour espérer que "le monde se remette à l’endroit".
Le sujet me plaît beaucoup découvrir se procès très très intéressant à lire ,l ensemble de ses chroniques , et en plus un très bon écrivain, j ai lu pas mal de ses livres un très bon auteur un vrai plaisir de le lire
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