« PERFIDIA » est-il un polar ? Oui si l’on considère qu’un roman qui a pour personnages des flics, des victimes et des assassins est un polar. Non, si l’on pense qu’une vision plutôt politique et polémique d’une période de l’histoire et d’un pays à travers un fait divers n’est pas un...
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« PERFIDIA » est-il un polar ? Oui si l’on considère qu’un roman qui a pour personnages des flics, des victimes et des assassins est un polar. Non, si l’on pense qu’une vision plutôt politique et polémique d’une période de l’histoire et d’un pays à travers un fait divers n’est pas un polar.
Quoi qu’il en soit, le roublard Ellroy n’en a rien à faire. Son nouvel opus n’y va pas avec le dos de la cuillère et l’intrigue policière n’est qu’un fait divers, prétexte à décrire le chaos crée par l’attaque de Pearl Harbor par les japonais le 6 décembre 1941. Aucune sophistication donc dans le factuel, nous ne sommes pas chez Michel Connely, nous sommes chez un des auteurs américains les plus perchés de sa génération, le redoutable James Ellroy. Comme dans sa précédente trilogie américaine (American Tabloïd, American Death Trip, Underworld USA) les hommes politiques y sont corrompus et priapiques, les flics corrompus et toxicomanes, le petit monde hollywoodien corrompu et cupide. La recette est connue, elle a porté ses fruits, le style Ellroy décoiffe, invente la lecture avec sac vomitoire à portée de main, mais les pages filent à une allure insensée et les personnages font leur habituel grand huit entre ascension et décadence sous nos yeux rouges et fatigués.
Le style Ellroy a-t-il ses limites ? Peut-être, dans le sens où aucun signe d’espoir n’est autorisé et que même la rédemption est un simulacre de plus. Personne n’est à sauver. Pourquoi pas ? Mais certains pourront préférer un univers similaire mais avec un traitement plus optimiste comme par exemple celui des cinéastes américains Scorsese, Shrader ou Ferrara . Ici, on est plus dans « Sin City, les japonais attaquent ». Ne gâchons pas notre plaisir, même si parfois l’addition est lourde, Ellroy nous embarque avec ses obsessions (démythification des actrices hollywoodiennes, Substances illicites, trahisons en chaîne…) et nous avons besoin d’un repos littéraire de quelques jours après avoir refermé cet enfer. Ce n’est quand même pas tous les jours ...