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Pays à vendre, le troisième roman publié d'André Bucher, le premier dans l'ordre de l'écriture, se déroule, comme les deux précédents, Le pays qui vient de loin (Sabine Wespieser éditeur, 2003) et Le Cabaret des oiseaux (Sabine Wespieser éditeur, 2004), dans le décor des Alpes-de-Haute-Provence, dont l'écrivain dépeint si bien la nature grandiose à laquelle ses héros lient toujours leur destin.
Quand, dans les années quatre-vingt, André Bucher s'est mis à écrire, il s'est d'abord retourné vers sa période beatnik et libertaire. Sa série de trois romans noirs, dont voici le premier, est sa manière à lui de rappeler les combats de ces années-là et aussi de ne pas les renier.
Nils Baker, le privé qu'il met en scène, a quitté la région parisienne pour venir s'installer à Sisteron en 1971, sur une terre devenue sienne parce qu'il la cultive entre deux enquêtes, bien souvent des petites affaires locales sans importance. Une terre qui n'est pas à vendre, malgré l'arrivée, dans les années 1980, des investisseurs alléchés par l'attrait touristique de la région. Une terre que le personnage défendra jusqu'au bout, comme le dernier des Mohicans.
Une fin d'automne, dans son bureau situé au-dessus de la permanence du candidat écologiste Mamain, Nils Baker apprend que des promoteurs allemands, en concurrence avec des escrocs du cru, s'apprêtent à racheter à prix d'or les meilleures terres de son village pour construire un complexe de " régénération ", avec parcours de golf et lac artificiel. Après des négociations avec les élus dont l'issue est immanquablement favorable, un lot de 200 hectares leur fait défaut : celui que cultive Nils Baker.
Commence pour le personnage une guerre sur deux fronts : détective, il est sollicité pour résoudre cette embrouille immobilière chapeautée par les politiques régionaux, qui implique plusieurs disparitions et bientôt des meurtres. Mais il se retrouve aussi au coeur de cette affaire : profondément attaché à ses terres et à ses bêtes, il doit résister aux méthodes d'intimidation sérieuses de ce groupe de maffieux.
Son combat, il le mène non sans humour ni inconscience avec ses fidèles amis : Nathalie et Kevin qu'il connaît depuis l'enfance, Véronique, violée par un des truands, Agnès, une journaliste parisienne venue enquêter sur la situation et Pétrolic, l'ami berger. Le petit groupe, vivant en camp retranché, forme pour quelques semaines une communauté solidaire jusqu'au point de non-retour, jusqu'à la tragédie. Le roman prend alors une tournure plus noire, au-delà de l'intrigue. L'écriture se fait de plus en plus poétique, et le constat d'échec est amer : l'arrivée du béton, l'uniformisation massive sont en marche et rien n'arrêtera cette fatalité. La montagne est progressivement mangée, et s'ils réussissent à endiguer le flot de constructions ici, ils ne pourront rien ailleurs. La fin est sublime : alors que Nathalie prend une balle perdue, Nils Baker renonce, seules lui restent la poésie et la magie païenne du lieu qu'il convoque pour un ultime hommage.
Ce texte, qui commence comme une joyeuse pochade, laisse très vite la place aux thématiques qu'André Bucher ne cesse d'explorer : l'osmose avec la nature et, derrière la dérision, un sens aigu de la fidélité et de l'attachement. Derrière ce personnage de privé libertaire, pur produit des années soixante-dix, reconverti dans l'agriculture, derrière ce cynique au grand coeur, c'est un peu la silhouette de l'écrivain lui-même qui se profile, comme pour un beau rendez-vous entre amis.
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