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Mahmud Nasimi a quitté l'Afghanistan en 2013 laissant derrière lui un pays en guerre, son pays. Il vit en France depuis 2017. La vie de " réfugié " aurait pu briser cet homme qui avait tout perdu. Mais la découverte de la langue française qu'il a apprise et sa passion pour la littérature française lui ont permis de se reconstruire au fil des phrases qui construisent ce récit. Un récit profondément touchant où s'entremêlent le passé heureux et le présent douloureux.
Mahmud, réfugié à Paris, a trouvé grâce à la littérature son nouveau chemin de vie.
Qu'un étranger écrive en français, je trouve déjà cela extraordinaire mais nous en avons plusieurs exemples dans la littérature contemporaine, mais qu'il n'ait vécu dans notre pays que depuis peu et dans les conditions difficiles de réfugié sans papiers et sans domicile est bien plus remarquable.
Mahmud a quitté son pays, l’Afghanistan, comme beaucoup d'autres, a mis longtemps pour se sentir à peu près sauf sur le territoire européen après avoir été reçu dans plusieurs familles d'accueil en Belgique et en France, a passé des jours à arpenter Paris par tous les temps avant de pénétrer dans différents cimetières et de, découvrir là un monde qui jusqu'à ce moment lui avait été fermé : la littérature !
Il n'avais jamais aimé les livres, les avait même volontairement tenus à l'écart et là, dans ces endroits calmes emplis de personnages, certes morts mais connus, il avait fait un pas dans leur direction .
Apprendre le français dans ces conditions est peu commun mais parvenir à l'écrire est de l'ordre de l'exceptionnel.
Son livre est personnel, aborde ses difficultés quotidiennes, ses déboires et expériences malheureuses, ses rencontres au hasard des rues ou des familles dans un français étonnant, littéraire et souvent soigné, quelques poèmes parsèment la fin des chapitres.
Il nous donne l’exemple d'une résilience bien particulière, l’apprentissage d'une langue par la littérature dans des conditions spéciales et une volonté hors pair .
Bravo à lui et que ce livre ne reste pas unique mais soit le premier d'une longue liste de romans où il pourra laisser libre cours à son imagination et à ses qualités d'écrivain.
Mahmud Nasini nous invite ici à partager sa vie de réfugié et nous permet de porter un regard neuf sur notre langue qu'il manie avec douceur et délicatesse.
Etre migrant, une expérience douloureuse.
Se sentir accueilli par une langue, une expérience merveilleuse.
Un récit poétique et rempli d'espoir.
Mahmud est afghan et il se retrouve à fuir son pays en guerre. On comprend qu’il ne le fait pas de gaieté de cœur, bien sûr. Il le fait pour survivre, et on ressent que c’est exactement ce qu’il va faire à son arrivée à Paris. Survivre. Il déambule à travers la foule, celle qui le rend invisible. Il raconte cette difficulté à exister dans un pays qui n’est pas le sien, dont il ne maîtrise pas la langue. Mais dans ce petit livre, il évoque surtout des souvenirs. Ce qu’il a perdu, l’enfance insouciante, l’amour, la famille. Mais aussi ce qu’il a gagné en France, l’amour des livres, des écrivains, des chanteurs, sans oublier l’amitié.
C’est un petit recueil de pensées, de souvenirs et de ressentis. Il se lit très vite, passe d’un sujet à un autre, est bordé de poésie simple face aux difficultés de la vie. Il retranscrit les émotions de l’auteur, son positivisme, son espoir, son envie de s’en sortir mais il n’oublie pas ce qu’il a dû endurer. Comment le pourrait-il ?
Ce sont ses mots qu’il couche sur papier, parfois comme une envie pressante, mais qui regorgent toujours de sa façon de voir la beauté des choses. C’est joli, c’est attendrissant, et il peut être fier d’avoir réussi ce travail alors qu’il vit en France que depuis deux ans seulement et qu’il ne maîtrisait aucunement le français à son arrivée.
Mais les chapitres s’envolent à vitesse grand V, le récit balaie si vite, trop vite, tous les sentiments de son auteur. Il dissémine des bribes du passé et du présent sans jamais approfondir les choses. Par conséquent, le lecteur a tendance à rester en survol de cette histoire qui pourtant, doit être si riche en émotions diverses en réalité.
Je ne dirai pas que je ne l’ai pas aimé. Je dirai que je suis restée à la surface et que ces quelques pages n’auront pas suffi à me marquer. C’est pourtant le genre d’histoire qui peut me bouleverser. C’est touchant mais ce n’est pas inoubliable.
Sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2022/09/21/lecture-un-afghan-a-paris-mahmud-nasimi/
Dans la préface qu'elle lui consacre, la philosophe Ayyam Sureau se demande pourquoi Mahmud Nasimi a opté pour le français plutôt que pour le dari afin de composer le récit de sa vie.
Comment traduire au mieux ses états d'âme dans une autre langue que celle de la mère, celle qui est a priori la mieux à même de se raconter parce qu'elle a structuré votre pensée ?
Dans sa réponse, le jeune auteur assure que le français, grâce à la richesse de sa littérature, a révélé chez lui des sensations, nouvelles et anciennes, sur lesquelles il ne pouvait mettre des mots.
C'est la raison pour laquelle, dans son récit, Mahmud Nasimi pratique des allers et retours entre sa vie à Paris et celle d'avant, avant que son pays natal ne sombre dans la terreur et l'obscurantisme.
Menacé par le régime des Talibans, Mahmoud Nasimi fuit l'Afghanistan en 2013, abandonnant « études, amis, famille, amour »... Il arrive à Paris après quatre éprouvantes années d'errance. Mais l'accueil qui lui est réservé dans la capitale du pays des droits de l'homme n'est pas à la hauteur de notre tradition d'hospitalité souvent revendiquée.
À son arrivée, l'accablement le saisit. Il pense ne plus « jamais vivre normalement » et c'est la lecture et l'écriture qui vont extirper « l'emprise douloureuse et inutile » qui l'emprisonne pour lui permettre de trouver « la consolation, l'espérance, la paix... ».
Par la grâce de la littérature, outil de résilience s'il en est, il va passer du statut de réfugié perdu dans un pays et une culture inconnus à un modèle d'assimilation.
C'est dans le cimetière du Père-Lachaise qu'il a la révélation que, à côté de la rue et de son indifférence, un autre monde existe« Un sentiment doux et paisible » l'envahit en effet avant qu'il ne « tombe » sur la sépulture de Balzac. Celui-ci ne sera pas le seul mort à lui parler. Suivront Baudelaire, Maupassant, Duras...
Trop beau pour être vrai ? On a en effet un peu de mal à comprendre pourquoi cet homme aime tant la France alors qu'il a dû passer plus de trois semaines devant « l'office chargé de l'enregistrement des demandeurs d'asile, à attendre avec plus de deux cents réfugiés », qu'il a subi le regard méprisant des ronds-de-cuir, qu'il a été confronté aux regards fuyants de ceux qui le prenaient pour « un mendiant ou un voleur »...
Sans oublier la peur et la souffrance d'avoir abandonné les siens.
Il y a eu néanmoins de belles opportunités et de belles rencontres qui atténuent le sombre portrait d'une France fermée à l'étranger. Une association l'a aidé à apprendre « la langue de Molière », une famille de Français et une communauté de religieux âgés l'ont accueilli, des amitiés se sont nouées...
On ne peut qu'être impressionné par l'impeccable maîtrise, par l'auteur, d'un français académique bien léché que presque plus personne ne pratique.
D'autant plus que, bien qu'issu « d'une famille ouverte et éduquée », Mahmud n'avait jamais été attiré par les livres. Il confie même en avoir été allergique ! Il tient certainement de son milieu d'origine et de sa formation en droit et en sciences politiques une curiosité et une soif d'apprendre.
Ce constat fait, le récit souffre précisément du soin apporté à l'écriture qui affaiblit la puissance du message.
Il n'en reste pas moins que « Un Afghan à Paris », cri d'amour à la France, ode à la littérature et leçon d'optimisme, est un témoignage essentiel qui nous fait prendre conscience de l'ignominie de la condition des migrants et de notre indifférence à leur égard. Car, tous n'ont pas la force de caractère du narrateur !
Attendons le prochain livre de Mahmud Nasimi pour voir s'il est capable d'inventer des histoires autres que la sienne et de les façonner dans un style qui lui serait propre et non issu de ses multiples lectures.
EXTRAIT
Mais quand j'ouvre un livre, un rayon de soleil illumine mon cœur.
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-un-afghan-a-paris-mahmud-nasimi-les-editions-du-palais/
« Si les migrations n’existaient pas, comment un oiseau pourrait-il voyager du nord au sud, pour charmer un petit poisson rouge de la mélodie de son chant ? »
Vous êtes-vous déjà interrogé sur ce que vous seriez si vous deviez fuir votre pays ?
Cette question me taraude, je ne parle que le français et si je devais vivre ailleurs comment ferais-je ?
La question va au-delà de la langue, il y a les us et coutumes d’un pays, du regard de ses habitants…
Mahmud Nasimi a fui Kaboul en 2013 et il est arrivé en France en 2017.
De ces quatre années, des pays traversés, des conditions et des dangers encourus, vous ne saurez rien, quelques impressions fugaces, auréolés de pudeur, il ne cherche pas la pitié ni à faire du sensationnel, juste un peu d’humanité.
A Paris, des nuits sur un banc, de foyers en familles d’accueil, pareillement vous ne saurez que les belles rencontres, pas la misère. Vous devinerez la solitude, l’absence criante de communication qui crève le cœur et écorche les yeux et les oreilles.
Sur son enfance, vous découvrirez une mère et une grand-mère aimantes pour ce petit diable qui pense plus à jouer qu’à étudier.
De cette époque il ne retient que la douceur des êtres et son inappétence pour les paysages et les livres.
A Paris, c’est l’inverse, il ressent les lieux, les observe, il engrange.
Les jours et les nuits s’enchaînent, le cœur est souvent lourd, les larmes cachées, pour offrir un sourire.
Il pénètre ce lieu magique « le cimetière du Père Lachaise » où chaque tombe porte un nom qui est un univers.
Cet univers il va l’effeuiller, se l’approprier pour en faire une matière, une sauce qui relèvera les cours de français qui lui sont dispensés dans le cadre de son intégration.
Maupassant, Hugo, Balzac et toute la cohorte de ce que notre littérature a de plus cher, lèveront le voile pour lui.
« La littérature qui n’existait pas dans ma vie, est venue rompre ma solitude, elle me prend par la main pour m’accompagner chaque jour jusqu’à la fin du voyage. Elle me fait plonger dans son univers et je la dévore par les yeux, par les oreilles et même par l’air que je respire. Elle est une fenêtre ouverte sur un paysage magnifique, elle me fait entendre le matin le chant des tourterelles, sentir à midi la caresse du soleil, voir le soir le scintillement des étoiles. Parfois même, je voyage au-dessus des nuages, je traverse les frontières…en tournant les pages. »
Il y a en filigrane, le parcours du combattant pour les demandeurs d’asile, mais jamais il ne s’appesantit sur son sort.
Ce sont pourtant des peurs, des blessures qui jalonnent et hantent ses nuits. Mais il veut, de tout son cœur, ne retenir que le positif, la possibilité d’une vie.
L’invisibilité infligée à tous ceux qui n’entrent pas dans les cases de la mouvance consumériste, est là et nous interroge sur un choix de société.
Comme l’auteur je ne m’appesantirai pas sur ce vaste sujet.
Mahmud Nasimi a fait sienne notre langue, il a écrit ce livre en français, c’est une prouesse, car il fait chanter et vibrer cette langue, pour nous cueillir dans nos émotions, nous qui lisons parce que les mots nous sont importants, essentiels et que les livres sont autant de fenêtres ouvertes sur un ailleurs salutaire.
Quel plus bel hommage que celui-ci ?
Surtout lorsqu’il est enveloppé d’une telle étole :
« S’il est un être à qui vous voulez dire que vous l’aimez, à qui vous voulez pardonner, que vous voulez revoir ou que vous voulez aider, n’attendez plus car demain n’est pas une promesse ! »
Toute traversée du désert a besoin d’une étoile, Mahmud Nasimi en est une !
Bravo.
©Chantal Lafon
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