Rentrée d'automne 2024 : dix nouvelles plumes à découvrir
Un matin d'automne nuageux, une femme dépose son bébé, paisiblement endormi et bien emmitouflé dans un anorak, au bord de la mer.
Je ne sais pas si j'aurais pu l'aimer autant qu'il l'aurait souhaité. Probablement pas, tant il réclamait d'attention : dès que je le quittais des yeux, il se mettait à pleurer et il me fallait accourir immédiatement. Venir dans l'instant. Le rassurer. Il se calmait alors, et le sourire qui gagnait son visage me consolait de toutes ces souffrances. J'étais ensorcelée. Oui. Ensorcelée.
C'était lui ou moi.
Un matin d'automne nuageux, une femme dépose son bébé, paisiblement endormi et bien emmitouflé dans un anorak, au bord de la mer. Elle quitte la plage sans se retourner sur l'enfant qui sera emporté par la marée.
Au cours d'un interrogatoire, la mère raconte cette journée singulière : le voyage en train, ses promenades sur la plage avec son fils, sa tendresse pour lui, les regards des autres, l'hôtel, les rires des noctambules dans les rues de la petite ville et, dans une saisissante mise à distance de ses émotions, l'abandon. Ce récit troublant, vertigineux, où une logique insaisissable se mêle à un amour extrême dans les brumes épaisses de la déraison, interroge les ressorts de l'amour, du crime et du pardon.
Rentrée d'automne 2024 : dix nouvelles plumes à découvrir
Cette femme répond à celui qui exige des réponses mais en a-t-elle réellement à lui donner ? Elle qui dit tout l’amour qu’elle a pour son enfant. Elle qui ne veut pas le voir souffrir. Elle qui, en un geste, se détache du bonheur d’être mère.
Le geste et la folie de cette femme m’ont mise mal à l’aise. Je ne peux imaginer tellement de souffrance. Et cet acte, l’infanticide, est glaçant. La puissance qui en ressort est remarquable car à aucun moment il n’y a de violence. Le poids des mots suffit à me tordre le ventre tout du long. Dire que j’ai aimé, pas aimé, je n'en sais rien mais ce qui est certain, c'est que ce texte laisse des traces…
« Cet amour, je le chérissais et il ne disparaîtra jamais. Comme jamais ne s’effacera son odeur. Il n’avait pas encore de parfum mais une odeur oui. Douce et profonde comme la mer. »
https://www.mesecritsdunjour.com/2024/10/toujours-l-aimer-matthieu-gounelle.html
Un récit étrange, comme le sont les pensées et la logique de la narratrice, qui dit l’amour inconditionnel pour son enfant mais va commettre l’irréparable.
Les explications qu’elle donne lorsqu’elle est confrontée à son geste, nous entraine dans les méandres de la folie humaine, vers un vertige amer et une profonde compassion pour cette femme qui, dans un seul magma de réflexion, mêle Eros et Thanatos.
La langue a la beauté de la folie, et exerce une attraction bousculée par l’inconfort et le malaise ressenti.
Des mots très durs sur la maternité, la parentalité, sans tenir compte de la bienséance.
Le propos est si clivant que l’on peut parfois s’en protéger en lisant derrière les phrases un exercice de style qui atténue le mal-être.
Un premier roman perturbant.
Elle parle, à celui qui lui pose des questions qu'elle ne comprend pas vraiment.
Elle dit l'amour infini pour son bébé, l'attachement, la beauté de l'enfant, les craintes sur la fin de cet amour, peut-être un jour, plus tard qui sait,
Elle dit la peur de le voir souffrir, de le voir partir, de n'être plus celle qu'il aime tant, son indispensable mère,
Elle dit les gestes de ce jour-là, de cette dernière soirée, de ce petit matin,
Elle dit la plage, le sable, l'eau, les vagues,
Elle dit le silence, le regard,
elle ne parle jamais de mort, de doute, d'hésitation,
elle dit l'amour absolu, celui qui doit finir brutalement pour ne pas s'étioler, l'absence de préférence au silence, à l’indifférence,
elle dit la difficulté à être mère, et pourtant le bonheur de l'être devenue,
Un roman, fort, dense, court, puissant et totalement déstabilisant, violent et pourtant sans aucune scène de violence, et qui retourne au plus profond de soi.
Alors oui, on a tous en tête ce fait divers, un soir sur une page du nord de la France, mais qui sait, qui peut comprendre, entendre, la folie d'une mère, la perte d'un enfant, et toutes les implications de cette relation parfois fusionnelle.
Un roman à ne pas mettre entre toutes les mains, mais qui laisse des traces, c'est certain.
https://domiclire.wordpress.com/2024/09/28/toujours-laimer-matthieu-gounelle/
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