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Depuis l'enfance, une femme avance, se perd, se métamorphose jusqu'à la disparition, ses pieds dans le sable, ses cheveux au soleil, ses mains ouvertes, son corps fatigué. L'intimité de sa chambre abandonnée explose de mystère et révèle à voix basse l'histoire de ses joies et de ses douleurs.
En un réseau serré d'échos poétiques, Anne Martine Parent intrique silhouettes et fantômes, constellations, forêts, villes de sable et plages en ruines. Les peaux raccommodées de feuilles mortes, les corps féminins trahis et disloqués, qui se défont et se recomposent, deviennent autant de lieux de réparation, d'horizons fulgurants qu'on échafaude en retenant son souffle.
Cercle infini des mansuétudes, les miscellanées lèvent le voile. L’écoute spéculative, marée-basse et l’aurore en advenir. Une chambre, arrêt sur image. L’immobilité comme un passage. L’écluse attentive au moindre mouvement. « L’horizon par hasard », dire ainsi, l’abandon du visible. La noria des profondeurs qui accordent la pureté du cristal aux fragments.
« Verticales », « Villes de sable », « Silhouettes et fantômes », « Avant de disparaître », »Effacements », macrocosme, « infatigables, debout plantées, pluie et soleil mêlés, on ne touche jamais le fond de l’enfance ». « On pense à la peur, et nos pieds restent au chaud, nos petits corps gardés au soleil ».
Les saisons comme des perles de pluie, doigt glissant sur la vitre givrée. Le regard qui retient les sensations comme des mirages. Écrire ainsi l’essentiel et le brûlant. La minute même où le fragment sera à l’instar des heures et des heures d’une littérature qui nous fera vaciller. Tant de génie, « le souffle coupé on construit l’horizon en rampant ». Essentiel et fulgurant, « L’horizon par hasard » est la certitude de s’émanciper. Affronter nos propres vertiges par la porte la plus divine, la plus magnétique. Pas à pas, atteindre « chaque jour en retrait de ce qui en nous sourit ».L’horizon, quête et paysage, pain blanc pour un lendemain meilleur. Les philosophies brassent la terre à pleine main. Matrices qui coopèrent au salvateur. Le brouillard comme une écharpe autour du cou, les morceaux d’architecture, « parfois une ville de sable prend vie ».
Les matins fissurés qui dévoilent les écorchures. Les échappées comme des nouveaux points de départ, « nous cueillons les étoiles et les éclipses, nos mains de lucioles, ont chassé la mélancolie, un monde en sursis ».
Anne Martine Parent, sa voix comme un écho, un halo vénérable. Ses pensées, femme-solitude, ressacs et l’inépuisable quête. « Les mouettes peuvent rêver, mes yeux ouverts, mes cheveux naufragés ».
Femmes, sœurs, et mères, le canevas lent et puissant, sublime, ici, l’horizon est à portée de vue. Une belle perspective, « mon corps irrévocable, l’intime des constellations, je renais sous le regard des statues ».
Initiatique, magistral, un livre pour demain . Le deuxième roman d’une autrice de renom après l’inoubliable : « Je ne suis pas celle que vous croyez » publié en 2006, également par les majeures Éditions La Peuplade.
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