1919, deux anciens pilotes de guerre traversent l’atlantique de l’Amérique vers l’Irlande, à bord d’un Vickers, avion militaire reconverti. Dans la poche de son blouson, Brown, l’un des pilotes, emporte la lettre d’Emily, journaliste, fille d’une émigrante irlandaise. 2011 Hannah, la...
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1919, deux anciens pilotes de guerre traversent l’atlantique de l’Amérique vers l’Irlande, à bord d’un Vickers, avion militaire reconverti. Dans la poche de son blouson, Brown, l’un des pilotes, emporte la lettre d’Emily, journaliste, fille d’une émigrante irlandaise. 2011 Hannah, la petite-fille d’Emily, se résout à vendre sa maison au bord d’un lac d’Irlande où sa mère, revenue sur la terre de ses aïeux, s’était installée après son mariage.
On pourrait dire que la boucle est bouclée, si ce n’est que ce roman est tout sauf une boucle. Loin de nous dresser une fresque historique chronologique, Mc Cann saute allègrement d’avant en arrière dans le temps, entre la fin du 19e siècle et les années 2000, pour nous raconter l’histoire de quatre générations d’Irlandaises d’un côté et de l’autre de l’Atlantique. S’il faut un peu de temps pour s’habituer aux sauts d’époques et pour saisir les liens qui les unissent, ces tranches de vies présentées à la manière des touches de couleur d’une peinture impressionniste finissent par former un tableau d’une subtile beauté.
Dans ce roman chatoyant, à la fois touchant et plein de vie, Mc Cann nous livre un portrait vivant de l’Irlande et de ses contradictions, loin des clichés du tigre celtique et des paysages grandioses que l’île évoque aujourd’hui. Entre grande famine, domination anglaise et processus de paix difficile marqué par les assassinas et les vengeances sans fin, l’auteur dresse le portrait d’un pays et d’un peuple profondément meurtris. Transatlantic, c’est aussi l’histoire des liens étroits qui unissent l’Irlande et l’Amérique, pays d’accueil de dizaines de milliers d’Irlandais contraints de fuir la misère et la guerre.
L’écriture séduisante de Mc Cann se fait vive pour nous tenir en halène ou plus lente pour imprimer à son récit le tempo d’une autre époque où l’on voyageait au rythme des chevaux et des navires transatlantiques. Un superbe roman qui joue à saute-mouton dans le temps.