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Le roman de Mattia Filice épouse le rythme et le paysage ferroviaires, transmute l’univers industriel du train, des machines et des gares en prouesse romanesque, dans une écriture détournée, qui emprunte autant à la langue technique qu’à la poésie épique. Mais c’est aussi un apprentissage social, la découverte du monde du travail, et parfois la rencontre de vies brisées. Un étonnant roman de formation, intime et collectif, où les plans de chemin de fer, les faisceaux des voies, décident de nos mouvements comme de nos destins, où se distinguent et se croisent vers et prose.
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Le narrateur, on l'imagine plutôt littéraire, cultivé, appréciant la poésie et la musique... Et pourtant, il faut se nourrir. Sans emploi, il postule pour une formation de conducteur de train à la SNCF. Il découvre la mécanique, avale les pages de son manuel. C'est l'occasion aussi de lier de nouvelles amitiés. Chacun s'entrapine à sa manière, le stress est pesant, il faut aller jusqu'au bout... Puis le grand jour arrive, il est reçu. Réussite à l'examen, conduite de train. Encore et toujours du stress, da cauchemars la nuit. Peur de la panne en pleine nuit au milieu de nulle part, et pire de l'accident. Heureusement, il y a les collègues avec lesquels on peut partager. La vie n'est pas rose pour certains d'entre eux, et on se serre les coudes, magouille un peu pour se rendre service. Ensemble, ils représentent une force quand il s'agit d'affronter le patron, de faire grève pour mettre fin aux exigences d'une hiérarchie qui prend souvent des décisions décalées.
Quand j'ai reçu ce roman, j'ai lu la première page : imbuvable ou prseque. J'ai ouvert au hasard une page au milieu du livre : même chose. Je ne comprenais pas pourquoi je l'avais reçu : "Impossible, j' nai pas pu postuler pour ce genre de roman : on n'y parle que de mécanique ! Je le commence ce matin dans le train, et je l'abandonnerai sûrement ce soir !". La mécanique est en effet loin d'être mon royaume. Pas de ponctuation. Cela ressemble souvent à de la poésie, l'auteur jouant beaucoup avec la sonorité des mots. Finalement, moi aussi, j'y suis allée jusqu'au bout ! Je tire même mon chapeau à l'auteur : il fallait le faire. Intégrer le monde du travail au milieu de propos mécaniques ... Ma note est moyenne parce qu'évidemment, la mécanique, c'était trop pour moi. Le reste est très bien dit...
Tchou Tchou…
La forme est originale et le lecteur embarque immédiatement et se laisse bercer par le rythme du train .
La poésie est là et donne la cadence d’une jeunesse en construction pour intégrer le monde adulte. D’ailleurs plus notre héros des temps modernes s’approche de la fin de sa formation plus la prose s’impose.
Mais c’est plus que cela, par ce biais, Mattia Filice fait une véritable radioscopie de notre monde contemporain.
« les barons du rail
disions-nous autrefois
le dernier maillon de la chaîne
nous a-t-on précisé dès notre première journée
On
On est un moule qui fabrique en série
Surtout dans les grandes entreprises
dont nous usons par souci de simplification
Tu es le dernier maillon de la chaîne
c’est répété en permanence pour que nous ne puissions l’oublier »
Un premier livre étonnant et prenant.
Apprentissage, échecs, victoires, les copains, jusqu’au Graal.
Le vocabulaire métier et les acronymes qui caractérisent une époque.
La forme épouse le fond en nous montrant un millefeuille, reflet de notre société, lieu de brassage humain.
C’est aussi montrer la violence de notre monde, violence d’un systèmes et la résistance induite, pot de terre contre pot de fer ?
Clopin-clopant comme ils peuvent.
Finalement c’est ce que nous montre cette épopée, l’envers d’un décor parsemé de choses vues drôles, dramatiques, ordinaires comme une vie qui passe.
La tendresse est là, une voix celle de la grand-mère italienne, l’ancêtre, la nonna, sa simplicité et son bon sens.
Ce livre n’est pas sans rappeler le magnifique À la ligne du regretté Joseph Ponthus, nous montrer de l’intérieur la vie de ceux qui œuvrent dans l’ombre, invisibles, muets.
Merci à Françoise Fernandes de la Fondation Orange et aux éditions P.O.L pour ce privilège de lecture.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2023/09/12/mecano/
«Tu veux conduire le train?»
Dans un premier roman écrit en vers libres Mattia Filice raconte comment il est devenu conducteur de train et nous fait découvrir avec humour et autodérision un univers très particulier où la poésie finit par tordre le cou aux objectifs de rendement.
Depuis le regretté Joseph Ponthus et son roman À la ligne, on sait que le monde du travail peut aussi se révéler en vers libres et que ce style peut parfaitement épouser cadences infernales et luttes sociales.
Avec Mécano, Mattia Filice lui emboîte le pas et va nous raconter sa vie de cheminot, ou plus exactement de conducteur de train à la SNCF.
Un monde régi par ses propres règles et auquel on accède après une série d'obstacles, à commencer par l’entretien d’embauche.
Durant ce premier face à face avec la hiérarchie, il s'agit de caresser l'employeur dans le sens du poil, de lui dire ce qu'il veut entendre. Ce moment où notre futur mécano répond à des questions «à la con» est particulièrement savoureux (et pourra servir à ceux qui entendent le suivre dans cette voie).
Après un simple coup de fil, il est convoqué près de Paris pour une session de formation qui ressemble à une course par élimination. Le petit groupe se réduit comme peau de chagrin et n'offre plus qu'à une poignée de rescapés la possibilité de monter dans une vraie locomotive pour un premier voyage aux commandes d'un convoi de marchandises.
Là encore, on découvre les règles non-écrites de ce milieu très particulier, son jargon quasi indéchiffrable pour qui n'est pas du sérail, la solidarité des collègues qui ont franchi le cap de cette formation couperet et le fossé qui semble infranchissable avec la hiérarchie. À partir de là, Gaël, Kamal, Adama, Yann ou encore Pablo vont former un groupe aussi disparate qu'uni.
Si l'on voulait une illustration de l'absence, voire de l'impossibilité du dialogue social, on en trouvera ici une édifiante illustration. Et comme toujours, ce non-dialogue débouche sur une grève. Autre moment savoureux du roman que ce premier conflit social qui voit s'affronter des représentants d'une même entreprise qui ne se comprennent pas. Il faut dire que du côté des cols blancs tout a été fait pour cloisonner les fonctions et pour empêcher d'unir les travailleurs. Mais la solidarité trouve ici un terreau fertile et, petit à petit, la peur change de camp. Les timides osent s'exprimer et les collègues, qui s'ignoraient jusque-là, se retrouvent.
Ce roman initiatique, qui nous est offert avec une bonne dose d'autodérision, montre bien le climat social dégradé au sein d'une technostructure qui essaie de cacher les hommes - les femmes sont quasiment absentes - derrière des objectifs et des nombres. Tout le talent de Mattia Filice tient dans sa capacité à faire émerger les émotions, souvent avec humour, dans ce monde que l'on voudrait déshumaniser. On rit et on pleure, on chante et on aime, on vit et on s'use.
https://urlz.fr/mK9h
Mecano est un ovni dans le paysage littéraire : un exercice littéraire étonnant, avec un livre en vers libre, consacré au métier de conducteur de train. Un opus tout en poésie, autodérision, riche de vécu et de fictions.
Mattia Filice a l’art et l’aisance d’embarquer le lecteur dans sa cabine de pilotage. Il nous fait partager son ressenti du quotidien de cheminot roulant et son immense responsabilité de chaque instant.
On ne trouve pas une page ou un instant qui ne respire pas train, à l’image du sommeil : même quand il dort, il surveille le réveil. Mecano a une vie de solitaire, renforcée par la marée humaine sur les quais mais aussi l’appartenance à une communauté.
Sa vie est celle d’un nomade en orbite autour de la gare. Aucune formation ne permet de gérer toutes les situations ni le stress et les tensions, liées à la crainte et/ou la réalité d’un incident ou d’un accident.
Pour un premier roman et quelqu’un qui avait juré de ne jamais écrire sur son métier, Mecano est un coup de maître, mêlant portraits, anecdotes et critique sociale.
Que vous ayez rêvé un jour d’être conducteur de train ou pas, vous ne pourrez pas rester insensible au beau voyage que nous offre ce bel ouvrage porté par le tempo des battements de cœur des trains.
Lors de votre prochain trajet en train, il est sûr que vous verrez plus le conducteur, ce quasi invisible, de la même façon.
Mécanos, c’est ainsi que se désignent entre eux les conducteurs de train. Mécano, un mot parmi tous les mots techniques, les acronymes barbares utilisés par la corporation des cheminots et qui est le langage de ce récit initiatique, moitié prose, moitié vers libres.
L’auteur et narrateur nous ouvre ce monde mystérieux des chevaliers du rail, entre l’apprentissage et les rituels d’un métier très technique et l’épopée chevaleresque de ces seigneurs du rail qui ont leur propre code d’honneur.
L’entrée dans le métier arrive un peu par hasard, après une période de chômage. Puis, très vite, Mattia Filice est happé par ce travail à la fois fatiguant et fascinant.
« Tu veux conduire le train ?
Ce n’est qu’à cet instant que j’associe
ce serpent métallique à un humain
c’est le déclic fait de bric et de broc
du voyage sur la toile au travelling permanent. »
Comme un voyage sur rail en roue libre, cet opus de 363 pages nous ouvre d’autres horizons, ceux du travail de roulant, de la condition ouvrière avec ses conflits, sa solidarité et ses peines. Roman social mais pas que car l’auteur taquine la muse, il aime Rimbaud et la poésie, les récits d’aventure.
Il nous raconte son quotidien et celui de ses collègues : Ach, Gérard, Yann, Adama et Hidaya, une des rares femmes à exercer ce métier. Tous mobilisés pour faire leur job et c’est beau, cette solidarité ouvrière, cette débrouille pour que les trains arrivent à bon port. Car les avanies, les pannes, les accidents de personne, sont légion sur les rails. Et lorsqu’ils rentrent, ils sont d’humble héros méconnus.
« Il rentre avec une odeur de diesel sur sa veste de trappeur
Il revient vivant d’un western où il n’y a eu finalement aucune attaque de la diligence. »
Au-delà du témoignage, ce récit est aussi une critique sociale et politique, surtout lorsque Mattia Filice évoque les jours de grève des roulants.
La forme littéraire surprend par sa diversité et ses fluctuations permanentes qui, parfois, désorientent ou irritent le lecteur, c’est selon. Il faut le voir comme un long voyage sur les rails, se laisser porter par le rythme du train comparable à celui des phrases sans ponctuation. Mais l’auteur n’a-t-il pas défini lui-même son roman de « Pudding littéraire ».
Au final, une lecture curieuse, un tantinet longuet, surtout quand il s’agit de suivre l’entrée du narrateur dans le métier. Malgré la lecture parfois astreignante, j’ai trouvé la forme très originale, où poésie, humour et critique sociale s’entremêlent sans ordre mais sans jamais dérailler.
Mattia Filice conduit des trains depuis dix-huit ans. Cet ancien projectionniste de cinéma s’est retrouvé mécano au hasard d’une reconversion, après un licenciement. Avec un irrésistible sens de l’humour et de la poésie, ce peu ordinaire premier roman transcrit son parcours en véritable épopée, virtuose bouquet de prose et de vers libres sur fond de grisaille industrielle.
« L’apprentissage du chevalier sans armure ni épée ni cheval », « Le lyrisme du chevalier acheminé jusqu’au butoir », « Le chevalier posté au croisement bon » : avec autant d’humour que de passion pour son métier, c’est en véritable chevalier du rail que s’érige l’auteur. Adoubé après une formation aux allures de rude parcours initiatique, le voilà à chevaucher des monstres d’acier d’une puissance colossale que seuls les membres de sa confrérie savent mener au doigt et à l’oeil, forts d’un savoir technique au jargon si obscur qu’il en devient étonnamment poétique, constamment sur le pied de guerre pour battre en brèche incidents et accidents - toujours possiblement dramatiques, en tout cas nécessitant chaque fois de livrer sans faillir la bataille qui assurera la sécurité et la continuité du service -, « lonesome cow-boys » convoyant contre vents et marées leurs cargaisons d’âmes ou de fret, dans une vie nomade semée de bivouacs en foyers perdus entre dépôts et gares de triage.
De traits d'humour en clins d’oeil cinématographiques, Mattia Filice réussit si bien à faire des petites anecdotes journalières de véritables épopées, que, chaque page comportant son lot d’épreuves à traverser, le récit nous tient au rythme de ses rebondissements comme un facétieux roman d’aventures. Formant une riche et disparate galerie de portraits, les acteurs anonymes du quotidien y deviennent des héros, liés par un esprit de corps prompt à se manifester par l’entraide, mais aussi par la grève. Le livre se fait alors également social et politique, au gré d’observations de la relation au travail, des rapports hiérarchiques et de la manière dont les dirigeants considèrent les employés.
Mais, plus que tout le reste, ce sont véritablement ses qualités littéraires qui achèvent de rendre génial ce livre sans pareil. Et l’on s’incline chapeau bas devant le prodige de tant de poésie jaillie du mystérieux jargon des techniciens du rail et de l’austère ambiance industrielle des gares, des dépôts et des locaux techniques ferroviaires.
En tant que arrière- petite fille, petite fille et fille de cheminot, quand j'ai entendu cet auteur a la radio, je me suis dit qu'il fallait que je lise ce texte. Et quelle belle découverte !
Ce texte, en vers libres, décrit très bien le monde du travail des mecanos de la grande Entreprise. Le narrateur nous entraîne avec lui dans les locos, sur les rails, dans les relations avec les collègues, avec la hiérarchie, avec les passagers. Et il décrit très bien aussi ses sentiments, ressentis personnels face à ce monde qu'l découvre. Il parle très bien aussi du jargon de la vie du rail, les différents termes utilisés pour les machines, pour les feuilles de routes. Il y a de très beaux portraits de collègues.
Un texte qui parle très bien de ce monde, d'ouvriers du rail; d’invisibles (car qui pense sincèrement au pilote de la loco quand ils montent dans un train). Le narrateur fait les lignes autour de Paris et décrit très bien ces zones périphériques à la Grande Ville (une belle page quand il fait sa première entrée en gare de Saint Laz). Il décrit aussi de belles scènes de complicité, de camaraderie entre collègues (des échanges de feuilles de routes, des courses pour arriver le premier en gare, des moments difficiles mais solidaires pendant des grèves), de l'humour qui peuvent ponctuer le quotidien du travail ( les annonces très drôles de certains collègues, des enfants qui vont monter dans la cabine pendant quelques stations, des ouvriers africains qui vont monter in extremis dans sa cabine) ou des moments plus tragiques (de la solitude, des accidents incidents lors de certains voyages).
L'auteur a associé avec beaucoup de poésie, de subtilité, d'humour le langage si particulier des machines, du mémento en cas de panne mais aussi des moments de poésie pure, quand il décrit les voyage en tête de loco ou les rêves et cauchemars qui le hantent après le travail.
Un texte qui rend hommage aux mecanos, roulants, à ceux qui font fonctionner la grande Entreprise tous les jours. Des portraits restent en mémoire et des scènes aussi.
Un très réussi premier roman-récit dont je vous conseille la lecture et vous ferez sûrement plus attention au mécano en tête de loco lors de votre prochain voyage en train.
« Tu veux conduire le train? ». Un train en retard, et cette phrase nonchalamment lancée par un contrôleur attisera la curiosité du jeune narrateur, licencié en sursis, et déclenchera son envie de devenir mécano. Pas conducteur, pas chauffeur, mais mécano, comme on dit dans « l’Entreprise ». Récit de 18 années passées dans « la loc », en tête du serpent métallique, seul dans sa cabine avec l’horizon face à lui.
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Quel livre singulier! Écrit dans une langue qui alterne vers libres et prose, on y trouve à la fois termes techniques et acronymes, aussi bien que des aphorismes en italien, quand il pense à sa nonna. On pense bien sûr à Ponthus et la comparaison est inévitable, car au delà de la forme, comme dans «À la ligne », ce roman nous plonge dans le monde du travail. Une immersion dans le difficile parcours de formation, avec ses rêves brisés, ses élus et ses déçus. On assiste à la fierté des premiers voyages en solitaire, on découvre l’enfer des découches dans de dépôts sans âme, on comprend la pénibilité de ses horaires anarchiques, de la pression quotidienne, de la responsabilité immense qui pèse sur un seul homme. Et puis surtout, il y a les amitiés nouées au fil des ans, la solidarité dans les moments difficiles, le soutien lors des incidents voyageurs, cauchemar des mécanos. Et puis il y a les grèves, ces débrayages jamais décidés à la légère mais dernier recours face à la Direction quand elle est aveugle et sourde aux conditions de travail de plus en plus dégradées, ces moments qui tissent fort les liens entre camarades de lutte, les unissant dans la famille du rail.
Lors de ma lecture, plusieurs fois je me suis posé la question de savoir si j’aimais ou pas ce roman, déroutée parfois par la forme, les phrases interminables ou l’absence d’émotion. Mais après l’avoir refermé, je me suis surprise à y repenser, à aller relire des passages et j’ai su que ce livre serait inoubliable.
Un roman social qui s’inscrit dans la tradition de la littérature ouvrière, en le mêlant subtilement à une originale poésie. Une chronique ferroviaire qui me fera envisager différemment mes prochains voyages
Lu dans le cadre du Prix Orange du Livre
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