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«J'attends que quelque chose se passe. Je crains, à tout moment, que ça ne fonctionne pas, qu'il y ait un problème, un chaînon manquant. Je ne vois pas comment cette opération pourrait se dérouler sans encombre. J'ai pris un numéro à l'entrée du service état civil, j'ai pris aussi mon air le plus désinvolte, comme si cela m'arrivait tous les mardis, d'aller me faire faire une identité.»Avant d'être enceinte, Pauline ne s'était jamais posé la question de ses origines. Et puis cela devient crucial. Elle sonde alors le sens des mystérieux prénoms secondaires qui figurent sur sa carte d'identité : Jeanne, Jérôme, Ysé. Fantaisie et drame, fantasme et réalité se mêlent dans ce récit envoûtant, qui nous conduit tour à tour sur les traces d'une aïeule aliénée, d'un ami de la famille disparu et d'une héroïne de fiction. Avec Qui sait, Pauline Delabroy-Allard signe un deuxième roman virtuose, ode à la toute-puissance de l'imagination et de la littérature.
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Lecture dans le cadre du Prix Horizon 2024 de Marche en Famenne et je comprends la sélection car l'écriture est très belle, dynamique, franche, boulimique par moments aurais-je envie de dire , avec ses anaphores qui représentent son obsession , obsession à la connaissance, à son rapport mère-fille, à l'écriture, à la littérature, à la vérité recherchée.
C'est un roman qui semble en partie autobiographique. Pauline la narratrice, l'écrivaine, déjà dotée de deux noms , découvre que son prénom est suivi de trois autres lorsqu'elle effectue les démarches de l'obtention de sa première carte d'identité à l'âge de 30 ans ; Jeanne, Jérôme et Ysé. C.S.es trois prénoms vont l'obséder et la mener à une recherche plus approfondie de son histoire.
Faut dire que sa famille est du genre secret, qu'on ne répond pas à ses questions, alors Pauline va essayer de trouver, de comprendre et si elle ne trouve pas, elle inventera, suite à un événement traumatisant que l'on nommera le jour blanc, elle a besoin de savoir.
Alors elle se base sur la philosophie de Kant et son roman se déroulera avec trois questions, correspondant à chaque fois à un prénom.
- Que puis-je savoir ? en partant de Jeanne, un émouvant voyage nous conduira dans les Grottes de Pech Merle sur le retour de vacances avec sa compagne, un passage dans la maison d'enfance de sa grand-mère.
- Que dois-je faire ? pour Jérôme qui l'emmènera dans un voyage à Sousse, des rencontres très touchantes avec Tutu le petit chat et Maxence
- Que m'est-il permis d'espérer ? Ysé qui fait référence à la pièce de Paul Claudel "Partage de midi" m'a un peu perdu, probablement parce que je ne connaissais pas cette oeuvre, la partie plus abstraite, plus imaginaire m'a semblé plus longue et difficile.
Pourtant au final, on comprend le lien entre les trois parties, la nécessité de comprendre que tout est en lien.
J'ai beaucoup aimé la plume magnifique, poétique, intimiste. Le récit est atypique mais l'émotion est là et bien là à plusieurs reprises. Un livre très bien construit, une belle réflexion philosophique qui parle du pouvoir de l' écriture et de sa nécessité, de secrets, du rapport mère-femme, du deuil.
Ma note : 8/10
Les jolies phrases
Creuser la surface à défaut de creuser les mystères. Descendre sous terre pour descendre en soi-même. Aller dans le sombre, là où la lumière ne perce pas, pour mieux déterrer les ombres. Pour les mettre au jour, peut-être, en ressortant de là ; si jamais j'en ressortais, j'ai précisé.
On dit veuve pour une femme qui a perdu son mari ou son épouse, orphelin pour un enfant qui a perdu ses parents, et pour moi, on ne dit rien, il n'y a pas de mot, même le langage ne peut rien pour ça, ce qui reste du jour blanc.
On ne peut pas être l'enquêteur de sa propre vie, le détective de son passé, il ne s'agit pas d'avoir une piste pour tirer tous les fils.
... J'ai rêvé mille fois de ces garçons beaux comme des dieux grecs, de ces garçons qui aimaient vivre et qui sont morts, qui sont morts parce qu'ils aimaient vivre.
Sans doute que c'est dans les histoires qu'on existe vraiment, que c'est dans la fiction que se dissimule la vérité, qu'il n'y a pas d'autres endroits où vivre.
https://nathavh49.blogspot.com/2024/05/qui-sait-pauline-delabroy-allard.html
Une histoire de deuil, une de plus !
J'aimerais lire des choses bien plus gaies et agréables que ces divagations d'une femme qui ne sait qui elle est et qui fuit pour essayer de le découvrir.
Si je ne l'avais lu dans le cadre d'un prix de lecteurs, j'aurais abandonné avant la fin. Démoralisant et la fin de moins en moins compréhensible.
Pas terrible la sélection de cette année pour le prix du deuxième roman!
Qui sait
« J’écris pour remplir les vides. J’écris pour voir après. J’écris pour passer la nuit. J’écris pour triturer du bout du doigt les blessures de l’existence […] Si je n’obtiens pas de réponse, alors j’inventerai ».
C’est le jour où elle doit faire établir sa première carte d’identité que Pauline réalise l’incongruité de la suite de prénoms qui composent son patronyme. Jeanne, Jérôme, Ysé, des prénoms qui ne correspondent à personne de connu dans son entourage. Qui sont-ils et pourquoi ses parents ont-ils fait le choix de les lui attribuer ? Dans cette famille taiseuse, point de réponse. Alors, au moment où elle s’apprête à donner la vie et à elle-même choisir un prénom, l’auteur entame une enquête au cœur des silences de sa famille.
Trois prénoms et trois parties. Trois prénoms et trois phases de la vie de Pauline. Jeanne, l’arrière-grand-mère associée à l’attente de la naissance. Jérôme le mystérieux ami et la descente aux enfers après le traumatique « jour blanc ». Ysé enfin, l’héroïne de Claudel, qui signera sa reconstruction, son retour à la vie. Difficile de livrer un ressenti sur ce roman, premier que je lis de cette auteur, tant il m’a à la fois conquise et déroutée. Des qualités littéraires indéniables, servies par une écriture très belle, riche, nerveuse et percutante. Un propos captivant autour de cette recherche d’identité, véritable quête ou la narratrice (l’auteur elle-même ?) se perd, s’égare, fouille et déraille pour finalement se confronter à elle-même. Une ambiance intime et même intimiste, mais d’une sincérité touchante. C’est un roman qui m’a beaucoup fait réfléchir, sur le poids des non-dits, sur la puissance des prénoms, sur la différence entre ceux que l’on nomme et sur ceux que l’on tait, comme « elle ». Mais j’ai aussi été un peu déconcertée par certains passages et j’ai trouvé les parties d’intérêt inégal. La troisième partie notamment m’a un peu perdue, peut être du fait de ma méconnaissance de la pièce de Claudel.
Une lecture intéressante cependant, et je lirai j’en suis sûre les autres romans de cette auteur.
Deuxième roman de Pauline Delabroy-Allard, dont le premier ouvrage publié Ça raconte Sarah avait été un succès d’éditions, y compris au-delà de nos frontières, Qui sait donne la parole à une femme beaucoup plus modérée que ne l’était la narratrice du précédent ouvrage. Le point de départ de l’intrigue repose sur les prénoms que ses parents lui ont attribués à sa naissance, ceux qui n’apparaissent que sur les papiers officiels, que l’on découvre parfois tardivement chez nos proches. Ceux de Pauline, -Jérôme, Jeanne et Ysé- ont de quoi faire surgir de nombreuses questions. Pourquoi un prénom de garçon ? Qui est Jeanne et que représente Ysé dans l’imaginaire familial ?
Ce serait trop simple si la mère de Pauline pouvait simplement répondre à la question. Le sujet à à chaque fois esquivé, ignoré, chassé du discours comme on chasse une mouche taquine dans la chaleur de l’été.
C’est donc à Pauline de faire ce travail de recherche.
On découvrira peu à peu quel fragment de l’histoire familiale se cache derrière ces prénoms.
Cette enquête d’identité est une sorte de bilan personnel, à un moment des vie où la jeune femme vit des heures difficiles, dans son couple et dans on corps, des épreuves qui risquent de modifier le cours de son destin.
Roman intimiste, explorant la force des non-dits, ainsi que la frontière ténue entre les souffrances du corps et de l’esprit.
Après un premier roman d’une grande originalité Ça raconte Sarah, j’en attendais beaucoup avec ce second roman.
La 4ème de couverture est très claire, Qui sait, raconte l’histoire de l’autrice. Une autofiction, à croire que cela est très en vogue cette année !
« Qui sont-ils ? Jeanne, Jérôme, Ysé. La litanie de leurs prénoms, une petite musique dans ma tête, depuis des années, qu’il est temps d’écouter. Jeanne, Jérôme, Ysé. Mes fantasmes, mes zombies. Ils sont là, à mes côtés. » Le ton est donné à la page 23. Une émouvante quête identitaire m’attendait. Quelle déception de me rendre compte que celle-ci est superficielle. Mettez-y un soupçon de tente Quechua, de natation, de gym et de chat et vous obtenez un ennui général. Je ne crois pas en cette quête de vérité. J’ai plutôt eu l’impression que l’autrice brodait pour remplir les pages. Jeanne, Jérôme, Ysé, pouvaient très bien se raconter en peu de pages. À trop vouloir en mettre, l’autrice m’a perdue.
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2022/10/29/39686553.html
« Qui sait » est un roman intimiste, tout en sensibilité où l’auteure nous narre sa propre histoire de façon originale et émouvante car il est des événements sur lesquels il doit être particulièrement difficile d’écrire mais surtout de trouver les mots adéquats.
A la suite d’un terrible drame personnel, Pauline, 30 ans, découvre les trois prénoms attenant au sien. Jusqu’alors, elle n’y avait jamais prêté attention et ne sait au final quasi rien de ceux-ci. Afin de pouvoir se reconstruire, Pauline ressent le besoin de s’interroger sur leur présence mais surtout sur leur signification.
Dans sa quête personnelle d’identité, Pauline Delabroy-Allard emmène avec elle ses lecteurs, dans l’intimité familiale où un mot de trop n’est jamais prononcé et où les secrets anciens se perpétuent. Ses recherches se parcourent comme une véritable enquête où pour les témoins familiaux, l’omerta est parfois dure à briser.
Le livre est divisé en trois parties, intitulées chacune par l’une des trois questions kantiennes : que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? Chacune est alors consacrée aux recherches de l’écrivaine sur l’origine de chacun des trois prénoms.
Autant, j’ai adoré les deux premières qui m’ont littéralement séduite à la fois par la plume que par le contenu et transportée, autant la dernière consacrée essentiellement à l’imaginaire, m’a un peu perdue. Je l’ai trouvée un peu longue et parfois trop abstraite au regard des deux premières. Alors que les parties consacrées à Jeanne et Jérôme sont assez rythmées, celle d’Ysé m’a semblé trop contemplative et assez lente.
Malgré cet écueil, j’ai malgré tout apprécié cette lecture de la rentrée littéraire 2022 décrivant parfaitement les émotions de la narratrice au fil des rencontres par une belle plume réaliste et sensible.
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2022/08/qui-sait-de-pauline-delabroy-allard.html
" Quand on commence à creuser alors on creuse toujours, quand on commence à écrire, alors on doit écrire toujours."
Alors qu'elle est enceinte Pauline se fait faire pour la première fois une carte d'identité. Elle se retrouve alors face à ces trois prénoms écrits derrière le sien : Jeanne, Jérôme, Izé. Dans sa famille on ne parle pas du passé, les enfants ne posent pas de questions ou s'ils en posent les parents ne répondent pas. " On est une famille anonyme. On ne sait pas d'où on sort. Nous, moi, mon frère, ma sœur, on grandit dans le blanc." Avant d'être enceinte, Pauline ne s'était jamais posé la question de ses origines mais maintenant il lui faut en savoir plus sur ces trois personnes, " en apprendre plus sur ces personnes dont je n'ai jamais rien su et qui constituent ma famille, cette chaîne dont je suis un chaînon, cette chaîne qui m'enserre, qui me ligote, et qui est brisée... J'ai envie de savoir qui sont ceux dont je porte les prénoms, nous sommes quatre, en réalité, quatre dans la même personne, quatre dans ma tête, quatre dans mon corps."
Elle va découvrir le destin tragique de Jeanne, son arrière grand-mère, partir à Sousse sur les traces de Jérôme homosexuel dans les années 80 et se lancer à la poursuite d'Ysé, héroïne du roman "partage de midi" de Paul Claudel. Mais cette recherche et cette fuite cachent aussi et surtout un drame, un jour blanc du dernier hiver, une enfant sans souffle et une coquille devenue vide, un jour où sa lignée de femmes s'est brisée.
" J'écris pour ne pas faire autre chose. J'écris pour donner une contenance à l'existence. J'écris pour me dire que ça ira. J'écris pour attendre que les jours passent, que la vie passe. J'écris pour occuper mes mains... Plus on creuse et plus il faut creuser encore, creuser plus loin, on ne peut pas faire autrement."
L'auteure veut comprendre qui elle est dans la chaîne des femmes de sa famille "dans l'ombre de ceux qui ont existé avant moi ", esquisser les contours de Jeanne, Jérôme et Izé pour dessiner les siens. La question de l'identité et des origines est au cœur de ce roman mais derrière cette quête d'identité se cache une blessure profonde encore à vif que cette recherche va peut-être aider à cicatriser.
C'est un récit qui mêle fantasme et réalité, Pauline Delabroy-Allard donne libre cours à son imagination débordante, elle nous laisse des images en tête comme celle de Tutu, chat errant malingre recueilli à Sousse qui s'élance sur sa rampe de lancement.
Reprenant dans sa construction les trois questions de Kant "Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m'est-il possible d'espérer ?", ce roman contient des passages très puissants sur l'écriture et la nécessité impérieuse d'écrire "J'écris pour triturer du doigt les blessures de l'existence. J'écris pour savoir qui je suis."
" J'écris pour me défendre. J'écris avec les poings devant, comme si j'avais une bonne garde à la boxe... J'écris pour oublier le bruit de la chair qui frappe la chair inerte pour réveiller la vie déjà partie... J'écris pour laisser des petits cailloux, j'écris pour retrouver mon chemin dans la forêt "
Une magnifique écriture, parfois fiévreuse, pour parler de son jour blanc, tenter de s'en libérer et sortir de l'enfermement qui l'étouffe depuis ce jour d'hiver. Une réussite à la hauteur de son exceptionnel premier roman "Ca raconte Sarah."
J’aime répondre positivement aux demandes de Babelio lors d’une masse critique privilégiée. J’aime me dire que je vais recevoir un roman particulier, un texte choisi par un éditeur qui en reçoit des milliers. J’aime à penser que je vais être chanceuse de le lire avant tout le monde, et ensuite de chercher les commentaires des autres pour en discuter en famille ou entre amis.
J’ai donc reçu « Qui sait ». Et je l’ai lu, bien sûr, dans sa totalité ! J’en ai extrait quelques phrases fortes comme j’aime à le faire mais ensuite, qu’en dire de plus...
Pauline constate que trois prénoms secondaires figurent sur sa carte d’identité : Jeanne, Jérôme et Ysé. Après son terrible jour blanc en plein hiver, retrouver le pourquoi de ces prénoms sur ce papier va prendre une importance capitale et l’entraîner dans des errements familiaux, sociétaux, personnels qu’elle n’avait jamais imaginés.
Entre réalités et fantasmes, l’intrigue nous mène de questions infructueuses en recherches éclairantes sur les pistes de trois personnes en lien réel ou imaginaire avec sa propre vie. Et je cherche avec l’autrice. Mais moi, je cherche seulement à suivre ce qu’elle veut me faire comprendre car à l’image de l’AP et du AA découverts à Pech Merle et cités sans explications cohérentes, je me perds dans les pages mêlant phrases courtes et hachées à d’autres infiniment plus longues mêlant conversations et descriptions dans de longs paragraphes regorgeant de virgules.
L’écriture est intime et logorrhéique, ponctuée par des envolées poétiques et des évocations dessinées au scalpel, comme lorsque l’héroïne découvre dans la danse et le coach Jérôme une envie salvatrice. J’ai senti quelques passages autobiographiques, certains occasionnant des moments d’émotions fortes.
Je crois à la réelle qualité d’autrice de Pauline Delabroy-Allard mais le grand succès de son premier roman qui l’a déstabilisée au point de lui créer le besoin de s’isoler pendant un temps, lui a aussi demandé de se surpasser et dans ce cas, l’artificiel menace toujours.
C’est sûrement de ma faute si je suis passée à côté, je vous souhaite de faire mieux. En tout cas, vous n’aurez pas à chercher très loin pour trouver ce roman, il devrait faire partie des sorties importantes de la rentrée littéraire 2022.
Je remercie très sincèrement les Editions Gallimard et Babelio pour leur confiance renouvelée.
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