Découvrez l’ensemble des membres du jury qui accompagneront Cy cette année…
Des destins de femmes sacrifiées sur l'autel du progrès.New Jersey, 1918. Edna Bolz entre comme ouvrière à l'United State Radium Corporation, une usine qui fournit l'armée en montres. Aux côtés de Katherine, Mollie, Albina, Quinta et les autres, elle va apprendre le métier qui consiste à peindre des cadrans à l'aide de la peinture Undark (une substance luminescente très précieuse et très chère) à un rythme constant. Mais bien que la charge de travail soit soutenue, l'ambiance à l'usine est assez bonne. Les filles s'entendent bien et sortent même ensemble le soir. Elles se surnomment les « Ghost Girls » : par jeu, elles se peignent les ongles, les dents ou le visage afin d'éblouir (littéralement) les autres une fois la nuit tombée. Mais elles ignorent que, derrière ses propriétés étonnantes, le Radium, cette substance qu'elles manipulent toute la journée et avec laquelle elles jouent, est en réalité mortelle. Et alors que certaines d'entre elles commencent à souffrir d'anémie, de fractures voire de tumeur, des voix s'élèvent pour comprendre. D'autres, pour étouffer l'affaire...La dessinatrice Cy nous raconte le terrible destin des Radium Girls, ces jeunes femmes injustement sacrifiées sur l'autel du progrès technique. Un parcours de femmes dans la turbulente Amérique des années 1920 où, derrière l'insouciance lumineuse de la jeunesse, se joue une véritable tragédie des temps modernes.
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Album lauréat de l’édition 2021, "Radium Girls" raconte le destin tragique d'ouvrières sacrifiées
La lauréate de la 2e édition du Prix BD Lecteurs.com raconte les origines de "Radium Girls" et son élaboration
Cy est la lauréate du Prix BD Lecteurs.com 2021, dont le jury est présidé par Séverine Vidal
Avec sa découverte en 1898 par Pierre et Marie Curie, un véritable engouement pour le radium se produit partout dans le monde.
Cette BD se situe en 1918 à Orange, New-Jersey aux Etats-Unis. Le radium est dans toutes les publicités, il est recommandé pour ses vertus en cosmétique : il assure un teint velouté et fait disparaître les rides, il apporte également sous forme de tonique à boire chaque matin, tonus et vitalité, sans parler de sa laine plus chaude que tout .
Nous suivons une petite poignée de femmes : Katherine, Amélia, Albina, Quinta, Edna Grace et Mollie qui travaillent dans une usine de cadrans, elles doivent recouvrir de cette peinture luminescente à base de radium les chiffres de ces cadrans. Pour cela, elles utilisent la technique du marquage aux lèvres en trois temps : Lip, on lisse le pinceau avec les lèvres, Dip, on prend la peinture et enfin Paint, on peint et tout cela recommencé plusieurs fois pour chaque chiffre sur les 250 cadrans à peindre dans la journée, rendement exigé pour chaque ouvrière par la direction. Certes le travail est bien payé mais beaucoup abandonnent car elles ne supportent pas ce goût de fer qui leur reste continuellement dans la bouche.
En dehors du travail, elles s’amusent de la fluorescence dans le noir de leurs lèvres et de leurs doigts imprégnés de cette peinture. Elles s’amusent aussi à s’en peindre les dents, les ongles ou à en déposer sur leurs vêtements pour impressionner leur entourage. Entre elles, elles se nomment les « Ghost Girls ».
Un jour, passant à l’atelier, le docteur Von Sochocky, chimiste de l’entreprise interpelle l’une d’ elle alors qu’elle porte le pinceau à ses lèvres et lui demande d’arrêter sous peine de tomber malade, elle s’en ouvre à sa responsable qui démentit formellement.
La page 52 est édifiante. On y voit en haut l’atelier de fabrication de la peinture où les chimistes et techniciens portent d’épais masques, des tabliers en plomb, d’épais gants et manipulent les éprouvettes à l’aide de grosses pinces , tandis qu’en dessus on voit les ouvrières qui lissent les pinceaux avec leurs lèvres…
Quand Mollie la boute en train de l’équipe commence à souffrir de maux de dents puis décède, on parle de syphilis, mais quand d’autres ouvrières, avec les mêmes symptômes décèdent à leur tour et que les restantes sont à leur tour rattrapées par ces mêmes maux, elles consultent et décident de se battre.
Ultime combat qui permettra des avancées cruciales pour le droit des ouvriers américains. Leur malheur permit également une énorme avancée scientifique sur le radium et l’impact de ses radiations.
« L’affaire des « Radium Girls » a été l’occasion d’établir le droit individuel des travailleurs à engager des poursuites contre leur employeur en raison d’un préjudice au travail. »
Le graphisme à la fois doux et anguleux, au crayon de couleur en un camaïeu restreint de violet et de vert radium accompagne parfaitement cette dramatique histoire de la radioactivité. De plus, une merveilleuse surprise nous attend quand l’album est plongé dans l’obscurité.
CY, par cette BD, nous révèle un scandale méconnu du grand public et s’emploie à « mettre en lumière » ces femmes qui moururent dans l’anonymat et le dénuement le plus total.
Radium girls fut récompense du « Prix BD Lecteurs.com » en 2021
Voici donc un album pour ne pas oublier ces femmes une seconde fois. Bravo l'artiste.
Aux Etats Unis dans les années 20, Edna est engagée dans l'entreprise United State Radium Corporation. Cette usine fabrique des montres. Son travail est de peindre les cadrans avec une certaine cadence et une réelle précision. Pour les peindre, les ouvrières utilisent sur un pinceau une substance à base de radium qu'elles lissent avec leur bouche pour un rendu impeccable. Parfois entre collègues, elles s'amusent en se peignant avec ce produit qui les rendent phosphorescentes. Mais l'amusement va vite se transformer en peur au fur et à mesure que les employées tombent malades.
A la lecture de cette bande dessinée on est en colère, on fulmine, on a mal pour ces femmes qui n'ont pas été protégées. Il nous revient à la tronche tout ce manque de sécurité au sein des entreprises et on ne peut pas manquer de comparer ce qui se passe maintenant, même si tout n'est pas régler au niveau hygiène et sécurité au travail.
Le style au crayon est original. Les couleurs employées ne sont pas nombreuses mais donnent un rendu aussi gai que sinistre. On bloque sur les pleines pages où sont dessinées ces ouvrières qui petit à petit s'éteignent.
Un roman graphique très fort.
Dip lip paint : trois petits mots qui sonnent doux à l'oreille et pourtant....
États-Unis, Orange, 1918. Quinta, Mollie, Albina, Grace, Katrine, Edna travaillent chez USRC. Toute la journée, elles peignent à des cadences infernales des cadrans avec de la peinture Undark. Cette peinture au radium est très précieuse : elles doivent donc veiller à ne pas en gaspiller en adoptant la méthode dip lip paint. Le salaire est bon, l'ambiance excellente, alors les Ghosts girls (qui brillent une fois la nuit tombée) ne s'inquiètent pas. Mais les jeunes ouvrières déchantent lorsque les pertes de dents, les handicaps apparaissent... Dès lors, commence un combat de David contre Goliath : des travailleuses dévouées, pleines de joie de vivre, qui avaient toute la vie devant elles contre une entreprise et un patron sans scrupule.
Je n'avais jamais entendu parler des Radium Girls ! Alors encore une fois, merci la bd, merci Cy de parler d'un scandale sanitaire trop rapidement balayé par l'Histoire (les victimes étant toutes des femmes : coïncidence ?!) et méconnu.
Le trait très doux de l'autrice au crayon de couleur (avec une prédominance du violet et du vert) tranche avec la dureté du sujet. Pour aborder la mort, Cy recourt à des dessins qui la suggèrent : c'est très beau et délicat.
Petite découverte : cet album fait partie de la collection Karma des éditions Glénat visant à mettre en lumière des destins uniques (des anonymes parfois oubliés par l'Histoire) qui ont eu une portée collective.
À la fin de l'album, on a un entretien très instructif et spontané avec Cy qui éclaire (n'y voir aucun jeu de mots !) sur le sujet de la bd, les techniques graphiques etc.
Un album d'utilité publique pour ne jamais oublier que des industries ont sacrifié (et hélas, sacrifient) des vies humaines au nom du profit !
J'ai eu un coup de cœur sur ce roman graphique avant même de l'avoir lu. Un simple extrait m'avait conduit en librairie pour m'offrir cet album.
C'est tout d'abord une histoire sidérante, celle de ces femmes sacrifiées au nom de l'industrie. Difficile de les voir au départ si insouciantes alors qu'elles réalisent cette série mortelle "lip, dip, paint" (on affine le pinceau avec les lèvres, on le plonge dans la peinture au radium et on peint). Bien que condamnées elles vont chercher à se battre jusqu'au bout, malgré le mépris de la société.
Le dessin est sobre, les couleurs utilisées avec parcimonie et beaucoup de justesse. Et je suis absolument fan de la couverture de l'album qui brille dans le noir.
Quelques mois après ça sorti je me laisse enfin tenter par ce roman graphique.
Nous avons là, une histoire engagée retraçant de réels évènements ayant eu lieux aux États-Unis dans les années 1920.
Tout récemment découvert par Marie Curie le radium fait son entrée fracassante dans le quotidien des Américains. Nous suivons là un groupe d'amies qui peints des cadrans d'horloge avec de la peinture phosphorescente. Pour plus de précisions il était de coutume dans cette entreprise de lecher le pinceau... ce geste a priori banal va quelques années plus tard s'avérer fatal a beaucoup de ces ouvrières.
C'est à la fois très intéressant de découvrir cette histoire qui participa à la refonte du droit du salarié aux USA mais aussi terriblement triste de découvrir le destin de ses filles auquel le lecteut c'est attaché qui jadis était pleines de vie et d'insouciance et qui connurent un funeste destin...
Graphiquement ce crayonné rosé très féminin contrasté par moments pour une touche de vert (fluorescent comme le radium?) est des plus appréciable.
Petite mais agréable surprise pour ma part a l'heure d'éteindre la lumière et de voir que Glénat a eu le souci du détail et que l'album est phosphorescent la nuit !
En bref radium Girls est un roman graphique engagé qui retrace avec beaucoup d'émotions la vie les conséquences d'un réflexe de jeunesse de ses femmes qui malgré elles firent évoluer le droit américain.
BD magnifique en tout point .
Magnifique par l'histoire qu'elle retrace : ces femmes qui travaillaient exposées au danger du radium contenu dans la peinture qu'elles utilisaient pour peindre les cadrans des horloges et qui en sont mortes ;
L'histoire dramatique de ces femmes ( que moi j'ai découvert en lisant Cy ) est ici mis en lumière .
Magnifique par le graphisme sobre , net avec parfois des lignes anguleuses .
Magnifique par le choix de deux couleurs dominantes le vert et le violet .
L 'ambiance légère qui se dégage de la couverture , des copines qui papotent, ne laisse pas présager de la terrible suite .
Perso, j'avais voté l'an passé pour cet album - Radium Girls.
Un graphisme original, appuyé aux crayons de couleur, ou à la craie grasse, des jeunes femmes atypiques avec des nez, dignes de celui de Cléopâtre, des tonalités douces qui mettent en confiance cette équipée très soudée qui vit bien, sort et s'amuse.
Enfin, qui vit bien ? ...
Un docteur de l'entreprise suggère de ne pas trop sucer le pinceau (le fameux LIP qu'on retrouve partout dans les commantaires précédents, je ne déroge pas).
Ah oui ?? Y aurait-il anguille sous roche ?
Cette anguille est empoisonnée ! The Radium Eel, ça pète, non ?
L'album bascule vers le tragique, les jeunes filles, déjà iridescentes, commencent à perdre leurs dents. Leurs os sont infectés par le radium, métal qui a permis le développement des bombes atomiques, faut il le rappeler. Pas glop !
Et tout ça, dans le plus grand des silences.
Ça fait froid dans le dos.
Et pourtant, maintenant que j'ai lu les deux, j'aurai bien révisé mon vote pour Hippie Trail qui m'avait mis une belle claque.
https://www.lecteurs.com/livre/hippie-trail/5436766
On peut reprendre les comptes ? :)
Marie et Pierre Curie avaient découvert le radium en 1898. Cet élément est bientôt paré de toutes les vertus, on peut trouver de l'eau, des crèmes de beauté, du lait, du dentifrice au radium.
Pendant la 1ère guerre mondiale, des centaines de jeunes femmes sont recrutées pour peindre les cadrans phosphorescents. Les femmes sont supposées avoir la délicatesse et la précision requises pour ce travail.
Etant beaucoup mieux payées que les autres ouvrières, elles se considèrent comme privilégiées et chanceuses. Elles sont ravies de gagner leur indépendance financière.
Les scientifiques connaissaient la dangerosité du radium, mais leur hiérarchie a toujours affirmé aux ouvrières qu'elles ne courraient aucun risque à le manipuler. On pensait alors que les petites quantités de radium auxquelles elles étaient exposées, étaient bonnes pour la santé.
Voilà pour le contexte historique.
L'album décrit le destin de Katherine, Mollie, Albina, Quinta et Edna qui, en 1918, travaillent comme ouvrières à l’United State Radium Corporation, une usine qui fournit l’armée en montres. Elles peignent les chiffres des cadrans à l’aide de la peinture Undark, une substance contenant du radium.
Elles doivent être très précises et utilisent la technique du "lip-dip-paint" :lisser le pinceau avec sa bouche, prendre la peinture et peindre.
Pour tenir la cadence et obtenir le rendement que la direction exige d'elles, elle affinent continuellement le pinceau à l'aide de leur bouche et ingèrent toute la journée d'infimes quantités de radium.
Elles remarquent bien sûr que dans le noir, leurs mains, leur peau, leurs vêtements produisent un halo lumineux. Mais elles s'en amusent, elles se baptisent les "ghost girls".
Puis Mollie commence à souffrir d'une dent,mais le mal ne va pas s'arrêter là.
L'album nous fait ensuite revivre leur calvaire et la bataille judiciaire qu'elles vont mener pour faire reconnaitre l'intoxication au radium (par ailleurs incurable) comme maladie professionnelle.
J'aime beaucoup l'originalité du dessin au crayon de couleur. La colorisation est faite essentiellement avec un camaieu de roses, de prune plutôt "girly" avec parfois un ajout de vert radium.
On ressent parfaitement le côté joyeux, vivant des ces très jeunes femmes, heureuses de leur liberté acquise grâce à ce travail. On est d'autant plus navré de la conclusion tragique de cette histoire.
Je ne peux qu'admirer la force, le courage et la détermination de ces ouvrières considérées comme quantité négligeable par les puissants industriels. Malgré la disparité des forces et également leur état physique , elles finissent par obtenir justice.
Dans cette affaire des "radium girls" , pour la première fois, l'employeur a été déclaré responsable de la santé de ses employés. De nouvelles législations vont suivre, instituant de meilleures protections pour l'ensemble des travailleurs américains.
Un roman graphique pour se souvenir de destins brisés et faire sortir de l'anonymat de simples ouvrières qui ont fait bouger les lignes.
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