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«Je voyage pour vérifier mes rêves», a écrit Gérard de Nerval. Comme lui, je n'ai pas eu de quoi nourrir une nostalgie de l'enfance. Je me souviens des punitions infligées par la religieuse à l'orphelinat pour mes lectures la nuit sous la couverture à la lueur de la lampe de poche. J'avais neuf ans. Je recommençais néanmoins et la poésie devint une échappée irremplaçable. Comme Gérard de Nerval, j'ai voyagé vers l'Orient, l'Égypte, la Turquie, les caravansérails au fil de la route de la Soie puis l'Afghanistan et quelques terres en feu. J'ai connu la mélancolie qui mène à la création, entre tristesse et énergie vitale. Je me suis promené sur les pas du poète à Paris, autour des phalanstères où, avec d'autres écrivains, il goûtait aux charmes du club des Haschichins en déclamant des vers. Il a été de ces boussoles qui vous guident pour découvrir votre vérité d'homme. «La nuit sera noire et blanche.» Par-delà les siècles et les ténèbres, il m'a indiqué la lumière. O. W.
Le grand reporter et écrivain nous convie à un voyage en « Nervalie ». D’aucuns auraient pu songer qu’il nous inviterait en « Kesselie » ou en « Garylie » mais c’est avec ce « souffleur de vers » que l’invitation prend forme puisque la poésie de Gérard de Nerval a accompagné Olivier Weber depuis son enfance pour lui permettre de s’évader de l’orphelinat où les punitions avaient remplacé les rêves. Véritable boussole pour ses futurs déplacements en Orient, en Afghanistan, par monts et par vaux, Gérard de Nerval a été son maître et, parfois, son double dans la mélancolie des vagabondages.
Gérard de Nerval ne le quitte pas, même en traversant les frontières clandestinement, un recueil dans la poche en guise de visa. Comme une bonne étoile la poésie va servir de pare-chocs contre la mitraille, être un morceau de paradis dans certaines descentes en enfer, la voix d’un fantôme pour le guider dans les ruines de l’humanité. La poésie de Nerval versus les idéologies sanglantes. Pour Olivier Weber « la poésie apprend à espérer » tandis que « l’idéologie apprend à mentir », un viatique contre un fardeau.
La lecture de ce texte pourrait être vertigineuse puisque l’idée de ce livre est née dans l’esprit d’Olivier Weber lorsqu’il escaladait les pentes du glacier du Lhotse dans l’Himalaya, prendre de la hauteur pour souffler la démarche nervalienne. Bien plus qu’un hommage à celui qui sombrera dans la folie, c’est une déclamation d’une vie éternelle sur les pentes de l’existence humaine, rendre vivant ce qui ne l’est plus pour en tirer une force intérieure.
Le parcours de Gérard de Nerval s’apparente à une psyché pour l’écrivain, et, chacun pourra y puiser des forces, être des Sisyphe sur les parois du monde pour diffuser la poésie, la beauté, sur les duretés et laideurs ambiantes.
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