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« Aujourd'hui, Toni a vingt ans. Elle se regarde dans la glace. J'ai vingt ans. Elle n'a pas l'impression d'avoir vingt ans. C'est son anniversaire et c'est jour de match. ».
C'est l'histoire de Toni. Elle se lève un matin, s'habille, déjeune, ferme la porte et s'en va pour la journée. La journée de son anniversaire et d'un match de foot. Le match de son équipe, la sienne, celle qu'elle aime, qu'elle suit, celle à laquelle elle pense à chaque moment de son errance quotidienne. Ce soir, c'est match et toute la journée est une attente. Toute la journée est une projection de son entrée dans le stade, son entrée dans la tribune où déjà les supporters chantent son arrivée. Le tambour, l'épaisseur des fumigènes, la foule de tous ces inconnus. C'est dans cette tribune remplie d'hommes qu'elle trouvera sinon une place, du moins un espace où vivre pour un temps. Parce que la tribune est à la fois un espace qui n'imagine pas une présence féminine et à la fois un espace hétérogène, multiple, indéfinissable. C'est pour cela que Toni est un personnage qui ne veut pas se définir. Elle est entre première personne et troisième personne du singulier, entre deux âges, entre deux temporalités, entre existence et disparition, entre marche décisive et errance sans fond, entre rêve et conscience, entre tumulte et silence, entre femme et homme.
Cette narration, à l'apparence minimaliste, est tendue comme un drame. Shane Haddad invente une voix, dans une adresse directe presque sans interruption, pour faire apparaître le portrait d'une jeune femme insoumise et perdue, banale et porteuse d'une colère intime qui traverse le corps féminin.
Ah, Tonitonitoni, ses cheveux, ses vingt ans. Toni et le foot qu'elle va aller voir une fois de plus au stade pour y retrouver son père.
Toni fille ou Toni garçon? Ah mon chéri, comme lui dit sa mère.
Toni dans le métro, Toni dans la rue, Toni et le regard des hommes, l'envie de vomir ses tripes et peut-être cette insulte reçue en plein cœur la veille et aujourd'hui aussi.
Toni qui vomi encore et encore, Tonitonitoni qui doit affronter les microbes, la saleté, la puanteur du métro, des toilettes, de la rue.
Toni et sa main blessée, ce sang qui coule, ces regards inconnus posés sur elle.
Un court roman rythmé, sec, aux phrases brèves, aux expressions répétitives qui donnent le tempo de cette vie dans la fleur de l'âge, de cette journée d'anniversaire un peu étrange, ce chemin jusqu'au stade, vers l'équipe de foot, vers le père qui sera là.
chronique complète à lire sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2021/08/10/toni-tout-court-shane-haddad/
Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Toni. Elle a vingt ans et le foot est sa plus grande passion. Mais en dehors des matchs et leur effervescence, Toni cherche sa place dans le monde, entre les autres, au creux d’une vie qui lui ressemble.
J’ai commencé ce livre il y a une dizaine de jours mais difficile de rentrer réellement dans le récit. Je l’ai donc laissé de coté pour ne pas juger ce roman à chaud et sans le terminer. Je me suis laissée quelques jours, je l’ai continué, lui donnant ainsi une seconde chance. Malheureusement le verdict reste le même : il n’est vraiment pas à mon goût.
Abordons d’abord les points positifs car il ne faut pas s’en tenir uniquement à ce qui nous dérange lors d’une lecture. J’ai beaucoup aimé Toni. Elle est tout ce que j’apprécie dans un personnage de roman, torturée, émotive, mélancolique et en quête d’elle-même. Elle est très jeune et passe par une spirale bien connue à cet âge-là. J’ai apprécié le décalage entre ce qu’elle est et ce que la société veut actuellement voir dans ses rangs.
Cependant, je n’ai pas du tout accroché au style d’écriture extrêmement saccadé, bref et tranchant. J’ai pour habitude de penser qu’il est tout a fait possible d’exploiter ce type d’écriture d’une belle façon, là n’est pas le problème, mais encore faut-il le faire avec parcimonie pour laisser un peu de répit au lecteur. Je suppose que ce rythme était un moyen d’associer l’écriture et les émotions du personnage, malheureusement je n’ai pas été touchée par ce mélange. Il a dérangé ma lecture au point de me désintéresser également du personnage principal que j’appréciais pourtant au début du livre.
Toni tout court n’est pas un mauvais roman et c’est même plutôt prometteur pour une première publication, mais il faut aimer tout l’inverse du contemplatif.
J'aime jouer au jeu de l'éditeur : je m'empare d'un roman (un premier roman de préférence) et je me demande si je vais le publier. Je suis très sévère, ça ne rigole pas avec moi. Je suis une petite maison d'édition, je n'ai pas beaucoup d'argent, je ne peux pas prendre de risques. Alors, souvent, je dis NON. Tout sec, tout net. Ce qui est bien, c'est que je n'ai pas à me justifier puisque l'auteur que je refuse ne sait pas qu'il est refusé. Par moi. Et il s'en fout pas mal puisqu'il a été publié. Par un autre. Mais quand même, je lui prodigue quelques conseils, je lui parle, je le rassure même, je lui dis qu'un jour peut-être ou peut-être pas, on verra, je veux bien en relire un autre de lui ou d'elle.
Hier j'ai reçu « Toni tout court ». J'aime bien le titre. Tous ces o, tous ces t, ces trois mots. Le titre accroche, il pique, harponne. Et puis, c'est original comme prénom, Toni, pour une fille (en France, du moins.) Les gens aiment bien les trucs transgenres en ce moment. Bon, ce flux de conscience coule pas mal, je n'aurais pas parié sur l'alternance de la première et de la troisième personne, mais franchement, l'effet est top, comme si Toni était elle-même et une autre, elle et les autres, unique et polyphonique, seule et multiple. Le tout s'agence assez bien. Je note, je réfléchis, l'instant est grave. Et puis ce « mes cheveux mes cheveux » obsessionnel qui scande le texte, l'hystérise, l'agite, le convulse, c'est pas mal aussi ce truc, et les propos de sa mère qui lui reviennent continuellement, parce qu'on n'oublie jamais les mots de l'enfance... Des phrases qui claquent : « Je suis un temps mort » « Je suis un corps sans voix ». Ces temporalités qui se télescopent, le passé qui s'insinue dans le présent, qui redevient présent « Tout remonte d'une manière ou d'une autre, tout remonte ». Cette unité de temps. Je prends des notes, ce texte retient mon attention, c'est certain.
Pour autant. On n'a pas déjà vu un peu ça avec Sarraute et les autres? Est-ce qu'on n'est pas en train de creuser un énième sillon dans un énième champ intensivement exploité? C'est sûr, il y a du rythme, des phrases nominales, des infinitifs. C'est moderne. Il est question des corps, du sang, des seins, du vomi, du vrai vomi qui sort du corps et du vomi métaphorique. Dans l'air du temps, le vomi. Quand on n'est pas bien dans la littérature, on vomit. On n'est jamais très nuancé dans la littérature. Et puis, le rapport au beau-père (jamais terrible), à la mère (toujours compliqué). J'avoue que cette lecture m'ennuie un peu finalement. Mais bon, la dernière phrase est belle : « et sans doute, enfin, le corps devine. »
Je suis emmerdée.
Je publie ou pas ?
Incontestablement, on assiste à quelque chose. Une Toni qui, le jour de ses vingt ans, devient Toni, une femme. Et si on assistait aussi à la naissance d'une écrivaine, oui c'est peut-être ça. Certainement même.
Je parie, je prends, j'édite.
LIRE AU LIT http://lireaulit.blogspot.fr/
Ne pas se fier à la toute première impression : l’originalité de la syntaxe pourrait être de nature à décourager le lecteur. Or le rythme imprimé par l’alternance de la première et de la trois!ème personne, la brièveté des phrases devient vite une musique envoutante.
C’est donc au rythme des pensées agitées et turbulentes de Toni, le jour de ses vingt ans, que l’on découvre peu à peu qui se cache derrière ce personnage en quête de sens et d’identité. Seule au au coeur des foules anonymes du métro ou du restaurant, c’est sur les gradins d’un stade de foot qu’elle semble enfin trouver un sentiment d’appartenance, de communion, dans cette liesse qui unit les spectateurs. Peu importe le spectacle du stade dont elle connait à peine les règles;
Cette journée dense en micro-événements est un rite de passage de l’adolescence à l’âge adulte, avec la métaphore d’une blessure rituelle, et les plaisirs régressifs qu’il faudra oublier.
Le lecteur est à la fois spectateur de la mutation mais aussi en pleine immersion dans les pensées automatiques de la jeune femme. Pensées désordonnées qui confinent parfois à la folie.
C’est un premier roman impressionnant et original, reflet du ressenti d’une génération en mal de repère.
Déroutée voire agacée par le style! L'interview de l'auteure à La Grande Librairie a éclairé mes interrogations certes,mais ce n'est pas une lecture qui m'a passionnée...à vous de voir !
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j'ai lu un extrait qui ne m'a pas donné envie de me plonger dans le roman. Je n'accroche pas du tout au style, si toutefois on peut parler de style