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Dans l'Irlande rurale des années 1940, un jeune garçon de seize ans vit avec son père et ses deux jeunes soeurs. La mère est décédée. Mahoney, le père, est un être fruste et violent. Pour le fils, tenaillé par la culpabilité et les élans d'une sexualité sans cesse en butte au puritanisme ambiant, les études vont constituer la seule échappatoire.
Au-delà de la relation complexe qui réunit et oppose le fils et le père, McGahern évoque les ambiguïtés douloureuses d'une personnalité en formation. D'un réalisme parfois cru, d'où cependant la tendresse n'est pas exclue, ce roman d'apprentissage, simple et direct, tire sa force et sa densité de son ironie tragique, caractéristique du maître irlandais.
Paru en Irlande en 1965, L'Obscur (The Dark) fut l'objet d'un énorme scandale. Son auteur, alors enseignant, fut mis à pied, et s'exila d'abord en France, puis en Espagne, en Angleterre et enfin aux États- Unis. À l'image de la trilogie des Filles de la campagne, qui valut à Edna O'Brien, un sort comparable, L'Obscur est aujourd'hui enseigné dans les écoles irlandaises comme un symbole de la libération des moeurs et de l'affranchissement de la morale catholique.
Paru en Irlande en 1965, « L'Obscur » fut censuré en raison de scènes jugées pornographiques et incestueuses. Pis, son auteur fut licencié de son poste d'enseignant et contraint à l'exil en Angleterre.
Publié pour la première fois en français par les Presses de la Renaissance, il était épuisé.
L'an dernier, Sabine Wespieser, amatrice de littérature irlandaise, l'a réédité.
C'est donc dans l'Irlande des années 1940 que grandit le garçon, personnage principal de « L'Obscur », aux côtés d'un père veuf et d'une ribambelle de frères et sœurs. Étouffé par un patriarche violent et lunatique, il ne supporte plus les attouchements de celui avec lequel il partage la chambre. Pour oublier ces assauts, il nourrit son quotidien de fantasmes dans lesquelles de jeunes femmes plantureuses apparaissent et il pratique allégrement l'onanisme, un péché dans ce pays catholique qu'est l'Irlande.
Doué pour les études, le garçon a des rêves : devenir prêtre ou étudier à l'université... Mais dès que ses aspirations sont sur le point d'être réalisées, il hésite, tergiverse, ne se sent pas à la hauteur de l'enjeu, se considère comme illégitime.
Le garçon n'a pas confiance en lui. Ce manque d'assurance est lié à ses origines modestes qui lui offrent peu d'espoir d'ascension sociale.
Ce constat très bourdieusien (je ne pense pas que John McGahern ait pourtant lu « Les Héritiers » publié en 1964 !) se double d'une grande finesse dans l'analyse psychologique du personnage principal assailli par les désillusions et les déceptions.
Avec l'auteur, rien n'est tout noir ni tout blanc. Même le père, monstre de cruauté au début du récit, finit par attirer la compassion.
http://papivore.net/litterature-anglophone/critique-lobscur-john-mcgahern-sabine-wespieser/
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