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Le sujet central de l'oeuvre de Genet, ce n'est ni le mal, ni la sainteté, la politique ou l'homosexualité mais la mort.
Être mort, parler par-delà le monde des morts, donner la parole aux morts. Genet est un janséniste qui se place du côté de ceux à qui la grâce fut refusée dès la naissance. Sans salut dans l'au-delà, ces hommes sont dès le premier jour de leur vie des cadavres errants et abjects, des non-êtres sans avenir. Genet est scandaleusement métaphysique par cette première affirmation - être impardonnable, c'est être mort - puis par sa volonté d'accorder sa grâce à ces bannis. Pour cela, il crée une langue qui tresse le champ lexical de la poésie à ceux catholicisme et de l'interlope : elle mêle la rose et la Vierge au meurtre et à la merde. Ce jeu formel, où le bien et le mal s'équivalent, répond à une nécessité, hyperboles et métaphores s'efforçant de faire sens afin d'offrir un verbe qui réaffirme à le droit à la parole, le pouvoir du locuteur, mais aussi de l'interlocuteur : être entendu est un préalable à toute grâce. Cette langue est donc opératoire : sa force poétique permet de nommer les morts, de les inscrire dans une famille et à nous, lecteur, de porter leur deuil.
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