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«Comme toutes les familles, nous avions un secret. Ce secret, c'était que la nuit, nous ne dormions pas.» Dans un village de l'Essonne, à la fin des années 1990, une petite fille grandit au sein d'une famille en apparence sans histoires. Pourtant, elle perçoit confusément une menace. Il y a d'abord ce secret familial bien gardé, ces insomnies qui rendent les journées électriques. Il y a ces mots redoutables - lotissement, couloir aérien - qui résonnent comme de mauvais augures. Et puis il y a le père, irascible et distant, qui demeure un mystère pour la fillette. À mesure que les mois passent, le huis clos familial se fait oppressant. Jusqu'à ce qu'un drame survienne, que personne ne nomme... Ressuscitant le monde de l'enfance et son inquiétante étrangeté, Clothilde Salelles explore dans Nos insomnies la question du tabou et le pouvoir ambivalent des mots, destructeurs et salutaires.
Dans cet impressionnant premier roman, la narratrice, une petite fille de dix ans observe avec acuité sa famille, à l’écoute du moindre bruit, de la moindre absence de bruit afin de savoir qui d’autre ne dort pas dans la maison. Car chaque famille a ses secrets, le leur est qu’ils ne dorment pas. A travers les paroles voilées, les regards absents et les non-dits qui règnent dans la maison, elle perçoit confusément une menace. Les insomnies du père l’ont contaminée ainsi que sa mère, seuls les jumeaux y échappent. Elle va alors scruter ce père , cette ombre dévitalisée qui prend énormément de place tout en effleurant à peine leur vie familiale, qui vit en dehors des contraintes matérielles et mercantiles laissées à sa femme, qui ne s’anime que pour promener sa chienne ou lors des vacances d’été au camping. Le reste du temps, seuls ses « objets totems » le réaniment, sa tasse de café, son journal et sa chienne. Sinon, il part tôt et revient tard, mais se rend -il vraiment au travail, notre narratrice le harcèle donc de questions et va jusqu’à le suivre afin d’éclaircir le mystère qu’elle sent poindre.
La construction d’un nouveau lotissement derrière leur maison est perçu par le père comme une véritable apocalypse. Tout comme l’insomnie, le lotissement devient une brume non verbalisée qui les envahit de l’intérieur. Désormais le père ne part plus travailler, il dérive dans la maison et se retranche dans sa chambre ou dans son cagibi/bureau, dès lors, il faut vivre le plus silencieusement possible car « papa dort » « papa travaille » « papa a mal au dos ». La triste banalité de son quotidien silencieux vient percuter celui sonore et visuel des amies chez lesquelles les murs vibrent de la vitalité de la maisonnée , on y parle et on y rit fort, on y écoute de la musique , on y fait du bruit.
Le silence se referme sur eux en même temps que la situation se dégrade, le tout dans une atmosphère tendue où tout le monde file doux, jusqu’au drame.
Ce huis clos, nous entraine chez une famille de cinq personnes où les activités collectives ne semblent pas avoir leur place. C’est la fillette de dix ans qui endosse le rôle de narratrice, ensuite viennent des jumeaux dont on parle peu car ce qui se passe n’a apparemment pas de prise sur eux, puis vient le père qui oscille entre présence et absence, enfin la mère discrète et garante du bon fonctionnement de leur vie domestique. La fillette ne dit jamais « mes parents », il n’y a pas d’entité parentale comme chez ses amies, mais la mère et séparément le père.
L’écriture fluide et précise de l’autrice retranscrit extrêmement bien le malaise qui envahit cette famille dont la moindre respiration est suspendue aux humeurs du père. Tout est raconté à hauteur d’une enfant de dix qui, au travers de l’ambivalence des mots et de leur pouvoir, pressent une menace mais ne peut l’appréhender. Tout comme cette famille, le lecteur cesse de respirer et tend le dos face à la catastrophe imminente.
Une famille de la classe moyenne, comme les autres, dans les années 1990. Une banlieue parisienne en pleine construction. Un secret : leurs insomnies.
Un premier roman très fort de cette rentrée. La voix d’une petite fille pour raconter sa vie, sa mère, ses petits frères jumeaux, et son père ; ce qu’elle en comprend avec ses mots à elle et les non-dits qui l’entourent. Petit à petit le doute s’installe en elle, elle sent qu’il y a quelque chose de pas normal dans leur famille, mais rien n’est exprimé ou des mots qui font peur. Elle sent qu’il y a quelque chose qui cloche avec ce père qui s’enferme dans son bureau, irascible, ne supportant aucun bruit, aucune contrariété.
Je vous laisse découvrir la suite de ce huis clos familial.
C’est un roman sur le tabou, sur ce qu’on tait aux enfants, mais surtout sur le pouvoir des mots, leur fonction tantôt salvatrice ou destructrice.
C’est un hommage à l’expression, à la parole et à l’écriture, un roman bouleversant qui m’a émue, plein de délicatesse et très angoissant. Un roman d’une grande finesse, pudique, qui révèle l’importance de mettre des mots pour que l’enfant se construise.
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