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Haru, un marchand d'art japonais, un homme solitaire, séducteur, amant le temps de dix nuits de Maud, une Française de passage à Kyoto, perd sa légèreté le jour où celle-ci lui interdit d'approcher l'enfant née de leur liaison. Littéralement bouleversé, Haru éprouve un sentiment paternel irrépressible. Il accepte pourtant la cruelle injonction. Par l'entremise d'un photographe dont il achète les services et la discrétion, il va dorénavant passer sa vie à observer sa fille Rose au fil des images volées. À travers cette histoire se dessine la vie d'un Japonais habité de beauté et d'invisibles, un personnage d'une grande intériorité entouré d'amis avec lesquels il traverse désastres, désespoirs et commencements.
Les lecteurs de "Une rose seule" reconnaîtront le personnage de Haru et celui de Rose, sa fille tant aimée, du magnifique Keisuke, de Beth, Sayoko et Paul, les complices. Si "Une heure de ferveur" peut composer un diptyque avec "Une rose seule" (72 000 ex. en édition courante, parution en Babel ce mois de mai), ils peuvent se lire totalement indépendamment.
C’est un plaisir de retrouver l’histoire de Rose avant Rose cf le précédent roman une rose seule. Une ambiance zen inimitable et toujours une écriture ciselée et poétique qui est un bonheur . Le dépaysement est une nouvelle fois complet pour ce récit qui nous ouvre les portes d’un monde à la fois étrange et envoûtant. À lire assurément en commençant par celui-ci
J'ai beaucoup aimé ce livre, au delà du récit qui nous fait voyager dans un Japon où tradition et modernité se côtoient. C'est aussi une philosophie de vie face à la cruauté du destin. très affecté personnellement par un deuil, j'y ai trouvé des réponses qui vont au delà de la fiction. Il permet à sa lecture à toucher d'une autre façon notre propre vision et notre positionnement face à l'art, mais aussi à notre sensibilité des saillies que les coups du sort nous infligent durant toute notre vie. Bien sûr les personnages sont parfois difficiles pour nous occidentaux à nous en emparer, ou à nous identifier par cette forme de pensée bien japonaise, parce que sans nuance, mais sa cruelle réalité nous pousse à nous poser nos propres questions face à ces évènements.
Je me suis précipitée pour acheter Une heure de ferveur qui est le préquel d'Une rose seule paru en 2020. Rarement roman m'aura autant dépaysée, j'ai aimé cette lecture, mais avec quelques réserves. Bien qu'amatrice de littérature japonaise, la mise en scène très intellectualisée de l'histoire de Haru, marchand d'art et père de Rose m'a laissée un peu en retrait. De très belles choses sur la vie, la mort, l'amitié, la beauté, la paternité mais au final surtout l'envie de relire Une rose seule qui m'avait transportée par sa beauté et son élégance...
Alors que, malade et retiré dans un temple de sa ville de Kyoto pour s’y éteindre en paix, le vieil et riche Haru laisse sa vie lui revenir à grands traits, force lui est de constater que celle-ci n’a finalement jamais tenue qu’à trois fils : son goût pour la beauté des choses qui a fait de lui un marchand d’art ; l’amitié qui l’a indéfectiblement lié au petit groupe gravitant autour de Keisuke, l’artiste à l’origine de sa vocation ; enfin son amour sans partage – au propre comme au figuré – pour sa fille Rose, née d’une brève liaison avec une Française dépressive de passage au Japon, et qui, rentrée chez elle, l’a maintenu à jamais éloigné de leur enfant par son chantage au suicide.
Après Une rose seule, le premier volet initiatique de son dyptique japonais, consacré à Rose et à sa métamorphose lorsqu’elle découvre le pays de ses origines suite à une lettre laissée après sa mort par un père qu’elle n’a jamais connu, Muriel Barbery explore cette fois le point de vue paternel, dans une anamnèse qui reconstitue et éclaire le parcours de cet homme. Charnière entre les deux romans, la lettre qui devait ouvrir le futur de Rose vers sa part japonaise, a ici le rôle inverse de ramener Haru au passé, juste avant de clore son existence.
Familière du Japon après deux ans passés à Kyoto, l’auteur fonde son récit sur cette particularité de la pensée nippone qui lui fait toujours partir de la surface des choses, du visible et du concret, pour tenter d’appréhender les concepts. Au Japon, l’idée naît de l’image, quand en Occident, l’image suit le concept. Ainsi, il faudra longtemps à Haru, fasciné par la forme et la beauté des choses – le Japon est le pays par excellence de la recherche de perfection –, et, croit-il, satisfait d’une vie légère, sans attachement profond ni souffrance, pour réaliser, à partir de l’éblouissement d’une paternité pourtant empêchée, les profondeurs essentielles de son être, bien cachées derrière le rassurant vernis des apparences.
Dans sa souffrance de ne pouvoir jouer son rôle de père, c’est l’image du tsunami, déclenché par un séisme dont la faible profondeur n’a pas atténué les ondes, qui lui fait prendre conscience qu’à demeurer à la surface des sentiments et des relations, l’on subit avec d’autant plus de virulence les remous demeurés dans les profondeurs inconscientes de l’être. Alors, même s’il en est réduit à observer sa fille à distance par l’entremise discrète du photographe qu’il a engagé, rien ne l’empêchera de trouver le moyen de lui transmettre sans retour son amour, en un démenti des apparences de vide et d’absence de leur invisible relation.
Mieux vaut une petite expérience de la culture nippone, à tout le moins quelque dextérité intellectuelle, pour apprécier le sens de ce roman jusque dans ses moindres détails. Entravée par ce léger manque de limpidité, l’émotion ressentie n’est pas totalement à la hauteur de cette histoire d’altérité à première vue insurmontable mais pourtant si subtilement transcendée. Un peu comme les splendides poteries dont est si friand l’amateur d’art Haru, les livres de Muriel Barbery sont des bijoux de maîtrise, d’intelligence et d’esthétisme, mais ils séduisent peut-être un peu trop l’esprit au détriment du coeur.
Comme toujours, l'écriture de Muriel Barbery est d'une grande élégance.
Nous y découvrons l'histoire et la vie du père de Rose, héroïne de son avant-dernier roman.
Un roman dont le Japon est pratiquement le personnage principal, œuvre d'une des écrivaines les plus talentueuses de notre époque ce roman ne pouvait être que magnifique... et il l'est!
Un minuscule bémol, j'ai eu quelques difficultés à m'y retrouver dans les personnages annexes, mais cela ne m'a pas franchement empêché de profiter du raffinement et de la subtilité de ce pays si envoûtant.
Cette histoire prend rapidement un petit air de déjà lu, ou presque, Haru Ueno, bien vivant était pourtant bien mort dans « une rose seule », précédent roman de Muriel Barbery ! Ecrit après, quoique, il peut avoir été écrit avant et publié après, tout est possible ! Néanmoins, je considère la chronologie de publication comme reflétant celle de l’ordre d’écriture et, c’est bien d’une résurrection qu’il s’agit et Rose a fait un bond temporel en arrière d’une quarantaine d’années ! La belle plume est toujours bien présente et on voyage au Japon, de façon agréable avec des personnages ayant plus un goût immodéré pour le saké que pour le thé. Culture ,tradition, jardins, art, rencontre avec des étrangers égayent la narration et Paul, le Belge se voit confier la responsabilité des affaires d’Haru, ainsi que le passage de témoin entre Haru, le père et Rose la fille. Belle histoire, toutefois, un peu moins émouvante et riche de la découverte du Japon et des coins secrets de Kyoto avec Rose, mais, la fidèle Sayoko veille au grain et assure aussi la transition.
Muriel Barbery nous entraine dans l’univers japonais et sa culture, mais aussi dans celui de la sensibilité d’une paternité « décalée ». Au travers du parcours de vie d’Haru Ueno elle permet de mieux apprécier la recherche de forme et d’harmonie, l’importance du temps et de certaines lenteurs, de la capacité à saisir l’intensité brève, l’ouverture aux autres et au partage, … C’est presque un livre initiatique tout en racontant l’histoire particulière d’Haru Eno, qui au-delà de ses réussites dans le milieu de l’art, de l’esthétisme et de la continuité d’une certaine philosophie de vie, est aussi, et surtout, un père éperdument attaché à sa fille que sa mère française, dépressive, a volontairement isolé d’Haru. Haru qui n’a pas de contact charnel avec sa fille mais ne cesse de tisser un lien avec elle et cherchera son «heure de ferveur ».
Cette heure de contact intense, voire absolu, qui sera présent au fil du livre entre divers protagonistes. Ce n’est pas la quantité mais la qualité qui compte !
Barbery ouvre des portes dans un style fluide et finalement assez prenant, même si parfois on peut se demander où on va … (premiers pas sur le chemin de l’acceptation du temps qui passe ?).
Cet ouvrage est en fait celui qui précède temporellement "une rose seule" … qui a été publié précédemment … : écriture et publication quantique !
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