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Le mardi 16 août 1870, Alain de Monéys, jeune Périgourdin intelligent et aimable, se rend à la foire de Hautefaye, le village voisin.
Il arrive à destination à quatorze heures.
Deux heures plus tard, la foule l'aura lynché, torturé, brûlé vif et même mangé.
Pourquoi une telle horreur est-elle possible ? Comment une foule paisible peut-elle être saisie par une frénésie aussi barbare ?
Ce calvaire raconté étape par étape constitue l'une des anecdotes les plus honteuses de l'histoire du XIXe siècle en France.
Hystérie collective, chemin de croix d'une victime et petite leçon de barbarie sont les ingrédients de ce livre qui ne laisse pas indifférent.
Le Point
roman très bien écrit qui démontre le côté inhumain de personnes agissant en groupe contre un seul homme. histoire vraie.
réflexion sur des réactions (lynchage en bande organisée) harcèlement....âme sensible s abstenir.
Un livre prenant, dur, voire atroce, que je conseille à ceux qui ont été victime de violence en groupe. Comment comprendre cette folie qui s'est emparée de tout un village paisible ?
http://unlivrepourmeconsoler.fr/pour-toi-qui-as-ete-victime-de-violence-en-groupe-mangez-le-si-vous-voulez-de-jean-teule/
C'est un fait divers historique tout à fait morbide que nous raconte Jean Teulé dans ce roman. Avec sa verve imagée, il nous décrit l'aveuglement de la foule, l'émulation qui arrive à faire des horreurs, la sur-enchère poussée à l'extrême.
Un roman fort et dérangeant, où les tortures nous sont décrites dans les moindres détails y compris la jubilation des bourreaux, ainsi les souffrances et l'incompréhension de la victime.
La dernière partie qui concerne le procès nous éclaire sur ce phénomène de foule qui fait perdre la tête, où l'on agit poussé par les encouragements sans plus aucun discernement.
Un roman comme un reportage brut, sans sentiment ni jugement, court et puissant.
Un livre que l'on referme avec un gout amer sur la nature humaine.
J'aime beaucoup Jean Teulé, j'aime l'entendre parler de ses livres et de ceux des autres, mais je dois bien dire que je n'avais jamais réussi à le lire totalement convaincu. Le magasin des suicides m'a déçu. Je, François Villon ne m'a pas transporté. A chaque fois quelque chose coince. J'ai bien failli me retrouver dans la même situation avec ce roman (basé sur des faits réels) : les débuts sont un peu naïfs, joliment comme si Alain de Monéys était une sorte de Candide qui vivait dans un monde beau. Son arrivée dans le village de Hautefaye est belle, lui sur son alezan, les paysans lui parlant tous de bonne humeur. Les dialogues ne sont pas crédibles, personne ne parle ainsi : "Bonjour Etienne Campot. Ça va Jean ? (...) Qu'allez-vous donc faire à la frairie de la Saint-Roch avec ce boulonnais, les frères Campot ?" (p.13/14). On se croirait au théâtre lorsqu'un acteur fait exprès de mal jouer et de mal dire les répliques. Ca sonne faux, mais c'est sans doute pour donner beaucoup d'informations sur les relations entre la future victime et ses futurs bourreaux, sur l'ambiance du jour, sans être trop magistral.
Heureusement, ça ne dure pas et lorsque la violence s'installe, Jean Teulé reprend une écriture plus sèche et directe. Contrairement à sa manière de parler, même s'il n'élude rien, il n'use pas d'un vocabulaire argotique et reste sobre, ce qui rend son récit très visualisable et ne l'édulcore point. C'est dur, c'est fou, c'est inimaginable, c'est parfois à la limite de ce que peut endurer un lecteur surtout parce qu'il sait que le fait est avéré, que Alain de Monéys en est véritablement passé par là. On est donc face à la folie humaine aux débordements incontrôlés et incontrôlables, aux effets de masse, de foule, et même au-delà. Comment peut-on en arriver jusqu'à molester, frapper, torturer et brûler vif un homme ? Un ennemi on pourrait si ce n'est comprendre au moins entendre certaines raisons, mais un homme du coin aimé et respecté ?
Le roman commence comme une bluette, puis part dans des accès de violence inouïs. L’auteur parle de tous les protagonistes, de ceux qui veulent empêcher le massacre, de ceux qui ne voient plus rien que la personne à abattre et qui n’expliqueront jamais vraiment leur geste. Il joue avec son écriture nous promettant une belle histoire qui dérive très vite dans un déchaînement de violence décrit en phrases courtes, rapides, et dans un vocabulaire courant emmenant son lecteur au bord du dégoût mais aussi l’empêchant de lâcher son livre. Enfin, je pourrais dire que j’ai aimé un roman de Jean Teulé (merci Pierre –qui se reconnaîtra- pour ton prêt). Un livre qui m’a rappelé un autre, du même genre, Un juif pour l’exemple de Jacques Chessex, dur et beau en même temps.
Une histoire vraie qui mériterait d'être enseignée pour comprendre le mécanisme effrayant de l’hystérie collective où le QI se divise en fonction du nombre de participants au lieu de se potentialiser !!
Une belle leçon de dérapage où la victime ne peut échapper à son effroyable destin dans une atmosphère de guerre où les rancœurs sont trop vives !
C'est un roman qui nous rappelle aussi que parfois nous jouons de nos émotions sans prendre de recul et que le "bien pensant " n'est pas toujours dans l’immédiateté ...
Cela commence tout gentiment. Nous sommes en plein été, au nord de la Dordogne, dans le domaine de Bretanges, sur la commune de Beaussac. Alain de Monéys, jeune homme de 28 ans se lève et converse un moment avec Amédée, son père, et Madeleine-Louise, sa mère. Nous sommes le mardi 16 août 1870, une sécheresse terrible sévit sur le pays et notre homme ne sait pas ce qui l’attend.
Exempté par le conseil de révision, il ne combat pas les Prussiens en guerre contre la France mais a demandé qu’on lève son exemption pour partir enfin sur le front de Lorraine malgré un léger handicap qui l’empêche de marcher normalement.
Comme il est le gérant du domaine familial et en même temps premier adjoint de Beaussac, il décide de se rendre à la foire de Hautefaye, le village voisin. Après avoir fait le trajet à cheval, il commence à rencontrer des gens, tous courtois, comme Madame Lachaud, la femme de l’instituteur. Il ne se montre pas insensible au charme d’Anna Mondout, 23 ans, qui ne sait ni lire ni écrire, un cas fréquent à l’époque : « un enfant à l’école, c’est deux bras en moins à la maison et dans les champs. »
La foire de Hautefaye est un événement dans le pays et attire près de 700 personnes dans ce bourg qui compte tout juste 45 âmes. La chaleur, la soif et la sécheresse échauffent les esprits car les nouvelles du front sont contradictoires. Un cousin d’Alain fait savoir que L’écho de la Dordogne annonce des défaites à Froeschwiller, Reischoffen, Woerth et Forbach mais on ne veut pas le croire. Alors que la colère commence à gronder contre ce défaitiste, celui-ci réussit à s’enfuir.
Entendant ce remue-ménage, Alain de Monéys veut savoir ce qui se passe, défend son cousin et se fait traiter de Prussien et la folie s’empare d’une foule qui a trouvé un bouc-émissaire idéal pour servir d’exutoire. Je vous laisse le soin de découvrir la suite racontée avec minutie et truculence comme sait si bien le faire Jean Teulé.
Mangez-le si vous voulez raconte une histoire vraie qui a défrayé la chronique et dont le dernier témoin est mort en 1953.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
ah j ai eu du mal à le finir tant il est ecoeurant .... comment passez de l innocence à une mort atroce, cet enfant a du souffrir; ms quelle folie s empare de la foule ?. C est Teulé que j aime, ms j ai eu du mal.
Dans ses romans, Jean Teulé nous a habitués à des sujets sérieux traités avec une certaine dose d’humour et parfois assez décalés. Dans «mangez-le si vous voulez, l’auteur nous relate de sa plume inégalable un épisode de l’histoire que l’on souhaiterait ne jamais avoir existé. J’avoue que sa lecture est une bien étrange expérience. Ce roman a été mis en scène en 2014 mais je n’avais pas pu aller au théâtre voir son adaptation très contemporaine.
Nous sommes en août 1870 dans le village de Hautefaye, en Périgord. La France est en guerre contre la Prusse, les enfants du pays meurent au combat pendant que les jeunes privilégiés restent au pays. Alain de Monéys n’est pas de ceux-là, il part dans quelques jours se battre contre les prussiens. C’est jour de marché au village voisin et Alain veut régler quelques affaires avant son départ.
En cette journée d’été, la chaleur est écrasante, on sent confusément que tout peut arriver. Une phrase mal comprise, sortie du contexte, fait d’Alain le bouc émissaire d’une meute de villageois soudain déshumanisés. La violence, l’horreur, les coups vont s’enchaîner jusqu’à la torture, jusqu’à la mort du jeune de Monèys. Malgré tous leurs efforts, les amis du jeune homme, conscients du drame qui se déroule, sont impuissants à stopper son calvaire.
L’auteur déroule étape par étape ce moment où tout le village bascule dans l’horreur absolue, capable du pire, comme entrainé dans un élan par la foule, quand plus aucun raisonnement individuel n’est concevable. En quelques heures tout un village se déchaine, se change en bourreau, la haine se cristallise, les hommes perdent leur humanité et se transforment en bêtes sanguinaires. Ils sont unis en une meute qui ne sait plus ni penser ni comprendre, qui n’entend plus la raison, et qui s’enfonce au plus profond de la folie meurtrière. Puis vient le silence, chacun retrouve ses esprits, l’indicible apparait alors dans toute son horreur. Sur cet aspect-là, ce livre m’a d’ailleurs fait penser à celui de Philippe Claudel, le rapport de Brodeck.
Le procès punira quelques coupables, enfin, pas tous, « sinon il faudrait arrêter… six cent personnes. C’est un crime...pas ordinaire ». Le village portera longtemps les stigmates de cet épisode bien peu glorieux de son histoire. Même si l’issue en est connue, c’est un très court roman qui vous installe dans un état très inconfortable, à la limite de l’écœurement et du malaise, mais qu’on ne peut pas lâcher.
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