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« Peut-être que je veux la paix avec beaucoup de naïveté, peut-être que je veux la paix comme les jeunes qui ne connaissent rien à la vie, comme les artistes perchés, comme les déconnectés de la réalité, comme ceux qui ont été épargnés par la souffrance, qui l'ont vécue d'assez loin pour ne pas disjoncter, ceux qui ne connaissent pas assez le monde pour savoir que ça ne marche pas comme ça, que c'est trop simple de vouloir la paix, qu'il faut choisir un camp, que sinon on lutte dans le vent. Mais je m'en fous, tu vois. L'avantage d'avoir vingt et un ans, c'est qu'on peut penser ce qu'on veut, et même le bien, qu'on peut se battre pour toutes les vies, même les petites, qu'on peut lutter pour l'idéal qu'on a dans la tête, même si ça paraît impossible ; on nous le pardonnera. »
Le 7 octobre 2023, une étudiante juive se réveille à Paris au bruit de la guerre. Shabbat noir est le roman de sa journée qui en contient mille autres. Le roman d'une jeunesse dont la furieuse envie de vivre se heurte au fracas du monde.
« On n’est rien sans nos amis. »
Merci Lisa. Amis nous ne le sommes pas … encore ? Et pourtant nous avons désormais l’impression de te connaître un peu, beaucoup. D’être à tes côtés et celui de tes amis dans tes « combats ». Oh, ce terme est bien trop guerrier bien trop noir mais tellement réaliste et dramatiquement d’actualité.
« Des vies fracassées, les unes après les autres, des sanglots, des corps sans vie, des tortures… J’ai pensé à ma sœur qui effectuait son service militaire et qui n’aurait jamais le droit de quitter le territoire. A mon autre sœur d’à peine treize ans déjà exposée au drame. J’ai pensé à mes parents, à mes amis. Surtout aux garçons, appelés au front. »
Comment vivre après un tel drame ? « Le 7 octobre va nous marquer, peut-être même nous détruire un peu, détruire un peu le pays, un peu le monde entier. » Comment réagir à un tsunami de haines ? Comment avancer après un tel tremblement de terre intérieur ? « S’en sortir, peut-être. Mais est-ce qu’on sera heureux ? »
Nous ne savons si tu as la réponse même si « il y a plusieurs avants et après dans une vie ou même dans l’Histoire. Ce n’est fait que de ça, d’avants et d’après. »
« Même en temps de guerre, le soleil se lève », même dans les temps moroses, des écrits égayent une journée, même dans les temps de censure, là encore mot très et trop fort et pourtant…, des jeunes y croient et osent prendre la parole, la plume pour évoquer, alerter, dénoncer… car « Le désespoir, c’est un peu comme l’alcool, on n’y a droit qu’à partir d’un certain âge. »
Ce dont nous sommes certains, c’est que shabbat noir, récit d’une journée terrible, est un hymne à la vie.
« J’ai pris un stylo pour soulager ma peine et j’ai écrit. Je crois que c’est pour cela que l’écriture existe, pour que les personnes sans foyer puissent s’en inventer un. »
D’une apparente simplicité, Shabbat noir a un impact à la fois politique, intellectuel surtout éducatif. « Un juif, il n’était jamais à sa place nulle part, il était toujours de trop, peu importe l’endroit, peu importe l’environnement. »
Shabbat noir est un récit à vif au carrefour de l’essai, du journal intime et de l’écrit journalistique. Il relate cette naïveté de jeune fille qui veut croire et vivre dans un monde apaisé, ce réalisme de jeune femme qui n’occulte rien et alerte.
L’écriture est sensible et engagée. Elle est simple et pour autant très travaillée. Le lecteur ressent colère et tristesse, espoir et incompréhension. Les mots sont pesés afin d’imprimer un rythme en adéquation avec le propos.
« Si j’étais d’humeur poétique, je dirais qu’ils ont quitté la vie en dansant et que ça représente la jeunesse juive, qui dansera jusqu’au bout.
Il y a de l’humour et de la lumière pour contrecarrer le désenchantement d’une jeunesse qui rentre sans y être préparé dans le monde adulte, pour prendre du recul et essayer de comprendre, de faire comprendre et que tout un chacun s’interroge.
« L’avantage d’avoir vingt et un ans, c’est qu’on peut penser ce qu’on veut, et même le bien, qu’on peut se battre pour toutes les vies, même les petites, qu’on peut lutter pour l’idéal qu’on a dans la tête, même si cela parait impossible ; on nous le pardonnera. »
Parenthèse lumineuse dans le brouillard ambiant, manifeste d’espoir pour un avenir meilleur, Shabbat noir est un cri du cœur, un appel qui résonne tant aujourd’hui : « La honte, c’est de tuer. La force, c’est de tendre la main. Alors qu’on leur tende la main et qu’on fasse la paix. »
Ensemble, unis, déterminés. Définitivement on n’est rien sans nos amis.
Merci Lisa pour cet émouvant premier roman.
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