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Une épopée de la douleur et de la solitude. L'histoire des Indiens du cap Horn, détruits par le monde moderne après des millénaires de survie dans le vent noir, le froid fou et les tempêtes monstres. D'outre-tombe, ces fantômes, pauvres d'entre les pauvres, nous parlent. Et nous comprenons trop bien ce qu'ils ont à nous dire... Michel Déon, Le Figaro magazine.
Le livre le plus beau, c'est-à-dire le plus humain, le plus impressionnant que j'aie lu depuis longtemps. Non pas bien écrit, mais superbement écrit, sans apprêt, avec la force du naturel. Avec la violence magnifique et désespérée d'une infinie compassion pour un peuple, une peuplade, celle des Alakalufs, isolée, perdue, oubliée dans les solitudes glacées de la Terre de Feu. Un roman, un récit, un long cri magnifique de fraternité pour restituer un destin, pour rendre justice à ces hommes qui ont tout perdu, jusqu'à leur langue, leur identité, et qui vont disparaître de la planète. Francis Mayor, Télérama.
L’ethnie des Kawésqars, soit des « Hommes », encore appelés Alakalufs, a aujourd’hui disparu. Installé sur la Terre de Feu depuis plus de six mille ans, ce peuple nomade de la mer vivait sur des canots le long du versant pacifique des Andes méridionales, dans un redoutable labyrinthe de chenaux et de fjords reliant une multitude d’îles et de presqu’îles inhospitalières, sous un climat instable et glacial, réputé pour la violence de ses tempêtes et la permanence de ses intempéries. Lorsque Magellan « découvre » cette région en 1520, le choc culturel est une déflagration pour ces Amérindiens restés à l’âge de pierre dans un complet isolement. La colonisation de leur territoire ne commence réellement qu’au cours de la seconde moitié du 19e siècle, mais entre les maladies, les persécutions et l’incompatibilité des deux mondes qui se rencontrent, leur population est quasiment anéantie en quelques décennies seulement. Elle finit par s’éteindre inexorablement au cours du 20e siècle.
Sensibilisé par ses voyages au sort de ces diverses populations que la modernité voue à la disparition, l’auteur n’a jamais pu oublier le canot kawésqar et ses misérables occupants, croisés en Terre de Feu en 1951. Ses explorations de témoignages historiques l’ayant choqué par leur manque total d’empathie envers ces êtres trop primitifs pour demeurer humains aux yeux de leurs observateurs, il entreprend ici de leur rendre hommage dans un récit romanesque, construit à partir des connaissances de l’ethnologue José Empéraire mais aussi de ses propres recherches et réflexions, et destiné à nous faire imaginer et ressentir le point de vue de ces hommes et de ces femmes, jetés directement du paléolithique à l’ère moderne.
Si la somme de leur ahurissement et des incompréhensions mutuelles prêtent parfois à rire, l’histoire de leur confrontation à nous, les hommes modernes, est une tragédie accablante qu’on ne peut lire qu’étreints d’un mélange d’effroi, de tristesse et de honte. Pourtant longtemps et dramatiquement éprouvés par l‘environnement naturel dantesque où les Kawésqars évoluaient à leur aise, les colons ont, là comme ailleurs, tiré parti sans vergogne du déséquilibre des forces en leur faveur. Mais, entre les indigènes et les Pektchévés – les étrangers -, c’est surtout l’irrémédiable incapacité à communiquer et à se comprendre que Jean Raspail met en évidence, au fil d’épisodes tous plus confondants les uns que les autres. Souvent cruelle comme lorsqu’elle transforme en bêtes de foire les individus qu’elle emmène en Europe sans se préoccuper de leur terreur si loin de leurs repères, ou encore stupide quand elle déplore leur sur-mortalité sans se sentir responsable des épidémies qu’elle leur inflige, naïve aussi dans ses tentatives d’évangélisation et d’éducation à l’emporte-pièce, la « civilisation évoluée » se montre incapable de sortir de ses référentiels, de faire preuve d’empathie, et tout simplement, d’humanité.
Aussi passionnante que consternante, cette étonnante confrontation entre deux mondes séparés par plusieurs millénaires d’évolution a de quoi faire réfléchir. Ferions-nous mieux aujourd’hui ? On peut en douter. Mieux vaut sans doute que notre route ne croise jamais celle d’éventuels extra-terrestres, à moins que ces derniers n’aient quelque avance sur nous en matière d’humanité et d’empathie… Coup de coeur.
Un très beau livre sur les Alakalufs, peuple disparu de Patagonie, qui survivait encore dans les années 50 avant de disparaitre définitivement. On a presque froid quand on lit ce livre, tellement il retransmet l'ambiance des lieux de manière "réelle". On ne trouve plus ce livre, sauf en poche chez les bouquinistes. Il faut le lire absolument.
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Tout à fait d'accord avec vous Alain, dommage que J.Raspail ne soit pas du gout de la majorité des académiciens actuels.
Mais heureusement les lecteurs amateurs de vraie littérature ne l'oublient pas, d'ailleurs une compilation de quelques uns de ses ouvrages vient de paraître.